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L'article provient de Bureau d'enquête

Québec solidaire: crise interne autour de l'investiture d'Haroun Bouazzi

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Patrick Bellerose, Charles Mathieu et Marie Christine Trottier

2023-02-10T05:00:00Z
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Le député solidaire Haroun Bouazzi a été accusé par des militants de payer pour l’adhésion de nouveaux membres, en contravention de la loi électorale, lors de la très serrée course à l'investiture qui a précédé son élection au printemps dernier. Démission en bloc de l'exécutif local, accusation de profilage racial: les soupçons d'irrégularités ont créé une crise interne à Québec solidaire.

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Notre Bureau d’enquête a mis la main sur une série de documents, demeurés secrets jusqu’ici, décrivant la foire d’empoigne qui a entouré l’investiture du nouveau député solidaire de Maurice-Richard, le printemps dernier. Les contestataires à l’origine de la plainte contestent la validité de sa courte victoire.  

Un mois avant l’investiture, les responsables du parti dans Maurice-Richard ont déclaré que 11 nouveaux membres recrutés par l’équipe Bouazzi, sur 33 contactés, avaient reconnu ne pas avoir payé eux-mêmes leur adhésion.  

Malgré leur demande, QS a refusé de vérifier 180 autres nouvelles cartes de membre et Haroun Bouazzi a été élu candidat avec une avance de seulement cinq voix. 

Quelques jours plus tard, les huit membres de l’exécutif local ont démissionné en bloc, «en guise de protestation». 

Le 24 mai, ils écrivent au parti pour demander de «démettre immédiatement» M. Bouazzi «en raison d’irrégularités graves». Selon eux, «le nombre de ces adhésions irrégulières dépasse de loin la marge de 5 voix» ayant scellé la victoire.  

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Mais leur requête a été reçue avec une douche froide par le secrétaire général du parti. Dans une réponse envoyée deux jours plus tard, il assure que l’ensemble des électeurs qui ont voté à l’investiture étaient «des membres en règle», puis prend à partie les contestataires.  

  • Écoutez la rencontre Philippe-Vincent Foisy et Antoine Robitaille diffusée chaque jour en direct 12 h 15 via QUB radio :

«Enquête illégitime»

Il les accuse d’avoir mené une «enquête illégitime», en plus d’avoir contacté uniquement les «membres avec un nom à consonance arabe» dans le cadre de leurs vérifications.  

«Il s’agit là d’une pratique qui à première vue s’apparente à du profilage racial, ce qui n’a absolument pas sa place à Québec solidaire», écrit Nicolas Chatel-Launay, le véritable chef du parti en vertu de la loi électorale.  

Il ajoute ensuite une mise en garde: «Nous jugeons d’ailleurs vos accusations diffamatoires à l’égard du candidat investi démocratiquement et nous ne pourrions accepter que de tels propos soient tenus dans l’espace public.»  

QS assure l’intégrité

En entrevue, M. Chatel-Launay assure avoir pris toutes les mesures pour assurer l’intégrité de l’investiture. 

«Notre comptable à l’interne a appelé les 11 personnes [...] et aucune ne nous a dit que Haroun ou quelqu’un de son équipe aurait payé sa carte de membre», affirme le secrétaire général de QS, Nicolas Chatel-Launay. Le processus a été supervisé par l’avocat du parti.  

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Au terme des vérifications, une personne a demandé à faire annuler son adhésion.  

«Quand on a fait la vérification des membres, il y a quelques-uns de ces membres qui ne se souvenaient pas d’avoir payé ou pas. On se rappelle que l’allégation qui est importante c’est que ‘‘Haroun Bouazzi a payé ma cotisation’’», souligne M. Chatel-Launay.  

Les personnes contactées souhaitaient toutefois bel et bien être membres, fait-il valoir.  

Puisque le montant pour l’adhésion est peu élevé (un choix de 5$ ou 25$), ces nouveaux adhérents pouvaient avoir oublié de bonne foi, estime-t-il. « Un 5 piastres, ça s’oublie assez facilement », dit M. Chatel-Launay.  

QS a donc demandé à ceux-ci de payer à nouveau et a envoyé le montant au DGEQ afin d’être certain ne pas conserver le montant en double. «Donc, on s’est assuré que la personne avait vraiment payé sa cotisation et que l’argent venait vraiment de cette personne-là», poursuit le secrétaire général. 

Schisme

Pour Nicolas Chatel-Launay, la controverse actuelle est le fruit de militants déçus de la défaite de leur candidat, Raphaël Rebelo. «Ça me paraît assez normal de vouloir trouver une explication pour laquelle on a été défaits», avance-t-il.  

Un membre de l’exécutif local ayant démissionné estime, de son côté, que la crise a fait mal au parti dans Maurice-Richard. Plusieurs militants très actifs ont déchiré leurs cartes de membre et se sont abstenus de voter pour QS aux récentes élections, confie cette source.    

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