Réchauffement des océans: quand les poulpes prennent la place des crabes

AFP
Un pêcheur britannique, Brian Tapper, a remarqué des variations inhabituelles dans ses 1200 casiers à crabes ces derniers mois dans les eaux au large du sud-ouest de l'Angleterre, un phénomène expliqué par le réchauffement progressif des températures marines.
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Les prises de crabes ont chuté drastiquement en mars et avril, ses casiers étant quasi-vides. En mai, ils se sont remplis de poulpes avant de redevenir largement vides le mois dernier.
Les experts attribuent cette situation au réchauffement persistant des eaux marines, favorable au développement des poulpes qui affectionnent les températures élevées.

Ce phénomène s'inscrit dans une tendance observée mondialement, où la teneur en chaleur des océans a augmenté régulièrement de 15 à 20 zettajoules au cours des cinq dernières années.
Le phénomène est observé le long de la côte du Devon et du sud des Cornouailles au Royaume-Uni, où une prolifération de poulpes, sans précédent dans les eaux britanniques, bouleverse le secteur de la pêche.
Ces mollusques à tentacules sont notoirement voraces, engloutissant des crustacés comme les crabes et les coquillages.
L'épouse de Brian Tapper a déjà fermé son usine de transformation de crabes sur le quai en raison de la diminution des prises. Et lui doute de parvenir à maintenir son activité à flot.
«C'est comme un véritable ouragan pour nous», dit Brian Tapper à l'AFP sur le port de Plymouth, où ses trois bateaux de pêche au crabe sont à l'arrêt.
Cet homme de 53 ans estime que sa prise a diminué de moitié. Sans une reprise, elle va baisser des quatre cinquièmes d'ici fin 2025, s'inquiète-t-il.
Un réchauffement de la mer depuis un an et demi dans la région et au-delà est tenu pour responsable de la prolifération des poulpes, qui affectionnent les eaux chaudes.
Les experts du climat soulignent que les activités humaines, comme la combustion des énergies fossiles qui libère du carbone, joue un rôle essentiel dans la hausse de la température des océans.
«Je pêche ici depuis 39 ans et je n'ai jamais vu des poulpes comme ça», déplore Brian Tapper. «Je n'ai jamais vu un changement instantané comme celui-ci. C'est si rapide (...). Le crabe ne reviendra pas avant que j'arrête de travailler», craint-il.
Des responsables locaux et nationaux ont commandé une étude sur la situation. Un premier rapport doit être publié en octobre.