Que se passe-t-il entre Israël et l'Iran?


24 heures
Israël a été attaquée dans la nuit du 13 au 14 avril par des missiles en provenance de l'Iran, qui répondait ainsi à une frappe contre son consulat en Syrie. Moins d'une semaine plus tard, Israël aurait mené une réplique discrète. Voici les grandes lignes de ce qu'on sait.
Texte mis à jour le dimanche 21 avril, à 10h (heure de Montréal).
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L'attaque de l'Iran
Selon l'armée israélienne, dans la nuit du 13 au 14 avril, l'Iran a «lancé un essaim de 300 drones tueurs, des missiles balistiques et des missiles de croisière» en sa direction. Des alliés du régime iranien (le Hezbollah libanais et les rebelles yéménites houthis) ont tiré des roquettes et des drones vers le territoire israélien en même temps.
Ils ont presque tous été abattus en vol. Seuls quelques missiles balistiques «sont entrés et ont touché légèrement» une base militaire, qui reste en activité, a indiqué le porte-parole de l'armée, Daniel Hagari.

«Avec les États-Unis et d'autres partenaires, nous avons réussi à défendre le territoire de l'État d'Israël», s'est félicité le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant.
Outre plusieurs blessés légers, une jeune fille de 7 ans a été gravement blessée.
Un spécialiste des relations internationales a analysé la situation ainsi, sur les ondes de France Info: «l’attaque telle qu’on l’a vue se dérouler cette nuit était d’un type dont l’Iran savait très bien qu’Israël avait tous les moyens de la parer», a mentionné l'universitaire Bertrand Baddie. Selon lui, l'Iran a fait preuve de retenue pour éviter une escalade, sachant «qu’Israël a des moyens militaires et diplomatiques dont (il) ne dispose pas».
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Comment fonctionne le Dôme de fer?
Le Dôme de fer d'Israël a notamment été utilisé pour intercepter les missiles en provenance de l'Iran.

Le Dôme de fer est le nom que l'on donne au système de défense aérienne d'Israël, qui intercepte des missiles en plein vol. Il est fonctionnel depuis 2011. Il ne s'agit pas d'un réel dôme physique; c'est une image pour parler du système de protection.
En gros, il est composé d'appareils qui détectent des missiles qui arrivent et envoient un autre missile dessus pour les abattre.
Les États-Unis ont aidé Israël à parer l'attaque. Deux navires américains présents dans la région ont notamment détruit une demi-douzaine de missiles avant que des avions n’entrent en action, détruisant à leur tour plus de 70 drones iraniens.
Pourquoi cette attaque de l'Iran envers Israël?
L'attaque iranienne est une réponse à une frappe menée 1er avril dernier, qui a détruit le consulat iranien à Damas, en Syrie, et coûté la vie à sept membres des Gardiens de la révolution, dont deux hauts gradés.

L'Iran a accusé Israël de cette frappe, mais ce dernier n'a ni confirmé ni démenti.
Réactions au lendemain de l'attaque
- Réaction de l'Iran. L’Iran a demandé le 14 avril à Israël à ne pas réagir militairement à son attaque. «L’affaire peut être considérée comme close», a annoncé la mission iranienne à l’ONU dans un message posté trois heures après le début de son opération. Le chef des forces armées iraniennes a salué une attaque qui «a atteint tous ses objectifs». Le président de l'Iran Ebrahim Raïssi a déclaré que la «punition de l'agresseur s'est réalisée», prévenant Israël que toute riposte «imprudente» à cette attaque donnerait lieu à une réponse militaire beaucoup «plus forte». Aux cris de «Mort à Israël», «Mort à l'Amérique», quelques milliers de personnes se sont rassemblées dans les principales villes d'Iran pour saluer l'attaque iranienne.

