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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Québecor et Les Coops de l’information: une autre incohérence

Photo d'archives, Agence QMI
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Pierre Pelchat, porte-parole des associations de retraités du Soleil, du Nouvelliste, du Quotidien et de la Voix de l’Est

2025-03-13T15:54:50Z
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Il y a quelques jours, le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, a invité les employés des Coops de l’information (Le Soleil, Le Nouvelliste, Le Quotidien, La Voix de l’Est, La Tribune et Le Droit) à reconsidérer la décision d’exclure son entreprise comme acquéreur potentiel des coops. 

À première vue, la décision des coops de lier leur avenir uniquement avec La Presse et de se priver d’un pouvoir de négociation avec Québecor n’est pas dans l’intérêt des employés, dont plusieurs perdront leur emploi. Cela ne peut que soulever des doutes sur la bonne représentation des employés par la direction de la coop CN2i et la CSN.

Si la demande de Québecor est refusée, ce ne sera pas la première fois. Lorsque le Groupe Capitales Médias s’était placé sous la Loi sur la faillite et l’insolvabilité, Pierre Karl Péladeau avait manifesté publiquement un fort intérêt à acquérir les journaux. Sa proposition avait été rejetée par la CSN et le gouvernement Legault.

Proposition 

Lors des audiences devant le Tribunal administratif du Travail, le directeur général de la firme MCE Conseils, qui avait été chargée par la CSN de préparer le plan d’affaires des coops, avait expliqué le refus de la proposition de Québecor en 2019. «On ne croyait pas que c’était une solution crédible dans le maintien des opérations dans chacun des six territoires et on estimait qu’un projet Québecor entraînerait la perte d’au moins la moitié des emplois, donc on n’a pas eu de discussions avec Québecor», avait affirmé Claude Dorion (transcriptions du 9 décembre 2022, page 225).

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Il est tout de même surprenant que la proposition de Québecor n’ait pas fait au moins l’objet d’un début de négociation. D’autant plus que M. Péladeau avait laissé entendre que le problème du déficit des fonds de pension ne lui semblait pas insurmontable. Il aurait été intéressant de connaître sa proposition à ce sujet.

Il n’en reste pas moins que la position de Québecor sur les emplois et le plan d’affaires des coops et des syndicats étaient aux antipodes. D’un côté, Québecor voulait couper plus de la moitié des emplois et MCE Conseils, avec l’accord de la CSN, proposait dans le plan d’affaires (pages 12 et 16) de maintenir tous les emplois et même d’en ajouter trois la première année d’activités des coops.

Pourtant, M. Dorion avait reconnu devant le Tribunal que «le secteur des médias écrits était notoirement en déclin et déficitaire dans l’ensemble de l’OCDE, les statistiques de pertes d’emplois, que ce soit aux États-Unis, en Europe, au Canada, représentaient à peu près 50% de pertes d’emplois dans cette industrie», avait-il affirmé (transcriptions page 228).

Plan irréaliste 

Le temps a montré que le plan d’affaires des coops était irréaliste, voire incohérent en raison de la diminution constante et prévisible des revenus publicitaires des médias écrits. Plus de la moitié des emplois des coops ont été perdus depuis cinq ans.

Par ailleurs, M. Dorion avait affirmé que les prêteurs s’opposaient au maintien des régimes de retraite en raison d’un déficit de 65 M$ à rembourser. Or, l’actuaire des régimes de retraite a donné un avis contraire devant le Tribunal. Il avait expliqué que les régimes de retraite étaient bien capitalisés et qu’un employeur n’avait pas à cotiser pour rembourser le déficit depuis des changements à la loi en 2016.

La terminaison des régimes de retraite qui était un des éléments importants du plan d’affaires des coops avait été décidée bien avant qu’il soit présenté aux bailleurs de fonds dont Desjardins, le Fonds de solidarité, Fondaction et Investissement Québec. On n’a jamais su toutefois si les bailleurs de fonds avaient trouvé le plan d’affaires réaliste et raisonnable en voulant maintenir tous les emplois dans les coops et même d’en ajouter.

Pierre Pelchat

Porte-parole des associations de retraités du Soleil, du Nouvelliste, du Quotidien et de la Voix de l’Est

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