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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Québec veut interdire les centres de consommation supervisée à moins de 150 mètres des écoles et des garderies

Deux organismes existants, dont la Maison Benoît Labre à Montréal, pourraient éventuellement devoir déménager des services

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Photo portrait de Olivier Faucher

Olivier Faucher

2025-05-06T19:08:00Z
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Le gouvernement du Québec compte interdire l’ouverture de tout centre de consommation supervisée de drogue à moins de 150 mètres des écoles et des garderies.

C’est ce qu’on apprend dans un projet de loi déposé mardi par le ministre québécois des Services sociaux, Lionel Carmant.

«Son objectif est de renforcer le sentiment de sécurité des citoyens et la confiance de ceux-ci lorsqu’ils confient leurs enfants aux établissements comme les écoles et les garderies», a fait valoir M. Carmant lors d’un point de presse en après-midi.

Lionel Carmant, ministre des Services sociaux, en point de presse le 6 mai 2025.
Lionel Carmant, ministre des Services sociaux, en point de presse le 6 mai 2025. CAPTURE D'ÉCRAN TIRÉE DU SITE WEB DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE

Avec ce projet de loi, le ministre se donne le droit d’autoriser tout nouveau centre d’injection supervisée et impose plusieurs conditions pour donner son feu vert. Par exemple, l’organisme devra s’assurer que les activités «n’excèdent pas les inconvénients normaux du voisinage» et qu’elles ne compromettent pas «la propreté, la salubrité et la sécurité dans les environs du local».

Le ministre veut ainsi obliger les responsables à «s’assurer que les gens ne consomment pas ou qu’il ne se vend pas de drogue autour du site», a-t-il précisé devant les médias.

Plusieurs sites à travers le Québec offrent de la consommation de drogue supervisée pour assurer la sécurité des usagers.
Plusieurs sites à travers le Québec offrent de la consommation de drogue supervisée pour assurer la sécurité des usagers. Photo Louis-Philippe Messier
Sites existants trop près

Le ministre préparait cette mesure législative depuis la fin de l’été 2024, après la controverse de la Maison Benoît Labre, à Montréal.

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Cet organisme avait ouvert au printemps 2024 sur le terrain voisin d’une école.

Les craintes des parents d’élèves s’étaient rapidement matérialisées, alors que de nombreux incidents liés à de la consommation de drogue et de la violence ont été signalés.

Si le projet de loi est adopté, la Maison Benoît Labre, située à 50 mètres de l’école primaire Victor-Rousselot, pourrait d’ailleurs devoir déménager son service de consommation supervisée dans quatre ans. Il en va de même pour le Bureau régional d’action sida (BRAS), à Gatineau, situé trop près d’une garderie.

En effet, les centres de consommation supervisée existants se verraient octroyer des permis de quatre ans, après quoi ils devraient se conformer à la nouvelle réglementation.

Les organismes logés dans un établissement du réseau de la santé sont toutefois exemptés du projet de loi. Par exemple, Dopamine, un centre d’injection supervisée dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, pourra rester dans ses locaux situés dans le CLSC Hochelaga-Maisonneuve même s’ils sont situés à 90 mètres d’une garderie.

Le milieu piqué au vif

Les quatre organismes (sur un total de 10 au Québec, dont cinq à Montréal) offrant des services de consommation supervisée contactés par Le Journal mardi ont refusé notre demande d’entrevue, préférant étudier le projet de loi avant de réagir.

Louis Letellier de St-Just, membre du conseil d’administration de l’Association des intervenants en toxicomanie du Québec (AIDQ), soutient que le milieu voit ce projet de loi comme une «trahison». Il craint qu’il limite grandement la capacité des organismes à accomplir leur mission.

Louis Letellier de St-Just, président du conseil d’administration de l'Association des intervenants en dépendance du Québec.
Louis Letellier de St-Just, président du conseil d’administration de l'Association des intervenants en dépendance du Québec. Photo fournie par Louis Letellier de St-Just

«On répond aux stratégies ministérielles de prévention des surdoses, de santé publique et là on vient rétrécir notre champ d’action et on nous pointe du doigt comme étant les responsables d’une cohabitation sociale qui dérape, s’indigne-t-il au bout du fil avec Le Journal. [...] Ce sont des services de santé, ce ne sont pas de services de vente et ils doivent se retrouver là où les besoins se font sentir.»

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