Israël: notre journaliste Félix Séguin a dû se cacher dans un sous-sol lors d’une alerte de missiles visant Tel-Aviv
Des applications sur les téléphones permettent aux Israéliens de savoir combien de temps il leur reste pour se mettre à l’abri

Félix Séguin
Le journaliste de notre Bureau d’enquête Félix Séguin est à Tel-Aviv pour couvrir le conflit opposant Israël et l’Iran. Il raconte ce qu’il a vu et entendu vendredi, à sa première journée sur le terrain.
Il n’a fallu que quelques heures après notre arrivée à Tel-Aviv pour que nous entendions pour la première fois les sirènes d’alerte de missiles.
Nous avions fait le trajet en voiture depuis la Jordanie, car il est impossible d’atterrir en Israël depuis la fermeture de l’espace aérien commercial.
Au moins trois des projectiles lancés par l’armée iranienne ont atteint la plus importante ville israélienne en plein milieu de l’après-midi.
Nous avons dû nous réfugier immédiatement dans un abri, qui dans ce cas-ci était le troisième sous-sol d’un garage commercial. Une dizaine d’autres personnes attendaient avec nous que le danger passe.

1 minute 30 pour se cacher
L’alerte commence par un message d’urgence sur les téléviseurs, la radio et les téléphones cellulaires nous avisant de nous cacher au plus vite.
Nous avons environ 1 minute 30 pour le faire. Dans certains endroits du pays, ça peut être encore plus court.
Des applications mobiles indiquent aux résidents le temps restant avant l’impact anticipé, au son des sirènes d’alerte.
Depuis le sous-sol, mon caméraman, Émile, et moi avons très bien entendu les explosions. Nous étions tout près du point de contact.

Le fameux bouclier de défense israélien intercepte la plupart des missiles, mais certains parviennent tout de même à toucher le sol. Des immeubles fraîchement endommagés en témoignent.
Ce genre de situation est le quotidien des Telaviviens depuis le début du conflit armé avec l’Iran, qui dure depuis maintenant plus d’une semaine. Pour eux, le sommeil est court et ils doivent rapidement descendre aux abris à chaque alerte.
La nuit de jeudi à vendredi a été l’exception. Tel-Aviv n’a pas été touchée pour la première fois en huit jours.

Comme une salle de jeu
David Hannau, un père de trois enfants âgés de moins de 10 ans et qui a plusieurs proches à Montréal, vit désormais sur un pied d’alerte.
Depuis le week-end dernier, sa famille se réveille chaque nuit au son des sirènes pour se réfugier dans son bunker, au sous-sol de l’immeuble. Les membres de la famille y passent environ une heure le temps que le danger soit écarté, avant de remonter pour essayer de dormir.
J’ai visité leur abri. L’endroit ressemble à une salle de jeu. On y voit des dessins d’enfants. On y garde aussi de l’eau et des collations. Tout pour faire comme si la guerre n’existait pas. On peut comprendre qu’ils y ont passé beaucoup de temps depuis le début du conflit.
M. Hannau a hâte de voir arriver la fin du confinement. Et il n’est pas le seul.

Ras-le-bol
Il y a vraiment chez les Telaviviens un sentiment de ras-le-bol de vivre sous les bombes. Lorsque nous étions dans le garage souterrain, vendredi après-midi, quelqu’un me confiait qu’il voulait sortir de là «au plus vite».

À part dans ces moments d’anxiété, je me croirais dans une ville typique nord-américaine. Les voitures circulent comme d’habitude, même si les écoles restent fermées pour l’instant et que les parcs semblent bien peu fréquentés.
Samedi, nous avons l’intention de nous rendre dans le sud d’Israël, qui a été fortement touché par les frappes iraniennes. Nous irons près de Beer-Sheva, où un hôpital a notamment été ciblé. Nous comptons également aller dans les villages arabo-israéliens dans les prochains jours, près de la bande de Gaza.
– Propos recueillis par Charles Mathieu
Pour suivre Félix Séguin en Israël, ne manquez pas ses reportages dans les bulletins de nouvelles de TVA et LCN.
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