«Qu’est-ce que serait le “Tariffman” sans ses tarifs?»: et si la Cour suprême ordonnait à Trump de retirer ses droits de douane?
Mina Collin
Donald Trump essuie un revers important alors qu’une cour d’appel fédérale américaine a statué contre ses droits de douane imposés à de nombreux pays à travers le monde. La Cour suprême des États-Unis se penchera sur l’affaire à son tour: et si elle demandait réellement à Trump de les retirer?
• À lire aussi: «Ça va être un peu chaotique»: la fin de l’exemption des tarifs douaniers sur les petits colis risque de faire mal aux PME d’ici
• À lire aussi: Des droits de douane de Trump déclarés illégaux en appel, l’affaire ira devant la Cour suprême
• À lire aussi: Les tarifs douaniers américains sur les produits indiens passent à 50%
Une grande partie des tarifs douaniers seraient illégaux, et ils constitueraient un excès de pouvoir du président, a conclu cette cour d’appel fédérale.
«Si la cour lui soustrait ces pouvoirs-là, c’est toute une partie de son programme qui pourrait disparaître avec eux et ça rendrait la poursuite des choses beaucoup plus compliquées pour lui», a affirmé Georges Mercier, analyste et doctorant en science politique à Sciences Po Paris.
«J’ai envie de dire: qu’est-ce que Trump, qu’est-ce que “Tariffman” sans ses tarifs?» a-t-il ironisé.

Pour l’instant, il n’est pas question de reculer sur les tarifs. Les droits de douane litigieux resteront en place jusqu’au 14 octobre, puisque le tribunal a suspendu l’exécution du jugement jusqu’à cette date.
Quant à la décision que rendra la Cour suprême, M. Mercier émet la possibilité que le président puisse arriver à ses fins, notamment puisque la décision de la cour d’appel n’était «pas du tout unanime».
«Ce n’est pas clair si [...] la Cour suprême ne lui redonnera pas ce pouvoir-là», a indiqué le doctorant.
Il estime d’ailleurs que la Cour suprême fait face à un «pari difficile» puisque le président Trump ne semble pas avoir l’intention de reculer avec ses tarifs.
«La pire chose qui pourrait arriver [à la Cour suprême], c’est qu’elle rende une décision et que la Maison-Blanche ne s’y conforme pas... Là, on aurait une crise assez grave, et ses membres sont conscients de ce danger-là», a-t-il soutenu.
L’analyste politique mentionne que les membres de la Cour suprême jugent les cas surtout de manière «pragmatique».
«Les tarifs de Trump ont permis à l’État américain d’engranger des sommes immenses depuis qu’il les a mis en place... Est-ce que la Cour suprême est prête à rejeter ça pour préserver le droit ou, au contraire, elle pourrait dire que les gains sont tellement importants que c’est correct d’accepter une entorse au droit?» a-t-il soulevé.
Bien qu’une majorité des membres de la Cour suprême soient conservateurs, George Mercier pointe que ça ne va pas nécessairement influencer la décision. D’autres facteurs pèseront dans la balance.
«Évidemment, la Maison-Blanche va monter une campagne de pression monstre sur les juges de la Cour suprême pour qu’ils cèdent en sa faveur», a-t-il ajouté.
Voyez son entrevue intégrale ci-dessus.