Face-à-Face: chacun a parlé à son monde

Pour de nombreux électeurs, le Face-à-Face TVA marque le début de la vraie campagne. À preuve, selon le dernier sondage Léger-Le Journal, 34% des répondants disaient qu’il pourrait même les faire changer d’allégeance.  

Pour les chefs d’opposition, éclipsés par la CAQ et François Legault depuis le début de la pandémie, c'est donc la chance, en direct, d’exister enfin devant l’électorat. Pas le choix. Il leur fallait jouer le tout pour le tout.

Leur malchance, par contre, est de se retrouver prisonniers d’une opposition fragmentée en quatre partis. Du jamais-vu. Devant un premier ministre sortant jouissant de l’appui de quatre électeurs sur dix, le dur combat qu’ils doivent aussi se livrer entre eux dilapide encore plus leur force de frappe politique. 

Le débat d’hier n’a pas fait exception. Auprès de leur propre électorat, chacun des quatre chefs d’opposition aura très bien su tirer son épingle du jeu. Or, le résultat, c'est qu’aucun n'a réussi à émerger comme celle ou celui qui, d’ici le 3 octobre, pourrait fédérer le vote non caquiste.

Dominique Anglade 

Boudée par 90% de l’électorat francophone – une catastrophe pour le PLQ – et plombée par une campagne désorganisée, Dominique Anglade n’avait rien à perdre. 

D’un ton posé et déterminé, elle s’est montrée capable de bien expliquer sa vision. Laquelle, jusqu’ici, était plutôt floue. La cheffe libérale pourrait réussir à sauver les meubles de l’opposition officielle. 

• Écoutez en balado le Face-à-Face des chefs 2022 qui était diffusé en direct à la radio via QUB radio: 

Gabriel Nadeau-Dubois 

Sur tous les plans – progressisme, écologie, diversité, protection du public en santé, etc. –, il a joué à fond sa carte maîtresse, soit en étant l'antithèse parfaite de François Legault.

Rêvant de déloger le PLQ de l’opposition officielle, il n’a pas hésité non plus à se colleter avec la cheffe libérale.

Paul St-Pierre Plamondon 

Pour le chef du Parti Québécois, c’est mission accomplie. Les électeurs ont pu le découvrir. D’un calme olympien, son plaidoyer pour la survie de son parti au nom de l’indépendance était également senti. Son vrai problème est qu’à 11% d’appuis, son appel lancé aux souverainistes séduits par la CAQ risque d’arriver trop tard.

Éric Duhaime

Cherchant à séduire les électeurs de droite déçus de la CAQ, le chef du Parti conservateur a affronté François Legault sans hésitation. Ses attaques répétées contre le chef de la CAQ sur la gestion de la pandémie plairont à sa base, mais l’empêcheront de l’élargir.

François Legault 

Confiant à l'idée de remporter une forte majorité de sièges le 3 octobre prochain, il s’est surtout assuré de ne pas dévier de son message central: «Continuons». Prudent aussi pour éviter une déclaration malhabile, dont il a parfois le secret. Particulièrement sur l’immigration. Ses attaques sur les «taxes orange» de QS ont aussi fait mouche. 

Et sur le fond des choses? Pour chaque thème, dont l’inflation, la santé, l’environnement et l’éducation, les électeurs ont eu droit à cinq visions de société très distinctes. 

Sur la santé, par contre, la pensée magique dominait trop souvent pendant que le réseau, du berceau au tombeau, craque littéralement de partout. 

Alors que des élus et des journalistes se font menacer, harceler et intimider jour après jour, il faut aussi souligner le respect avec lequel, la plupart du temps, les cinq chefs ont su débattre. 

Bref, à moins d’un revirement spectaculaire d’ici le soir du 3 octobre, paradoxalement, les forces respectives des quatre chefs d’opposition sont si distinctes que face à la CAQ, aucun ne réussit vraiment à fédérer les électeurs non caquistes.

Ma notation pour les 5 chefs:

• François Legault: 7
• Dominique Anglade: 7
• Gabriel Nadeau-Dubois: 7
• Paul St-Pierre Plamondon: 7
• Éric Duhaime: 7