Quel est le profil d’un présumé tueur de masse?
TVA Nouvelles
Qu’est-ce qui pousse un individu à grimper dans sa camionnette et foncer délibérément sur des passants qui marchent tranquillement sur le trottoir d’une petite ville? Quel est réellement le profil d’un présumé tueur de masse, de celui qui cherche à faire le plus de victimes en un seul événement?
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Rapidement, quand la nouvelle est sortie dans les médias, plusieurs ont évoqué que l’accusé Steeve Gagnon, 38 ans, pouvait être aux prises avec des problèmes de santé mentale. La psychiatre Marie-Ève Cotton tient à nuancer les choses et y va d’une mise en garde.
«Il faut faire attention d’aller dans la spéculation sitôt après un geste. Je constate depuis quelques années que l’on est de plus en plus rapide à parler de maladie mentale ou de troubles de santé mentale. C’est la nuance que j’essaie de faire», explique la Dre Cotton.
Elle dresse un portrait du tueur de masse type selon des données de recherche, et ce n’est pas celui que l’on croit de prime abord.
«Seulement 22% des tueurs de masse ont un trouble mental, ce qui ne veut pas dire qu’ils ne sont pas en détresse», précise Marie-Ève Cotton.
«Un trouble mental est une maladie spécifique qui touche le comportement, les émotions. On parle de schizophrénie, de bipolarité, de dépression ... mais ce ne sont pas des gens avec ces profils-là qui commentent des tueries de masse», spécifie-t-elle.
La Dre Cotton ajoute que bien sûr une personne équilibrée, une personne qui a une vie épanouie ne commet pas de gestes irréparables. Pensons à Amqui, Laval ou aux tragédies perpétrées au Québec par des tueurs de masse.
Dans le profil des tueurs de masse, 70% sont isolés socialement et 96 à 98% sont des hommes.
«Les femmes ont plus de détresse psychologique que les hommes, plus de dépression, plus de troubles anxieux, mais elles ne tuent pas des inconnus dans des lieux publics. C’est vraiment une problématique d’hommes», appuie Marie-Ève Cotton.
Intimidation
De plus, 60% des tueurs de masse ont des problèmes de drogues et d’alcool.
Une autre composante importante fait aussi partie du portrait: l’intimidation. «Près de la moitié des tueurs de masse ont été intimidés. Ils entretiennent à partir de ça de la rancœur ou une rage qui s’est construite au cours de leur vie qui se déploie envers toute la société», fait savoir la psychiatre.
Elle se fait un devoir d’éviter que les gens qui ont des problèmes de santé mentale soient montrés du doigt quand une tuerie de masse survient.
«J’essaie d’amener des données de recherches pour que l’on ne tombe pas dans la spéculation pour stigmatiser démesurément les gens qui ont des troubles mentaux parce qu’ils ne constituent pas du tout la majorité des tueurs de masse», martèle la Dre Cotton.
Le suspect Steeve Gagnon, qui aurait tué Gérald Charest, 65 ans, et Jean Lafrenière, 73 ans, et fait neuf blessés, dont deux enfants, au volant de son véhicule à Amqui, a été accusé hier de conduite dangereuse causant la mort.
*** Voyez l’intégrale de l’entrevue avec la psychiatre Marie-Ève Cotton dans la vidéo ci-haut