Raid contre son ambassade à Quito: le Mexique dépose une plainte contre l'Équateur devant la CIJ

AFP
Le Mexique a présenté jeudi une plainte contre l'Équateur devant la Cour internationale de justice (CIJ), après le raid policier contre son ambassade à Quito qui a provoqué la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays et un tollé international.
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Le Mexique demande devant la plus haute juridiction des Nations unies la suspension de l'Équateur en tant que membre de l'ONU «jusqu'à ce qu'il présente des excuses publiques, reconnaissant les violations des principes et normes fondamentales du droit international», a déclaré lors d'une conférence de presse la ministre mexicaine des Affaires étrangères, Alicia Barcena.
Elle a ajouté que l'objectif était de «garantir la réparation du préjudice moral infligé à l'État mexicain et à ses ressortissants».
Des policiers se sont introduits vendredi dernier dans l'ambassade du Mexique à Quito pour y arrêter l'ancien vice-président équatorien accusé de corruption, Jorge Glas, qui s'y était réfugié.
Le Mexique a immédiatement annoncé la rupture des relations diplomatiques avec l'Équateur et dit dans la foulée son intention de faire valoir devant la CIJ le caractère inviolable des représentations diplomatiques établi par la Convention de Vienne de 1961.
«C'est avec une grande fierté que nous déposons aujourd'hui une plainte devant la Cour internationale de justice (...). Il ne fait aucun doute que l'Équateur a violé la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques», a estimé pour sa part Alejandro Celorio, conseiller juridique du ministère des Affaires étrangères, lors de la conférence de presse.
Le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador a quant à lui déclaré, lors de la même conférence de presse, que l'objectif était d'éviter qu'un acte similaire ne se reproduise dans d'autres pays.
«Que cela ne se répète dans aucun pays du monde, que le droit international soit garanti, que les enceintes, les ambassades des pays de n'importe quelle nation ne soient pas violés», a-t-il déclaré.
«Grève de la faim»
Accusé d'avoir détourné des fonds publics destinés à la reconstruction de villes côtières après un séisme en 2016, M. Glas s'était réfugié en décembre 2023 dans l'ambassade du Mexique à Quito, avant d'y recevoir l'asile politique.
Quito, qui s'est dit lundi disposé à «rétablir ses relations» avec le Mexique à condition que sa «souveraineté» soit «respectée», a estimé que l'asile politique accordé à M. Glas était «illicite».
Ce dernier, proche de l'ancien président Rafael Correa, a été conduit lundi à l'hôpital naval de Guayaquil, dans le sud-ouest de l'Équateur, en raison d'«un possible malaise» après avoir refusé de s'alimenter en prison pendant 24 heures. Le lendemain, il a regagné la prison de haute sécurité de Guayaquil.
M. Correa a affirmé mercredi que Jorge Glas, 54 ans, était en grève de la faim. «Il n'a rien mangé et fait une grève de la faim», a assuré sur X l'ancien dirigeant socialiste (2007-2017). «Nous avons confirmé que l'urgence médicale (de lundi, ndlr) était une tentative de suicide», a-t-il ajouté.
L'Allemagne a fait savoir jeudi qu'elle tentait de contacter l'ancien vice-président équatorien, qui possède la citoyenneté des deux pays. «Nous essayons d'établir un contact direct avec lui par l'intermédiaire des autorités équatoriennes», a déclaré une source au ministère allemand des Affaires étrangères. Les autorités allemandes suivent l'affaire «de très près», selon la même source.
Jorge Glas avait été condamné en 2017 à huit ans de prison pour avoir participé au système de corruption de l'entreprise de construction brésilienne Odebrecht et libéré en 2022 grâce à un recours en justice.
Le raid policier dans l'ambassade du Mexique a été condamné par les gouvernements de gauche d'Amérique latine, du Brésil au Venezuela, en passant par le Chili, mais aussi par l'Argentine du président ultralibéral Javier Milei, ainsi que par l'Organisation des États américains, l'Union européenne, l'Espagne et les États-Unis.