Qui ment? L’heure juste sur les déclarations des chefs lors du débat de Radio-Canada
Charles Mathieu, Yves Levesque, Philippe Langlois, Nicolas Brasseur, Éric Yvan Lemay et Ian Gemme
En direct pendant le Débat des chefs 2025 sur les ondes de Radio-Canada, les recherchistes de notre Bureau d’enquête vérifient les déclarations des candidats. Qui dit vrai, qui dit faux? Quelles affirmations méritent davantage de précisions ou de contexte? Restez avec nous toute la soirée pour avoir l’heure juste.
19h50: Non, Poilievre ne veut pas éliminer Radio-Canada

L’énoncé
Au sujet des francophones en recul à l'extérieur de la province, le premier ministre Carney a affirmé:
«On va renforcer, si je peux dire, ici, à Radio-Canada/CBC avec une nouvelle gouvernance et beaucoup d'argent. M. Poilièvre veut éliminer», affirme le premier ministre.
Les faits
M. Carney a tort de dire que le chef conservateur souhaite éliminer Radio-Canada. S’il est vrai que le désir de Pierre Poilievre de couper dans CBC est bien connu depuis plusieurs années, il a admis à de nombreuses reprises vouloir conserver le volet francophone de la chaîne publique canadienne.
En effet, ce dernier reconnaît l’apport de Radio-Canada dans la culture francophone au sein d’un pays majoritairement anglophone.
Rappelons que M. Poilievre a lui-même été élevé par des parents fransaskois.Les faits
19h03: Poilievre a raison sur la construction d'un pipeline au Québec

L'énoncé
Pierre Poilievre a laissé entendre que les Québécois étaient d’accord avec la construction de nouveaux pipelines au Canada. «La majorité des Québécois veulent un pipeline», a-t-il dit.
Les faits
Un sondage SOM effectué par La Presse le 13 février dernier indique que les Québécois, à 61%, veulent faire renaître le projet de Gazoduc GNL Québec. Cependant, les Québécois semblaient contre les pipelines avant la guerre des tarifs initiée par Trump. En 2021, 52% des Québécois étaient contre le pipeline, selon un sondage de Léger fait pour le compte d’une coalition d’organismes gouvernementaux à l’époque.
19h00: M. Carney, le Québec paye plus cher son essence

L’énoncé
Questionné à savoir si la taxe carbone était une injustice pour le Québec, le chef du Parti libéral Mark Carney a évoqué que la province était un pionnier pour le marché du carbone.
«Les Canadiens, le Québec et la Colombie-Britannique ont payé la taxe carbone. Et par conséquent, ils reçoivent le rabais et tous les Canadiens, y compris les Québécois, vont recevoir la réduction des impôts pour la classe moyenne», a-t-il expliqué.
Les faits
Les propos de M. Carney ne sont vraiment pas clairs. Non, le Québec n’a pas reçu de rabais pour la taxe carbone, taxe qui est toujours en place dans la province.
D’ailleurs, le prix de l’essence est resté beaucoup plus élevé au Québec depuis l’abolition de la taxe carbone par le fédéral, par rapport aux autres provinces. Par exemple, aujourd’hui à Montréal, le prix moyen à la pompe est de 150,9 cents le litre, comparativement à 117,9 cents, à Hawkesbury en Ontario, selon l’application GasBuddy.
18h58: Oui, Ottawa a versé des milliards aux pétrolières
L'énoncé
Dans une question dirigée à Mark Carney, Yves-François Blanchet mentionne ceci: «L’année dernière, le Canada a mis en argent public 30 milliards dans le pétrole. Trans Mountain a coûté 40 milliards. Ça a pris 9 ans à construire. Ça veut dire que tout ça, c’est 16 milliards de dollars d’argent des Québécois qui ont été mis dans le pétrole.»
Les faits
Le chef du Bloc Québécois a raison. C’est du moins ce que révèle le dernier rapport d’Environmental Defence, une organisation de défense des droits de l’homme et de l’environnement. «Le gouvernement fédéral a fourni un support financier de 29,6 milliards de dollars aux industries des combustibles fossiles et pétrochimiques en 2024 seulement.»
18h38: Pas mal plus que six logements construits par Poilievre

L’énoncé
Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a attaqué le chef conservateur Pierre Poilievre en affirmant qu’il avait construit seulement six logements abordables lors de son passage comme ministre du Logement.
Les faits
C’est faux. Le Toronto Star a recensé l’an dernier le nombre de logements abordables qui ont été créés seulement en 2015-2016 par le gouvernement Harper. Un peu plus de 4000 logements abordables ont été construits d’après le média torontois lors de cette période. On est donc loin du 6 logements.
18h24: Poilievre se trompe à moitié sur la loi C-69

