Recommandations de la commission spéciale sur les écrans: pas de réseaux sociaux avant 14 ans

Daphnée Dion-Viens
La commission spéciale sur l’impact des écrans a rendu son verdict. Le rapport final présenté jeudi mise beaucoup sur la sensibilisation et la prévention auprès des jeunes et de leurs parents tout en proposant des pistes de solutions à définir, qui s’ajoutent à l’interdiction complète du cellulaire à l’école annoncée récemment par Québec. Reste à voir si la réponse du gouvernement Legault sera à la hauteur des attentes des élus, qui espèrent maintenant une «réelle prise de conscience collective».
Pas de réseaux sociaux avant 14 ans
La commission recommande d’interdire l’utilisation des réseaux sociaux pour les jeunes de moins de 14 ans sans l’autorisation de leurs parents. Cette limite a été retenue puisqu’à cet âge, des jeunes peuvent prendre des décisions de façon autonome dans différentes sphères de leur vie, fait-on valoir.
Or les conditions d’utilisation de Facebook et d’Instagram prévoient déjà qu’il faut avoir au moins 14 ans pour se créer un compte, une règle qui est en réalité contournée par plusieurs jeunes.
Les élus sont bien conscients du «défi d’application» de cette recommandation et des travaux devront être réalisés afin de trouver «la meilleure solution possible» pour y arriver, indique la présidente de la commission, Amélie Dionne.
Le député solidaire Alexandre Leduc a tout de même tenu à souligner la portée d’une telle recommandation, particulièrement auprès des parents. «Ça envoie un signal de santé publique que c’est ça qui devrait être la norme», a-t-il affirmé.
La pédale douce sur les écrans à l’école
Les écrans «bonbons» ne devraient pas avoir leur place à l’école, tranche la commission. Finis, les films au service de garde ou la tablette comme récompense en classe le vendredi après-midi. «À l'école, les outils numériques devraient être réservés aux usages pédagogiques», résume le député libéral Enrico Ciccone.
Les écoles devront plutôt favoriser l’activité physique et les jeux entre amis, tout en privilégiant un «équilibre» entre les méthodes traditionnelles et numériques en classe.
Les programmes de sports électroniques, offerts dans certaines écoles, devraient aussi être mieux encadrés, selon la commission. Le ministère de l’Éducation est invité à suivre de plus près leur mise en œuvre alors que davantage de mesures de prévention devraient y être intégrées, indiquent les élus.
Aucun resserrement dans les garderies ou en maternelle n’a toutefois été proposé, puisqu’il est plus pertinent de s’assurer que les règles déjà en place soient respectées, a expliqué la députée caquiste Amélie Dionne.
Encadrer le contenu : porno, pub et influenceurs dans la mire
Davantage de mesures devraient aussi être instaurées pour encadrer la publicité auprès des mineurs, notamment celle faite via des influenceurs. La Loi sur la protection du consommateur pourrait être dépoussiérée afin de mieux baliser le «marketing d’influence», qui pousse de jeunes filles de 11 ou 12 ans à utiliser des crèmes antirides, a déploré la présidente de la commission.
Le gouvernement devrait par ailleurs imposer aux plateformes de pornographie des mécanismes de vérification d’âge fiables pour protéger les jeunes à l’exposition précoce de contenu sexuellement explicite, a affirmé le député péquiste Pascal Bérubé.
Des balises pour les jeux vidéo
Dans les jeux vidéo s’adressant aux mineurs, les élus recommandent d’interdire les transactions et les «loot box», ces lots mystères d’objets virtuels qui peuvent être gagnés ou achetés avec de l’argent réel. Lors de visites dans des écoles, un jeune de 14 ans a notamment raconté qu’il avait dépensé 4000$ en deux ans sur le jeu Fortnite.
Une classification des réseaux sociaux et des jeux vidéo selon l’âge devrait aussi être élaborée, sur le modèle de ce qui se fait présentement pour le cinéma, afin d’identifier les plateformes qui contiennent des mécanismes inappropriés pour les mineurs.
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