- Réaction des États-Unis. Les États-Unis ont annoncé le 14 avril qu'ils ne participeront pas à une éventuelle riposte israélienne contre l’Iran. «Nous ne ferons partie d’aucune réponse qu’ils entendent mener», a affirmé à la presse un haut responsable de l’administration Biden sous le couvert de l’anonymat. «Nous ne nous voyons pas participer à un tel acte», a-t-il insisté. Le samedi suivant, les États-Unis ont approuvé une aide militaire de plusieurs milliards de dollars pour Israël.
- Réaction de l'ONU. L'ONU a déclaré que «ni la région ni le monde ne peuvent se permettre plus de guerre» et appelé à une désescalade. L'ambassadeur israélien à l’ONU Gilad Erdan a appelé le 14 avril le Conseil de sécurité à imposer «toutes les sanctions possibles» contre l’Iran, après l’attaque sans précédent contre Israël.
- Réaction du G7. Par voie de communiqué, le G7 a affirmé son «plein soutien» à Israël et dit être «prêt à prendre des mesures» face à «d’autres initiatives de déstabilisation».
- D'autres acteurs incitent à la prudence. L'Égypte a mis en garde contre un «risque d'expansion régionale du conflit». L'Arabie Saoudite a pour sa part appelé à «la plus grande retenue». Pékin a dit sa «profonde préoccupation» et Moscou a appelé à la «retenue».
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L'impact sur le prix du pétrole
Dès que la nouvelle de l'attaque a commencé à circuler, des gens se sont mis à s'inquiéter de l'impact qu'elle aurait sur le prix du pétrole, l'Iran étant un grand producteur. Les prix du pétrole avaient grimpé vendredi, avant même que les drones et missiles ne soient lancés, étant donné que l'Iran menaçait de riposter après l'attaque sur son consulat.
Comme de fait, le prix de l'essence a augmenté dans la semaine ayant suivi l'attaque. À Montréal, le vendredi suivant, plusieurs stations services vendaient l'essence autour de 1,90$ ou 1,92$ le litre.
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Est-ce que ça va durer? «Les craintes de tensions croissantes au Moyen-Orient peuvent faire grimper les prix du pétrole à court terme. Mais à moins que quelque chose n’interrompe le flux de pétrole en provenance du golfe Persique pendant une période significative - ce qui est très improbable-, cela ne sera pas économiquement dévastateur», a estimé l’analyste Ellen Wald le 14 avril.
Les scénarios susceptibles d’entraîner une hausse des prix à long terme - comme une attaque israélienne contre les infrastructures iraniennes de production ou d’exportation de pétrole entraînant des pannes majeures - restent «extrêmement improbables», a-t-elle ajouté.
La riposte d'Israël
Le 19 avril, des médias d'État iraniens ont annoncé que des détonations avaient été entendues à l'aube près d'une base militaire du centre de l'Iran. Selon des médias aux États-Unis, citant des responsables américains, il s'agissait d'une opération israélienne en riposte à l'attaque iranienne.
Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas fait de commentaire.
Dans un entretien avec la chaîne américaine NBC, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a toutefois relativisé l'attaque. «Ce qu'il s'est passé la nuit dernière n'était pas une attaque. Il s'agissait de deux ou trois drones quadrirotor, comme ceux avec lesquels les enfants jouent en Iran», a-t-il ironisé.
Selon le Washington Post, citant un responsable israélien, l'attaque visait à montrer à l'Iran qu'Israël avait la capacité de frapper à l'intérieur de son territoire.
Le lien avec la situation entre Israël et Gaza
Ces attaques survienennt alors qu'Israël est engagé depuis plus de six mois dans une guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza.
L'Iran, qui ne reconnaît pas l'existence d'Israël, est un allié du Hamas, auteur le 7 octobre d'une attaque sanglante sans précédent sur le sol israélien (1170 décès et 250 personnes prises en otage) qui a provoqué une offensive israélienne dévastatrice à Gaza, où 33 729 personnes, essentiellement des civils, ont péri, selon le mouvement islamiste palestinien.
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