Qui veut prendre un TGV pour aller à Toronto en trois heures ?
Ce n’est pas la première fois qu’un train à grande vitesse est évoqué entre le Québec et l’Ontario

Guillaume St-Pierre – analyse
OTTAWA | La vieille idée jamais concrétisée d’un TGV canadien refait surface juste à temps pour des élections fédérales, mais cette fois, c’est du sérieux, promet le premier ministre démissionnaire Justin Trudeau.
Le projet, quoiqu’alléchant, n’a en effet rien de nouveau.
Un TGV est évoqué depuis les années 1970, parfois vers New York, mais la plupart du temps entre le Québec et l’Ontario.
« Le projet de construction d’une ligne de train à grande vitesse [TGV] reliant Québec-Montréal-Ottawa-Toronto-Windsor--- soulève de plus en plus d’intérêt au Canada où une étude de faisabilité générale est menée par VIA Rail », pouvait-on lire dans les journaux en... 1988.

Trente-sept ans plus tard, non seulement le TGV n’a jamais vu le jour, mais la fiabilité du transport ferroviaire au pays avec VIA Rail est une vraie honte nationale.
Avant la retraite
Il faut donc prendre avec un grain de sel et beaucoup de conditionnel le projet annoncé hier par le gouvernement libéral qui pourrait être défait dans quelques semaines dans des élections fédérales générales.
Le Parti conservateur de Pierre Poilievre, qui refuse de s’engager à poursuivre le travail, note l’ironie que l’annonce ait été faite par deux élus qui sont à la veille de prendre leur retraite politique.

Justin Trudeau quittera son poste dans 18 jours et la ministre des Transports Anita Anand ne se représentera pas. Le possible futur chef libéral Mark Carney, lui, promet d’aller de l’avant avec l’idée.
Quant au grand patron du projet et PDG d’Alto TGV, Martin Imbleau, il s’est fait connaître récemment pour ses dépenses luxueuses lorsqu’il dirigeait le port de Montréal.
Confiance
On ne peut pas dire non plus que le consortium choisi inspire confiance. Bien que prometteur, le REM de la Caisse de dépôt multiplie les ratés. Même chose pour le tramway de SNC-Lavalin à Ottawa, aussi fiable qu’une connexion wi-fi sur un train de VIA Rail. connaît peu de choses de ce projet de TGV. Combien coûtera-t-il exactement et quand aura lieu la première pelletée de terre ? On sait seulement que réfléchir aux prochaines étapes prendra quatre ou cinq ans et coûtera 4 milliards $. Des experts évoquent un prix total d’entre 100 et 200 G$.

En théorie, un TGV qui fait Montréal-Toronto en trois heures ou Montréal-Québec en 1 h 30 min est un excellent investissement pour stimuler le tourisme, la productivité et l’économie.
Espérons que ce projet entre éventuellement en gare, car cela commence à faire cher pour pelleter des nuages.
