Autre procès avorté : Québec donne une nouvelle chance à l’UPAC

Patrick Bellerose | Journal de Québec
Malgré l’arrêt des procédures judiciaires contre l’ex-maire de Terrebonne qui s’ajoute à une série de cafouillages de l’UPAC, Québec donne une nouvelle chance à son directeur, Frédérick Gaudreau, en poste depuis deux ans.
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« On parle d’une enquête qui prédate, si on veut, tous les changements qu’on a faits à l’UPAC depuis qu’on est arrivés au pouvoir », a déclaré mardi la présidente du Conseil du trésor, Sonia Lebel.
Celle qui a notamment été procureure en chef de la commission Charbonneau rappelle que son gouvernement a modifié le mode de nomination du commissaire de l’UPAC afin qu’il soit désormais confirmé par un vote aux deux tiers des élus de l’Assemblée nationale.
« On a donné plus de pouvoirs à l’UPAC, on l’a restructuré, il y a maintenant un nouveau directeur à l’UPAC. Je pense qu’on doit lui donner la chance, avec les nouveaux outils, de faire ses preuves », estime Mme Lebel.
La juge Nancy McKenna a ordonné hier l’arrêt des procédures contre l’ex-maire de Terrebonne, Jean-Marc Robitaille, son ex-directeur de cabinet Daniel Bélec, l’ex-directeur général de la Ville Luc Papillon et l’entrepreneur Normand Trudel.
La juge a statué que l’UPAC et le DPCP ont tenté de cacher des informations à la défense, afin de ne pas miner la crédibilité d’un témoin.
Ce procès avorté s’ajoute à plusieurs autres échecs de l’UPC ces dernières années, dont de l’arrêt des procédures contre l’ancienne ministre Nathalie Normandeau et ses coaccusés, ainsi que le retrait des accusations de fraude contre l’ex-numéro 2 de Montréal, Frank Zampino.
Confiance ébranlée
Pour le chef parlementaire de Québec solidaire, le moment est venu de se questionner sur la pertinence de maintenir l’UPAC en place.
« Le Québec a besoin d'une institution crédible et efficace qui éradique la corruption. On a besoin de ça. La question que je me pose ce matin, c'est : Est-ce que l'UPAC fait ça? J'en suis de moins en moins sûr, puis je pense que beaucoup de Québécois se posent cette question-là aussi », a déclaré Gabriel Nadeau-Dubois, dans les corridors de l’Assemblée nationale mardi matin.
La cheffe libérale, Dominique Anglade, a, pour sa part, qualifié de « désolant la situation dans laquelle on se trouve aujourd'hui. « Je suis très déçue de la situation », dit Dominique Anglade.
Comme ses rivaux, Mme Anglade n’avait pas de solutions concrètes à présenter face aux enquêtes qui se terminent en eau de boudin et aux procès avortés. « On fait les changements nécessaires, etc. Puis plus ça change, plus ça semble être pareil », a-t-elle déploré.
Le Parti québécois, lui, souhaite entendre l’UPAC en commission parlementaire. Mais son chef Paul St-Pierre Plamondon a surtout placé le blâme sur le gouvernement Legault. « Donc, moi, la première étape, c'est de demander des comptes, notamment à l'UPAC, et de voir une forme de leadership, de proactivité de la part du gouvernement qui, à ce jour, de procès en procès qui tombent, garde le silence et ne pose aucun geste... », a-t-il déclaré.