Victoire en vue pour la CAQ malgré une très mauvaise campagne
La campagne a été difficile pour François Legault alors que Québec solidaire et le Parti Québécois ont brillé


Annabelle Blais
François Legault a mené une très mauvaise campagne, selon l’avis d’experts. La bonne nouvelle pour lui est qu’il pouvait se le permettre... mais plus pour très longtemps.
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Pendant tout l’été, la CAQ a mis la table pour l’élection avec des publicités où M. Legault n’apparaissait jamais, mais où citoyens et candidats lui attribuaient tous les mérites, voire des miracles.
Professeur, ULaval
« Puis, François Legault est entré en scène et ça a été une catastrophe », affirme Thierry Giasson, politologue à l’Université Laval.
« Il y a fait plusieurs gaffes », ajoute Mireille Lalancette, professeure en communication politique à l’Université du Québec à Trois-Rivières.
Il a notamment associé l’immigration à la violence et il s’en est pris aux Attikameks.
Professeure, UQTR
« M. Legault n’est pas un politicien éloquent ou charismatique, et ce n’est pas un bon orateur, dit M. Giasson. Tout ce qui touche à la diversité est un brûlot pour lui, il n’est pas capable de s’exprimer sans blesser les gens [...] C’est très troublant. »
« J’ai l’impression que M. Legault est quelqu’un qui ne supporte pas l’adversité ou d’être critiqué. On ne sent pas qu’il a du plaisir », ajoute Mme Lalancette.
Quand même loin devant
L’avantage de M. Legault est qu’il est capable de s’excuser.
« Et il partait avec un tel capital de sympathie à cause de la pandémie qu’il a pu faire cette campagne très mauvaise ; les gens lui pardonnent, ajoute M. Giasson. Mais il était urgent que ça se termine. La patience des gens allait arriver à terme. »
La division du vote permet toutefois à la CAQ de rester loin devant dans les intentions de vote.
Gabriel Nadeau-Dubois a réussi à passer ses idées et à faire une campagne positive, selon Mireille Lalancette.

« Il réussit bien à faire du storytelling politique en évoquant qu’il est nouveau papa et ça lui sert bien. »
« C’est une super campagne pour QS, abonde M. Giasson. Il y a eu un travail de redéfinition du chef et de son image depuis plusieurs mois. On a choisi des enjeux qui s’arriment à son histoire de vie et il les incarne bien. »
Paul St-Pierre Plamondon s’est aussi illustré, croit Thierry Giasson.

« En débat, il était la voix de la raison, la personne qui ramenait à l’ordre, dit-il. Il était digne, il avait de la hauteur ; ce à quoi on est en droit de s’attendre d’un premier ministre. »
Pour Dominique Anglade, c’était la tempête parfaite, illustre Mme Lalancette. Par contre, on ne pourra dire qu’elle a fait ça “côté vanille”. Elle a donné le maximum. »

« Probablement qu’à l’intérieur du Parti libéral, il y avait des enjeux de transition qui n’étaient pas réglés, ajoute M. Giasson. Elle a fait tout ce qu’elle pouvait avec l’organisation que son parti lui a donnée. »
Quelle pandémie ?
La pandémie, elle, a été mise sous le tapis.
« Je pense qu’implicitement, il y a une entente entre les partis [...] pour ne pas donner d’espace à Éric Duhaime, ajoute Thierry Giasson. Mais qu’on ne parle pas plus de CHSLD, ça me sidère, je ne comprends pas ça. »

Le chef conservateur semble avoir canalisé quelque chose dans une partie de la population avec ses rassemblements, dit Mireille Lalancette.
Mais ce ne sera pas suffisant pour le pouvoir, dit M. Giasson, précisant qu’il ne faut pas sous-estimer la colère des gens pour autant.
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