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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

[SONDAGE] Cibles d'immigration fixées par Ottawa: les Québécois veulent avoir leur mot à dire

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Photo portrait de Patrick Bellerose

Patrick Bellerose

2023-05-17T08:00:00Z
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N’en déplaise au lobby de l’Initiative du siècle, une majorité de Québécois souhaitent avoir leur mot à dire sur les seuils d’immigration du fédéral avant d’ouvrir toutes grandes les portes du Canada.

• À lire aussi: Le français est la priorité des Québécois en immigration, révèle un sondage Léger-Le Journal

En effet, 73% des répondants à un récent sondage Léger-Le Journal estiment que «le Québec devrait être consulté concernant les cibles d’immigration du gouvernement fédéral». La majorité se confirme autant chez les francophones (78%) que chez les non-francophones (58%). 

Les personnes sondées souhaitent ainsi s’assurer de maintenir le poids du Québec face aux autres provinces, dans une proportion de 60%. 

La question des seuils fédéraux est revenue dans l’actualité depuis la parution de notre dossier sur la volonté d’Ottawa d’accueillir 500 000 nouveaux résidants permanents annuellement à compter de 2025, soit le double du nombre reçu en 2014. 

  • Écoutez l'entrevue avec Christian Bourque, vice-président de la firme de sondage Léger via QUB radio :

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Même s’il s’en défend, le gouvernement Trudeau suit ainsi les recommandations d’un groupe de gens d’affaires torontois, nommé l’Initiative du siècle, qui souhaite faire passer le Canada à une population de 100 millions d’ici 2100. 

Avec 73% d’appuis, le premier ministre François Legault est donc au diapason avec les Québécois lorsqu’il affirme que le Québec ne se laissera pas dicter une telle hausse. «M. Legault va être content de celle-là en particulier», note le vice-président exécutif de Léger, Christian Bourque. 

Une solution, mais...

Dans l’ensemble, les Québécois voient l’immigration d’un bon œil. Celle-ci est une solution à la pénurie de main-d’œuvre, une source de croissance économique et un moyen efficace de contrer le vieillissement de la population, jugent-ils. (voir tableau ci-dessous)

Pourtant, seulement 22% d’entre eux souhaitent hausser les seuils pour le Québec. En additionnant les personnes en faveur du statu quo, on obtient tout de même 51% de répondants opposés à une baisse. 

En effet, l’idée d’une diminution n’obtient l’appui que d’une minorité, avec 41%, malgré les nombreux débats sur le sujet au cours de la dernière campagne électorale.  

Promesses caquistes

La promesse caquiste de réclamer d’Ottawa plus de pouvoirs pour sélectionner les nouveaux arrivants plaît toujours à 55% de la population, même si le premier ministre Justin Trudeau y a rapidement opposé une fin de non-recevoir après les élections l’automne dernier. 

Depuis cette rebuffade, François Legault axe plutôt son discours sur un autre engagement électoral, soit d’imposer des critères de connaissance du français pour l’immigration économique.

Immigration francophone

Mais cette proposition d’«accueillir uniquement des immigrants francophones» divise grandement la population, avec un faible appui de 47%. 

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Le portrait est toutefois tout autre quand on sépare les francophones et les non-francophones. Les premiers sont d’accord à 57%, contre un famélique 17% chez les non-francophones. 

Et l’idée est particulièrement populaire chez les 55 ans et plus. «Donc, c’est sûr que ça parle très fort à la base électorale de la CAQ cette question-là, de l’immigration et de la protection de la langue française», souligne Christian Bourque. 

*Un sondage Web a été réalisé auprès de 1001 Québécois âgés de 18 ans et plus s’exprimant en français ou en anglais, du 12 au 15 mai 2023. Une question a aussi été posée à 1144 Canadiens hors Québec pouvant s’exprimer en français ou en anglais. Les résultats ont été pondérés pour refléter la population.

Pas différents du ROC

Les Québécois ne sont pas différents des autres Canadiens dans le dossier des seuils d’immigration. 

La firme Léger a sondé 1001 Québécois et 1144 Canadiens hors Québec afin de savoir s’ils souhaitent réduire ou augmenter le nombre de nouveaux arrivants au cours des prochaines années. 

Dans les deux cas, 42% des répondants ont dit souhaiter une baisse du nombre d’immigrants, dont la moitié étaient en faveur d’en accueillir «beaucoup moins». 

Contrairement aux idées parfois propagées dans les médias canadiens, les Québécois sont tout aussi ouverts à une hausse que le «rest of Canada», à 20% et 17%. 

Environ le tiers des répondants serait satisfait avec le statu quo, d’un océan à l’autre. 

Ce consensus entre les deux solitudes n’étonne pas le vice-président exécutif de Léger, Christian Bourque. «Ce paysage-là n’a pas varié beaucoup au cours des dernières années. On l’a testé dans le passé, avant la pandémie et les résultats étaient toujours relativement similaires», remarque-t-il. 

Le français, une priorité

«Autrement dit, à peu près tout le monde au Canada pense à peu près la même chose. Ils ne pensent pas nécessairement la même chose pour les mêmes raisons, mais les proportions changent peu à travers le pays», explique M. Bourque. 

En effet, la protection du français arrive en tête des priorités des Québécois, dans le dossier de l’immigration.

Il s’agit d’une préoccupation pour 39% de l’ensemble des Québécois, mais la proportion grimpe à 50% chez les francophones. 

L’enjeu arrive devant la pénurie de main-d’œuvre (32%), la croissance économique (22%) et le vieillissement de la population (7%). 

Et le dossier de l’immigration n’a pas fini d’occuper le débat public: 66% des personnes sondées affirment que c’est un sujet qui les touche beaucoup ou un peu, contre seulement 29% qui y accordent peu d’intérêt.   

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