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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Québec solidaire ne se déchirera pas à Jonquière

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2024-05-25T04:00:00Z
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Avis aux passionnés de politique: rangez votre popcorn, le Conseil national de Québec solidaire de Jonquière ne dégénérera pas en divertissante rixe digne du village d’Astérix.

C’est presque une loi en politique: lorsque, des semaines à l’avance, on prédit que «ça va brasser» lors de tel rendez-vous partisan, on assiste très souvent, en bout de course, à des débats pacifiques, calmes.

Car entre-temps, les apparatchiks des partis auront eu le temps de distribuer promesses ou menaces pour convaincre – voire contraindre – les militants les plus rébarbatifs à rentrer dans le rang. Les mêmes stratèges auront prévu que le lavage de linge sale se fera en famille, lors de séances à huis clos.

Victoire

Gabriel Nadeau-Dubois pourra en plus brandir la victoire offerte sur un plateau d’argent par le gouvernement Legault dans le dossier sur l’habitation.

Cette victoire illustre à merveille, martèlera GND, l’ambition d’apparaître comme un «parti de gouvernement»: «Imaginez ce qu’on ferait si ces gens-là étaient au conseil des ministres», insistait-il dans ses réseaux sociaux, au-dessus d’une photo de son caucus.

  • Écoutez la rencontre politique entre Antoine Robitaille et Benoît Dutrizac via QUB :

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Autre chance pour GND: à Jonquière, plusieurs des têtes d’affiche de l’opposition à son virage «pragmatiste» seront absentes. L’anarchique anarchiste Catherine Dorion au premier chef.

Certes, Amir Khadir, ouvertement sceptique à l’égard du pragmatisme, y sera. Mais gageons qu’il restera modéré, soucieux d’éviter l’éclatement du parti pour lequel il a donné sa vie politique.

L’ancienne candidate orange Carol-Ann Kack, de Rimouski, a annoncé qu’elle tentera, avec d’autres, d’obtenir une pause dans la redéfinition de «la bible», le sacro-saint programme, que les qsistes ont mis quelque 10 ans à compléter. On y trouve un projet de société permettant prétendument de «dépasser le capitalisme».

Certes, il risque d’y avoir des débats sur la Déclaration de Saguenay, texte qui dilue considérablement la personnalité qsiste. Tellement qu’un des fondateurs de QS, François Saillant déclarait au Devoir hier: «Si on devient un parti comme les autres, à mon avis, il n’y a pas de place pour nous autres».

Photo d'archives, Agence QMI
Photo d'archives, Agence QMI

Autre proposition pouvant sembler délicate: moderniser la formule des deux porte-parole. Mais ici aussi, rien de nouveau. Dès 2008, une des co-porte-parole, Françoise David, souhaitait faire évoluer le concept afin qu’elle soit «vraiment à l’avant-scène» et que les électeurs comprennent qu’advenant une victoire électorale, elle serait première ministre. 

La crise n’est pas finie

Bref, au terme de la fin de semaine, GND pourra sans doute dire que son pragmatisme et son leadership sont saufs. Cela ne lui garantira toutefois pas des lendemains faciles, car la crise à QS ne sera pas vraiment dénouée.

Avril 2011: Pauline Marois reçoit un appui de 93% lors d’un congrès du PQ. Trois mois plus tard, une vague de démissions fracassantes la déstabilisait. Dans les années 1980, Pierre-Marc Johnson avait reçu un appui fort de ses militants, quelques mois avant qu’il ne conclue à la nécessité de démissionner.

Plus l’élection de 2026 va approcher, plus d’autres vrais tests risquent de s’imposer à Gabriel-Nadeau Dubois.

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