L'énoncé
Pierre Poilievre a affirmé que la loi «C-69 est une loi inconstitutionnelle qui bloque non seulement les pipelines, les barrages, les mines, les importations de gaz liquéfié».
Les faits
S’il est vrai que la Cour Suprême a déclaré que C-69, comme elle est rédigée, pourrait réglementer les activités qui relèvent de la compétence provinciale, la plupart des projets d’exportation des produits qu’il a mentionnés ont été abandonnés bien avant la mise en place de C-69, comme l’a démontré Radio-Canada, le 3 avril dernier.
18h23: Des coupures en santé exagérées

L'énoncé
Jagmeet Singh du NPD a affirmé que «les propos de Pierre Poilièvre c’est de couper en santé. Il l’a dit à plusieurs reprises. [Il veut] couper les soins dentaires, l’assurance médicament. [Il a] dit que c’était une mauvaise idée».
Les faits
C’est faux. Déjà en 2023 à l’émission Le Bilan de TVA, Pierre Poilievre a répété qu’il n’était pas question de sabrer dans le programme d’assurance dentaire. «On ne va pas couper dans les programmes qui sont déjà en place pour les Canadiens ». Il l’a aussi répété depuis le début de la campagne. Les propos de M. Poilievre sont toutefois flous à savoir s’il va étendre la couverture à plus de Canadiens.
18h06: Singh n'a pas adopté seul le programme de santé dentaire

L'énoncé
Lors de son premier discours lors du débat, le chef du Nouveau parti démocratique Jagmeet Singh a dit que c’était «grâce à [eux]» que les programmes d’assurance dentaire et d’assurance médicaments ont vu le jour.
Les faits
C’est vrai, mais cela mérite des nuances. Il est vrai que le programme est né après l’alliance entre le Parti libéral et le NPD. Toutefois, sans l’appui des députés libéraux, le programme n’aurait jamais vu le jour.
18h04: Poilievre manque de précisions sur les baisses d’impôts

L’énoncé
Interpellé sur ce qui permettrait de changer la vie des Canadiens, le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre a abordé sa promesse sur la baisse des impôts.
«J’ai un plan pour vous rendre la vie plus abordable en coupant les impôts de 15%» a-t-il dit d’entrée de jeu.
Les faits
M. Poilièvre manque de nuance lorsqu’il laisse entendre qu’il couperait les impôts sur le revenu de 15% pour les Canadiens. Si la diminution prévue est effectivement de 15%, le chef conservateur oublie de mentionner qu’elle toucherait seulement la première tranche d’imposition. Le palier le plus bas passerait désormais à 12,75%.
Non, les Verts n'ont pas été exclus à cause du salissage

L’énoncé
Le cochef du Parti vert du Canada, Jonathan Pedneault, a blâmé ses adversaires et des commentateurs politiques pour son exclusion du débat des chefs.
«C’est le résultat d’une campagne de salissage menée par le Bloc Québécois et des commentateurs conservateurs qui sont plus soucieux de protéger leur confort plutôt que de faire face à la réalité et informer la population», a-t-il dit dans les heures suivant l’exclusion mercredi matin.
Les faits
M. Pedneault semble oublier que c’est une déclaration qu’il a lui-même faite dans un reportage de Radio-Canada qui a contribué à son exclusion par la Commission des débats des chefs. Il y expliquait la raison pour laquelle seulement 232 candidats apparaissaient sur la liste officielle d’Élections Canada publiés le 9 avril dernier. Une dizaine de jours plus tôt, le Parti avait soumis à la Commission une liste de 343 candidats qu’il avait endossés.
«C’est une décision stratégique. On a décidé de ne pas envoyer de candidats dans certains comtés, notamment où les conservateurs ont plus de chances de remporter les élections que nous», a-t-il dit en entrevue.
D’autres déclarations notamment au Globe and Mail sont aussi citées. Dans sa décision, la Commission indique que le parti ne répond donc plus au critère d’avoir endossé des candidats dans au moins 90 % des circonscriptions fédérales.
Cela dit, Jonathan Pedneault n’a pas complètement tort. Des commentateurs politiques avaient contesté la légitimité de la présence du Parti vert au débat en vertu des critères établis par la Commission, notamment sur le nombre de candidats.
Vous avez repéré une déclaration fausse ou douteuse pendant la campagne électorale?
Écrivez-nous à heurejuste@quebecormedia.com et nous vérifierons les faits.