C’est quoi, l’affaire avec les sels d’ammoniaque que les sportifs reniflent?

Andrea Lubeck
Un entraîneur de hockey a fait sentir à de jeunes joueurs des sels d’ammoniaque, aussi appelés «sels d’ammonium» ou smelling salts. Voici tout ce qu’il faut savoir sur cette substance controversée que de nombreux sportifs reniflent.
Matt Bruno, l’entraîneur d’une équipe Atome AA de la région de Hudson–Rigaud–St-Lazare, a été suspendu pour avoir fait sentir des sels d’ammoniaque à des joueurs de 10 ans à l’insu de leurs parents, a révélé TVA Nouvelles mardi.
C’est quoi, des sels d’ammoniaque?
Comme leur nom l’indique, les smelling salts sont composés principalement d’ammoniaque, que l’on retrouve sous forme liquide ou en poudre, dans une capsule. Leur odeur rappelle celle des produits ménagers.
À quoi servent les sels d’ammoniaque?
Leur inhalation irrite au point où la respiration s’accélère, ce qui augmente la quantité d’oxygène se rendant au cerveau. De nombreux sportifs les utilisent en croyant que les effets des sels d’ammonium leur donnent une surdose d’énergie. La pratique est très répandue, voire banalisée, dans les ligues professionnelles.
«Quand on le respire, c’est tellement irritant qu’on a l’impression tout d’un coup d’être énergisé et notre cœur se met à battre rapidement», a souligné la Dre Christiane Ayotte, directrice du laboratoire de contrôle du dopage à l’INRS-Institut Armand-Frappier, en entrevue au Journal en 2019.
Il n’existerait toutefois aucune preuve que les sels d’ammoniaque améliorent les performances sportives. Si c’était le cas, ils seraient bannis par l’Agence mondiale antidopage, notait Le Journal.
Depuis 2016, la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ) en interdit néanmoins l’utilisation, que ce soit en entraînement ou lors d’une partie.
«Ces produits contiennent un gaz qui est dissous dans du liquide qui dégage une odeur très forte, stimulant la muqueuse nasale et provoquant une stimulation très brève du système nerveux central. Il n’est aucunement démontré que cette stimulation ait un impact positif sur une augmentation durable de la vigilance et encore moins de la performance», a écrit la LHJMQ dans un mémo envoyé aux équipes à l’époque.
Hockey Québec a indiqué qu’elle avait l’intention d’interdire l’utilisation des sels d’ammoniaque chez les joueurs âgés de moins de 18 ans, une décision qu’accueille positivement l’Ordre des chimistes du Québec (OCQ).
«En tant qu’organisation responsable de la protection du public dans le domaine de la chimie, [l’OCQ] désapprouve le recours aux sels d’ammonium dans un contexte sportif. Non seulement ces sels sont irritants, mais leur utilisation en contexte sportif n’est fondée sur aucune rigueur scientifique. Ce sont les propriétés irritantes de ces sels qui donnent l’illusion d’être énergisé», a réagi Michel Alsayegh, président de l’OCQ, par courriel.
Dans d’autres contextes, on utilise également les sels d’ammonium pour ramener les personnes ayant perdu conscience à la réalité.
Les sels d’ammoniaque sont-ils nocifs?
Il n’y a aucun danger pour la santé puisque les sels d’ammonium sont inhalés en quantités minimes.
La pratique peut néanmoins provoquer l’irritation des muqueuses du nez, de la gorge et des bronches, a expliqué la Dre Ayotte.
«Il n’existe aucun bienfait à inhaler de l’ammoniaque», a-t-elle ajouté.
«L’ammoniaque est une substance chimique qui doit être manipulée avec précaution, et son usage détourné dans un contexte sportif pose un risque pour la santé», a conclu M. Alsayegh.
— Avec des informations du Journal