Rapport Pelchat-Rousseau sur la laïcité: la fin des signes religieux dans les CPE?

Un comité d’experts mis sur pied par Québec recommande d’interdire les signes religieux dans les CPE et les garderies subventionnées, en plus d’abolir le financement étatique des écoles privées religieuses. La prière de rue, elle, serait encadrée par les municipalités. 

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Christiane Pelchat et Guillaume Rousseau ont dévoilé mardi leurs 50 recommandations visant à renforcer la laïcité au Québec.

Parmi celles-ci, ils proposent d’étendre l’interdiction des signes religieux au personnel des centres de la petite enfance et des garderies subventionnées, comme c’est déjà le cas pour les enseignants et les employés de l’État en position d’autorité.

Les éducatrices et autres membres du personnel devraient également garder le visage découvert en tout temps.

«On se rend compte que le climat de religiosité qui règne dans beaucoup de CPE est tel qu’il faut élargir l’application de la loi», a commenté Christiane Pelchat, ex-présidente du Conseil du statut de la femme.

De plus, les services de garde sont subventionnés par l’État et doivent implanter un programme pédagogique, fait-elle remarquer.

Le rapport prévoit toutefois une clause de droit acquis pour les employés déjà en poste, afin notamment d’éviter un exode du personnel.

Prière de rue

Sur la prière de rue, que le premier ministre François Legault souhaitait interdire en décembre dernier, le comité recommande plutôt un encadrement au niveau municipal.

«Les municipalités ont des contextes différents. Le centre-ville de Montréal où il y a un groupe religieux qui, chaque semaine, fait une manifestation, ce n’est pas la même chose qu’une manifestation religieuse dans un village de Mauricie une fois par année», souligne Guillaume Rousseau, professeur à la Faculté de droit de l’Université de Sherbrooke.

D’ailleurs, des Villes comme Montréal ont déjà les outils pour interdire les manifestations propalestiennes qui se terminent par des prières de rue, fait remarquer Christiane Pelchat.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Fin des subventions

Les coprésidents recommandent également de mettre fin de façon progressive aux avantages fiscaux et aux subventions accordés aux organismes religieux ainsi qu’au financement étatique des écoles privées religieuses.

Jusqu’ici, François Legault s’est opposé à définancer les écoles privées religieuses, plaidant que cela nuirait à des institutions qui appliquent le programme scolaire.

Le comité d’experts propose également la mise sur pied d’une sorte de commissaire à la laïcité, un peu à l’image de celui nommé pour surveiller l’évolution de la langue française au Québec.

Dérives

Au cours de leurs travaux, les deux experts ont été informés de plusieurs cas où la religion est venue interférer avec le caractère laïc de la société québécoise (voir encadré).

Christiane Pelchat et Guillaume Rousseau mettent en garde contre un risque de dérives, notamment pour le respect de l’égalité hommes-femmes.

Des professeurs de cégep rapportent que des étudiants réclament de séparer les garçons et les filles lors des travaux de groupes, note entre autres Mme Pelchat.

Guillaume Rousseau, lui, s’inquiète d’entendre des témoignages de jeûne chez les enfants d’âge scolaire.

Le rapport souligne qu’un enseignant a le devoir de contacter la DPJ si un enfant se présente de manière répétée à l’école sans repas. Or, ce n’est pas le cas lorsque ça survient pour des motifs religieux.

Quelques constats des experts

• De plus en plus d’enfants jeûnent à l’école durant le ramadan
• Au cégep, des professeurs doivent enseigner à des étudiantes au visage couvert
• Le grand nombre d’absents lors de congés religieux crée des conflits d’horaire
• Des enfants sont retirés des classes lors des cours de sexualité
• Certains professeurs s’autocensurent, en évitant par exemple de projeter le film C.R.A.Z.Y, qui traite de l’homosexualité
• Selon le comité, la SAAQ a permis aux hommes de refuser d’être servis par une femme
• Un CPE sert uniquement de la nourriture halal
• La pression est forte, dans les cégeps et les universités, pour convertir des locaux en salles de prières