Guerre en Ukraine: l’arme nucléaire prête
Face à la résistance féroce de l’Ukraine, Poutine brandit cette menace

Olivier Faucher
Même si des pourparlers sont enfin prévus avec l’Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a déclenché l’état d’alerte avec ses bombes nucléaires, et le « bouton rouge » peut maintenant « être activé à n’importe quel moment », a indiqué un général russe.
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Dans un bref entretien filmé, Poutine a ordonné dimanche au ministre de la Défense et au chef d’état-major général de mettre les forces de dissuasion, qui incluent les armes nucléaires, en état d’alerte spéciale.

Ainsi, la mallette nucléaire « a été ouverte » et le « bouton rouge peut être activé à n’importe quel moment », a déclaré au quotidien de Moscou Komsomolskaïa Pravda le général Boris Soloviov, qui a servi dans les forces de missiles stratégiques et à l’état-major général.
Cela « met en jeu des forces qui, s’il y a une erreur de calcul, pourraient rendre les choses beaucoup plus dangereuses », a confié à des journalistes un officier haut gradé de l’armée américaine, rapporte l’agence Reuters.
Puis, en soirée, la Biélorussie a annoncé des modifications à sa constitution afin de permettre à la Russie d’installer des armes nucléaires sur son territoire.
La Biélorussie est un partenaire de premier plan de la Russie depuis le début de la guerre puisqu’elle permet la présence des troupes russes à l’intérieur de ses frontières.

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L’Ukraine résiste
Selon les experts occidentaux consultés par l’Agence France Presse, les déclarations de Poutine quant à l’état d’alerte avec ses armes nucléaires relèvent d’un bluff, d’un jeu dangereux et d’une fuite en avant qui montrent la frustration de Vladimir Poutine face à la résistance militaire ukrainienne.
Sur le terrain, les forces ukrainiennes parviennent toujours à garder en leur contrôle les principales villes, dont Kiev.

Une percée russe est survenue dimanche à Kharkiv, deuxième ville d’importance, mais l’armée ukrainienne a regagné « son contrôle total », a indiqué le gouverneur régional Oleg Sinegoubov.
Selon lui, « l’ennemi russe est totalement démoralisé », abandonnant ses véhicules et des groupes de soldats « se rendant aux militaires ukrainiens ».
Sur la scène internationale, plusieurs acteurs, dont le premier ministre britannique Boris Johnson et la ministre de la Défense de l’Allemagne, ont vu la menace nucléaire de Poutine comme un signe que son invasion de l’Ukraine ne se passait pas comme il l’avait prévu.
Dimanche soir, Moscou semblait être sur le point de tenter une nouvelle offensive, puisqu’un convoi de cinq kilomètres de véhicules de son armée était en direction de Kiev.
Selon The Kyiv Independent, le président de l’Ukraine Volodymyr Zelensky a confié à Boris Jonhson que les 24 prochaines heures seraient « une période cruciale » pour l’Ukraine.
Négociations
Au même moment, Moscou a annoncé que des pourparlers avec Kiev devraient enfin débuter ce matin à la frontière entre l’Ukraine et la Biélorussie, selon le New York Times, citant une agence de presse russe. C’est la première fois que les deux parties tentent de négocier depuis le début de l’invasion.
« Je dis les choses comme toujours franchement : je ne crois pas trop à un résultat », mais « il faut qu’on essaie », a exprimé le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une déclaration vidéo.
—Avec l’Agence France Presse
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Des réactions sur la menace nucléaire
Plusieurs membres de l’ONU, des ministres et des experts ont réagi aujourd'hui à la menace nucléaire qui plane sur l’Ukraine.
«La simple idée d’un conflit nucléaire est tout simplement inconcevable.»
– Porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a rapporté l’AFP.

« Cela signifie que le président Poutine continue de faire escalader cette guerre d’une manière qui soit totalement inacceptable. Nous devons continuer à condamner ses actions de la façon la plus forte possible. »
- Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice des États-Unis à l’ONU, a rapporté l’AFP.
«L’état russe franchit un cap supplémentaire et nous avons l’impression que cela a aussi à voir avec le fait que, dans sa mégalomanie, l’invasion rapide de l’Ukraine a été stoppée par des actions courageuses et déterminées de l’Ukraine.”
- Christine Lambrecht, ministre de La Défense de l’Allemagne, sur la chaîne de télévision publique allemande ZDF.

“C’est un signe de la profonde irrationalité de Poutine [...] C’est dangereux pour la Russie et pour le reste du monde. Mais ce n’est pas le temps d’être intimidé. C’est le temps d’être lucide, déterminé, et par-dessus tout unis dans notre opposition à ce que le président Poutine est en train de faire.”
– Bob Rae, ambassadeur canadien à l’ONU, en entrevue à CBC.
“Le président Poutine joue un jeu dangereux en plaçant les armes nucléaires en état d’alerte au combat. Notre campagne condamne fermement cette action et nous en appelons à un cessez-le-feu immédiat, comme au retrait des forces russes d’Ukraine.”
– Jean-Marie Collin, porte-parole de la Campagne internationale pour abolir l’arme nucléaire (ICAN), a rapporté l’AFP.