Québec recule sur l’interdiction de vente de véhicules neufs à essence en 2035

Le gouvernement Legault recule comme celui de Carney avant lui en levant l’interdiction de vendre des véhicules neufs à essence à compter de 2035.

À l’origine, Québec exigeait que les concessionnaires ne vendent que des véhicules 100% électriques à partir de cette date. 

Désormais, la cible est plutôt de 90% et inclut les voitures hybrides rechargeables.

Le nouveau ministre de l’Environnement, Bernard Drainville, explique cette décision par la présence d'un certain locataire à la Maison-Blanche. 

«Trump a fait sauter, essentiellement, toutes [les] politiques visant à électrifier le marché de l’auto aux États-Unis», a-t-il souligné.

Québec emboîte ainsi le pas à Ottawa. En septembre, le gouvernement Carney a retardé la réglementation forçant 20% de ventes de véhicules à zéro émission dès 2026. 

«Dans les faits, [Ottawa] n’a plus de cible», estime M. Drainville. «Ils sont en consultation pour une nouvelle, mais pour le moment, ils sont à zéro.»

Jusqu'au départ de Trump

Le recul de Québec ne surprend «pas du tout» Daniel Breton, de Mobilité Électrique Canada. Le militant est même à l’aise avec l’annonce.

«Ça fait des mois que j’en parle», explique-t-il au Journal, soulignant que Trump «est en train d’éliminer les normes d’émission de gaz à effet de serre», ce qui permet aux constructeurs automobiles de «retarder l’inévitable».

L’expert dit avoir conseillé à Québec et Ottawa de «plier, mais ne pas briser, jusqu’à ce que Trump parte».

«On ajuste la norme à court terme, mais on garde une norme, et l’industrie a toujours un objectif clair à respecter», précise-t-il.

L’industrie salue aussi l’annonce, mais réclame davantage d’ajustements. La Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ) propose de réduire de moitié les cibles de 2026.

«Tant que les cibles resteront déconnectées de la réalité du marché, on fragilisera davantage l’accès aux véhicules et l’adhésion des Québécois à la transition énergétique», a déclaré Ian P. Sam Yue Chi, de la CCAQ, vendredi.

Gros défi

Sa modification aura un «impact» sur les engagements du Québec en matière de réduction des gaz à effet de serre, reconnaît le ministre de l’Environnement.

Mais Bernard Drainville se dit incapable de l’évaluer puisque «c’est trop tôt pour le dire».

Les véhicules électriques n’ont représenté que 13,4% des nouvelles immatriculations au Canada lors des trois premiers trimestres de 2024.

Les consommateurs qui bénéficiaient de 12 000$ de rabais à la fin de 2024 n’ont plus droit qu’à 4000$ aujourd’hui pour des véhicules dont les prix n’ont pas baissé.

Le député indépendant Youri Chassin et le chef conservateur Éric Duhaime proposent depuis septembre d’abandonner complètement l’interdiction de 2035, dans le cadre d’un «virage à droite» qu’ils souhaitent voir François Legault orchestrer.

Vendredi, Éric Duhaime était à moitié content de l'annonce. «Le gouvernement ne recule pas totalement avec son pourcentage de 90% de voitures électriques en 2035», a-t-il affirmé dans une déclaration écrite.

Le Québec et l’électrique

Au premier trimestre 2025

387 101 véhicules électriques

274 841 sont 100% électriques (71%, nouveau record)

1 véhicule sur 19 (5,24% de la flotte)

10 855 nouveaux VE ou 121 par jour

2,89% de progression, la plus faible depuis 2017

2 millions de VE toujours prévus (Objectif 2030)

Les régions championnes

Montérégie en tête avec 7% de véhicules électriques

Lanaudière suit avec 6,7% de sa flotte

Laval complète le podium à 6,65%

Bromont demeure championne municipale (12,83%)

Les gagnants et perdants

Hyundai Ioniq 5 explose avec 1169 nouveaux enregistrements

Tesla s'effondre avec seulement 56 véhicules (90% de baisse)

Sources : Association des véhicules électriques du Québec, Société de l’assurance automobile du Québec

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :