Recommandations du coroner après le décès de Jeanette Zacarias Zapata: une excellente nouvelle pour les boxeurs québécois, affirment des experts

Jessica Lapinski
Des neuropsychologues sont d’avis que les recommandations émises par le coroner, mardi, à la suite du décès de la boxeuse Jeanette Zacarias Zapata, constituent une excellente nouvelle pour les athlètes qui pratiquent cette discipline au Québec.
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«On aurait pu se rendre compte en neuropsychologie que le cerveau [de Zapata] marchait au ralenti, ce qui la rendait extrêmement vulnérable à subir un K.-O.», affirme le Dr Louis de Beaumont, neuropsychologue clinicien et chercheur au Centre de recherche de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal.
La Mexicaine de 18 ans est décédée cinq jours après avoir livré un combat contre Marie-Pier Houle, le 28 août 2021. Durant l’affrontement, elle avait subi un K.-O. au quatrième round.

Deux ans après sa mort, le coroner Jacques Ramsay a notamment recommandé que la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) rende obligatoires des tests neuropsychologiques, qui pourront éventuellement servir de comparaison avec les tests subséquents si l’athlète est victime d’un K.-O. cérébral.
L’un des seuls moyens
Consulté par le Dr Ramsay dans les derniers mois, le Dr Dave Ellemberg estime pour sa part qu’une «évaluation neuropsychologique complète est l’un des seuls moyens d’aller voir s’il y a des problèmes» avec le cerveau, puisqu’un scan cérébral ne détecte pas certains dommages.
Ces tests, qui durent entre quatre et six heures, pourraient se faire «chaque fois qu’un [boxeur] est dans une situation où l’on a des doutes sur son état de santé», explique celui qui est professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal.
Ils évaluent «la mémoire, les capacités cognitives, d’exécutions, d’inhibition et de planification sous différents angles», notamment.

Le Dr de Beaumont se réjouit aussi que le coroner souhaite aller plus loin que les questionnaires comme celui que Zapata avait dû remplir avant son combat fatidique.
«Un questionnaire auto-rapporté, est-ce qu’on peut vraiment se fier à ça, même chez les professionnels?» se questionne-t-il.
«Au football, par exemple, où les athlètes sont multimillionnaires, certains ne veulent pas perdre leur place dans l’équipe, poursuit le docteur. Alors imaginez-vous quand les boxeurs viennent d’un pays en voie de développement. [...] Les quelques milliers de dollars qu’ils touchent constituent une très grosse somme d’argent.»
Plus que 60 jours
Louis de Beaumont plaide aussi pour que la fréquence entre les combats soit plus éloignée.
Zapata, qui avait subi un K.-O. à son précédent combat, avait été tenue loin du ring pendant 60 jours, comme le veut le règlement de la commission de boxe de l’État d’Aguascalientes, au Mexique.
«Soixante jours, ça m’apparaît bien peu, surtout que les effets d’une commotion cérébrale peuvent durer au moins trois mois», précise-t-il.
– Avec la collaboration de Valérie Gonthier