Québec solidaire et le paradis sur terre


Normand Lester
QS est en crise depuis la démission d’Émilise Lessard-Therrien comme co-porte-parole féminin de la secte. J’ouvre une parenthèse: un mouvement woke comme QS ne devrait pas se limiter à deux co-porte-paroles. Et l’«inclusivité»? Les LGBTQ+ devraient aussi avoir droit au micro.
Québec solidaire est l’aggiornamento politique qui appâte les songe-creux et les utopistes qui ont perdu la foi religieuse en faveur des révélations de la gauche verbomotrice qui promet le paradis sur terre.
Comme il fallait s’y attendre la cheffe de la faction «pure et dure» de la secte, l’ex-députée Catherine Dorion, entourée de ses fidèles, s’oppose farouchement au virage « pragmatique » proposé par Gabriel Nadeau-Dubois pour sauver QS en déclin rapide dans les sondages.
Orienter le mouvement vers le réel est un reniement des convictions de nombreux militants. C’est ce qui explique la levée de boucliers contre GND. Prôner le pragmatisme, c’est blasphématoire et sacrilège, totalement inacceptable à l’UQAM et sur le Plateau Mont-Royal. Ceux que Duplessis appelait les « pelleteux de nuages » et les « joueurs de piano » ne veulent absolument pas abandonner leur conviction profonde en un monde meilleur pour la triste et prosaïque réalité. Jamais!
L’objectif de QS est d’éliminer la pauvreté de ce bas monde en commençant par le Québec. C’est ce que veulent les réformateurs sociaux et les charlatans depuis que le monde est monde. Sans jamais y arriver. D’ailleurs ceux qui militent à QS savent dans le fond de leur cœur que le parti n’a – heureusement – aucune chance de prendre le pouvoir dans les cent prochaines années. Au moins!
Que l’extrême gauche et ses rêveurs de tout acabit soient représentés à l’Assemblée nationale, je n’ai rien contre. Ils disent même parfois des vérités embarrassantes sur nos élites dirigeantes que les autres partis n’osent pas évoquer.
Le monde vit d’espoir
Québec solidaire ne veut pas décourager Hochelaga-Maisonneuve. Il promet aux naïfs et aux crédules de faire du Québec un petit paradis. Éliminer la pauvreté et offrir en prime la concorde, l’amitié et la bonne entente entre les peuples. À quand l’abolition de la gravité?
D’autres visionnaires mystiques ont été plus futés. Comprenant que c’était impossible d’éliminer la pauvreté sur terre, ils ont promis aux pauvres qu’ils seraient les premiers à entrer au paradis. Ceux qui pensent qu’élire un gouvernement de gauche radicale, fidèle aux prophéties de Marx et d’Engels, améliorerait quoi que ce soit ou permettrait une «façon alternative de gouverner» devraient regarder ce qui s’est passé ailleurs.
Des gouvernements socialistes ont pratiqué des politiques démagogiques pour satisfaire des engagements électoraux financièrement ruineux. Résultats: des répercussions désastreuses. Ils ont été incapables de réaliser les réformes promises et de soustraire leur pays des lois implacables de l’économie.
Pas question de s’entendre avec le PQ
Québec solidaire aime se pavaner dans son lourd accoutrement de stéréotypes idéologiques : gauchiste, écologiste, féministe, altermondialiste, pluraliste, «autochtonophile» et enfin, du bout des lèvres, juste pour ne pas faire de peine à personne, souverainiste.
QS n’est pas un parti indépendantiste. Ses dirigeants se foutent de l’indépendance du Québec comme de l’an quarante. «Matante» Françoise a déjà reproché au PQ «des politiques d’austérité néolibérale.» Intolérable que le PQ tienne compte du réel pour gouverner.
Si jamais le grand soir arrive et qu’un schisme déchire la petite croyance solidaire, on peut penser que les plus lucides et les plus jeunes de ses membres rejoindront le PQ. Ils ne sont quand même pas pour aller chez les libéraux ou les conservateurs.