Quelle différence entre la BBC et Radio-Canada!


Guy Fournier
Vous souvenez-vous d’un grand patron de Radio-Canada qui aurait démissionné à cause d’une bévue de l’un des services?
Même Catherine Tait, qui a fait dès ses débuts de PDG, des déclarations aberrantes sur «l’impérialisme occidental» n’a jamais senti le besoin de se rétracter. Elle n’a pas bronché davantage devant le clivage qui s’était développé entre les deux réseaux, pas plus qu’elle n’a réagi lorsque le wokisme a commencé de teinter l’information du réseau anglais.
À CBC/Radio-Canada, les grands patrons ne démissionnent jamais. Le PDG comme le président du conseil sont d’ailleurs immuables. Ce sont plutôt les subalternes qui doivent partir s’il y a le feu ou qu’un scandale éclate. Parlez-en à Alain Saulnier, qui avait le respect de tous les journalistes, mais qu’on a «congédié avec regret». Ou à Michel Bissonnette, tombé en disgrâce pour sa défense trop opiniâtre du réseau français.
C’est un extraordinaire exemple d’imputabilité que vient de donner la BBC à la suite de l’information révélée par le journal conservateur Daily Telegraph. Une semaine avant l’élection américaine du 5 novembre dernier, la BBC a diffusé dans Panorama, le plus vieux magazine d’information télévisé du monde, un documentaire induisant les téléspectateurs en erreur.
Un montage trompeur
Ses auteurs ont mis bout à bout deux déclarations de Donald Trump lors de son appel du 6 janvier 2021 aux manifestants réunis devant le Capitole pour protester contre l’élection de Jos Biden. Une fois juxtaposées, ces déclarations, en réalité séparées de plusieurs minutes, semblent indiquer que Donald Trump va marcher avec ses partisans vers le Capitole afin de se battre comme des diables.
Une fois rendue publique, la licence prise par les documentaristes a eu l’effet d’une bombe. C’est que la BBC s’est toujours voulue irréprochable en information. Devant cette bévue, les grands patrons n’ont pas demandé leur reste : le directeur général Tim Davie a démissionné sur le champ ainsi que la directrice de l’information Deborah Turness. Quant à Samir Shah, le président du conseil, il s’est excusé publiquement.
Une semaine à la BBC
Donald Trump, qui ne rate jamais l’occasion de faire une piastre et de taper sur les médias, a mis la BBC en demeure de se rétracter et de faire amende honorable d’ici à demain (vendredi) sans quoi il intentera une poursuite d’un milliard de dollars! Étrangement, cette bourde journalistique, infiniment plus dommageable que la publicité sur les tarifs qu’a payée l’Ontario à la télévision américaine, ne semble pas avoir affecté la relation du président Trump avec l’Angleterre et le premier ministre Keir Starmer.
Il y a quelques années, j’ai passé une semaine à fréquenter patrons et anciens patrons de la BBC afin d’écrire pour Le Journal un reportage fouillé sur ce réseau qui suscite l’admiration de toutes les télévisions du monde. Je fus à même de constater à quel point la BBC tient à sa réputation d’intégrité journalistique. Comme CBC/Radio-Canada, d’ailleurs... À cette différence près, qu’à la BBC, chaque membre de la direction est prêt à démissionner afin de la préserver!