Québec numérique annonce sa fermeture en raison d’une enquête administrative
Le ministère de l’Emploi retient le versement d’un financement qui étouffe financièrement l’entreprise


Catherine Bouchard
Québec numérique, une organisation spécialisée dans l’accompagnement des entreprises dans leur virage numérique, annonce la fin de ses opérations et du même coup de son programme de formation pour plus de 200 étudiants.
L’organisation affirme avoir dû prendre cette décision difficile en raison d’un versement de 500 000$ qui se fait attendre depuis près d’un an de la part du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS).
Cela vient mettre le clou dans le cercueil des 220 étudiants du projet 42 Québec, qui étaient en plein milieu de leur formation dans le secteur du numérique et des technologies de l’information et de la communication.
Depuis 2020, Québec numérique bénéficie d’un financement de 5 M$ sur cinq ans pour la mise en place de 42 Québec. Lors de la reddition de compte de 2023, effectuée par la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT), le MESS décide de retarder le versement d’un million de dollars, indiquant avoir des questions à éclaircir.

«Et Québec numérique continuait de tenter de répondre à la CPMT, l’entremetteur avec le MESS, et ça n’aboutissait pas, jusqu’en novembre où Québec numérique s’est fâché», explique Hélène Dufour, directrice de 42 Québec.

Le MESS a consenti à octroyer la moitié du montant, tout en continuant d’exiger toujours plus de documents administratifs.
Des efforts colossaux
«Finalement, c’est pas mal plus périlleux. Le MESS a décidé de nous demander l’ensemble de toutes les transactions des dépenses faites depuis les trois dernières années. Même celles dans les redditions de compte faites et approuvées», poursuit Mme Dufour.
Selon elle, ces demandes découleraient d’un problème de conformité avec la CPMT. Le travail pour rassembler tous les documents fut colossal.
«Il a fallu qu’on embauche pour pouvoir faire ce qu’ils nous demandaient», se désole la directrice.
Québec numérique a appris, le 3 mai dernier, que le MESS avait encore des questions à éclaircir, mais également qu’elle faisait finalement l’objet d’une enquête administrative.
«Tout ce qu’on voulait, c’était d’être capable d’éclaircir ce qui semblait obscur, explique Mme Dufour. Je ne suis pas certaine qu’ils savent ce qu’ils cherchent, car même présentement, ils ne sont pas capables de nous mettre une faute précise.»
Malgré les efforts de Québec numérique pour pallier le versement manquant et éviter tout bris de service auprès des étudiants, l’organisation n’a plus de solution.
«Avec l’enquête qui est lancée [et l’incapacité d’en connaître la durée], on arrive au bout de nos ressources financières, il a fallu prendre des décisions extradifficiles», souligne la directrice.
L’entreprise comptait environ 25 employés. En mai, elle a dû en licencier sept et effectuer deux mises à pied. Et depuis, plusieurs employés démissionnent en raison de l’incertitude. Les employés et les élèves ont été rencontrés ce lundi.
La fermeture est prévue pour le 31 juillet. Une solution qui laisse toute l’équipe très amère.
«Ils ont utilisé la stratégie de l’horloge, juste pour étirer et étirer, jusqu’à tant que l’organisation soit complètement asphyxiée par ça», critique Mme Dufour.
Au moment d’écrire ces lignes, le MESS n’avait pas encore répondu aux questions du Journal.
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