Que choisir: travailler ou rester à la maison pour garder son enfant?

Un couple se demande s’il serait plus avantageux financièrement que l’un des deux reste à la maison pour prendre soin de leur fils.

Un couple qui gagne 100 000$ par an pèse le pour et le contre: devrait-il laisser leur bambin de quatre ans à la garderie, ou bien serait-il plus rentable que l’un des deux quitte son emploi et reste à la maison pour s’en occuper? «Mon revenu est d’environ 30 000$. Avec les allocations pour enfant qui vont augmenter et le crédit d’impôt pour personne à charge, on se demande si cela ferait une si grosse différence au bout du compte si je ne travaille pas», s’interroge Annie, la mère d’un jeune enfant.

Moins d’impôt à payer

Le planificateur financier indépendant, conseiller en sécurité financière et représentant en épargne collective, rattaché à Services en placements PEAK, Hadi Ajab, s’est penché sur la question. «La réponse n’est pas si évidente, mais il est rare que les deux situations soient équivalentes sur le plan de l’argent disponible pour le couple», dit-il.

Du côté des avantages fiscaux, il indique que tous les contribuables ont droit à un montant personnel de base qui s’élève à 16 129$ au fédéral et à 18 571$ au provincial en 2025. Tout revenu au-dessus de ces paliers sera imposé. «Si le couple travaille, chacun a droit à cette déduction. Mais si un seul des deux est sur le marché du travail, il pourra aussi réclamer le montant de base du conjoint qui n’est pas en emploi, ce qui réduira sa facture fiscale», explique-t-il.

Le planificateur a calculé qu’avec un revenu familial de 100 000$, réparti à 70k/30k entre les conjoints et en supposant qu’il n’y ait aucune déduction du revenu imposable comme un REER ou fonds de pension, l’impôt serait de 19 756$ au total pour les deux paliers de gouvernement. Avec un seul revenu de 70 000$, on tombe à 11 434$, incluant le crédit pour montant de base du conjoint qui ne travaille pas. «Il y aura donc 8300$ de moins en impôt à verser. Cela dit, les impôts à payer sur un salaire de 30 000$ sans aucune déduction ne sont pas très élevés, soit 3 337$ en 2025, et il restera donc 26 663$ dans les poches d’Annie», précise-t-il.

Allocations et crédits pour frais de garde

Les allocations pour enfant versées par le fédéral et les allocations famille du Québec sont calculées sur la base du revenu net familial. Si Annie cesse de travailler, les allocations seront donc augmentées.

Concernant les crédits pour services de garde, Hadi Ajab remarque que si l’enfant ne va plus à la garderie, la famille ne pourra plus en bénéficier. Cependant, ne pas avoir à payer de frais de garderie fera en sorte qu’il en restera davantage dans leurs poches que ce que le crédit pour frais de garde pourrait leur rapporter.

Le planificateur a évalué qu’avec des revenus nets de 100 000$, l’Allocation famille du Québec serait de 1615$ et l’Allocation canadienne pour enfants de 3918$, soit un total de 5 533$ par année. Avec des revenus nets de 70 000$, les montants seraient respectivement de 2760$ et 5305$, pour un total de 8065$. Avec un seul salaire, les économies globales seraient donc d’environ 10 800$, incluant les allocations et les économies d’impôt.

Pas qu’une question d’argent

Mais l’argent n’est pas tout, fait valoir Hadi Ajab. «Si Annie ne travaille pas, elle ne contribuera pas à son RRQ. Même si Retraite Québec peut soustraire jusqu’à sept ans du relevé de participation, la mère de famille pourrait recevoir une rente de RRQ moindre que si elle était restée en emploi», constate-t-il.

Autre élément à considérer: sans revenus, elle n’accumulera pas non plus de droits REER, ce qui pourrait la pénaliser sur le plan de l’épargne.

Enfin, quitter le marché du travail pendant quelques années pourrait aussi nuire à son avancement professionnel. Le couple devrait donc soigneusement évaluer les avantages et les inconvénients à court, mais aussi à long terme.

CONSEILS

• Avant de prendre une décision, demandez à votre comptable de faire une simulation avec un revenu en moins.
• En ne vivant qu’avec un seul salaire, la gestion serrée du budget et la création d’un fonds d’urgence revêtent une importance encore plus cruciale. Il faudra aussi s’attendre à faire quelques sacrifices.
• Le gouvernement fédéral prévoit de réduire son taux d’imposition de 1%. Cela permettrait au couple, même si les deux conjoints travaillent, de réduire encore davantage leur facture fiscale.