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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

«Que pourrait-il nous arriver de pire?»: à Gaza, la peur d'une occupation totale par Israël

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AFP

2025-08-07T12:25:04Z
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«Mais quand donc ce cauchemar prendra-t-il fin?»: la perspective d’une extension des opérations de l’armée israélienne dans la bande de Gaza suscite le désespoir des Palestiniens du territoire, à bout après 22 mois de siège et de guerre.

• À lire aussi: Israël: devant le bureau du premier ministre, d’ex-otages appellent à la fin de la guerre à Gaza

«Nous vivons déjà chaque jour avec l’angoisse et la peur de l’inconnu. Les discussions sur l’expansion des opérations terrestres par Israël signifient plus de destruction et de mort», s’alarme Ahmad Salem, 45 ans, résident d’un camp de réfugiés dans le nord de Gaza, et aujourd’hui déplacé dans l’ouest du territoire.

«Il n’y a aucun endroit sûr à Gaza. Si Israël étend à nouveau ses opérations terrestres, nous serons les premières victimes [...]. Tout ce que nous voulons, c’est vivre en paix. Nous ne pouvons pas en supporter davantage», lâche-t-il, interrogé par l’AFP.

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou réunit jeudi en fin d’après-midi son cabinet de sécurité pour décider des suites de la guerre dans la bande de Gaza, où l’extension des opérations de l’armée semble acquise, selon les médias israéliens, qui évoquent une possible conquête totale du territoire.

«Nous lisons et entendons tout dans les nouvelles [...] et rien de tout cela n’est en notre faveur», s’accable Sanaa Abdullah, 40 ans, habitante de Gaza-ville (nord).

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«Israël ne veut pas s’arrêter. Les bombardements continuent, le nombre de martyrs et de blessés monte en flèche, la famine et la malnutrition s’aggravent, et les gens meurent de faim. Que pourrait-il nous arriver de pire?», fustige-t-elle.

«Des chiffres ou des animaux»

Après près de 22 mois d’une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza est menacée d’une «famine généralisée» selon l’ONU et est totalement dépendante de l’aide humanitaire. Quelque 2,4 millions de Palestiniens y vivent au quotidien sous les bombes.

L’armée israélienne opère au sol dans près de 75% du territoire, principalement depuis ses positions permanentes le long de la frontière. Elle bombarde partout où elle le juge nécessaire. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), 87,3% du territoire est militarisé par Israël et soumis à des ordres d’évacuation.

Les zones non occupées sont aussi les plus densément peuplées: les villes de Khan Younès et de Gaza, et les camps de réfugiés de Deir al-Balah.

«Maintenant, ils parlent de plans pour étendre leurs opérations comme si nous n’étions même pas humains, juste des animaux ou des chiffres», s’offusque Sanaa.

«Une nouvelle invasion terrestre signifie de nouveaux déplacements, de nouvelles peurs, et nous ne trouverons même pas d’endroit où nous cacher. La situation est déjà insupportable, pas d’eau, pas assez de nourriture. Que se passera-t-il s’ils commencent une autre opération terrestre? Dieu seul est avec nous...»

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«Nous avons vécu beaucoup de guerres auparavant, mais aucune comme celle-ci. Cette guerre est longue et épuisante. D’un déplacement à un autre, nous sommes exténués», souligne à l’AFP Amal Hamada, 20 ans, du nord de Gaza, aujourd’hui déplacée à Deir al-Balah (centre).

«À mon âge, je devrais être à l’université, continuer mes études, non pas vivre dans une tente, perdre tout ce que j’aime, subir la famine et les déplacements forcés».

«Nous ne pouvons même plus bouger. Si une nouvelle opération terrestre commence, ce sera une catastrophe humanitaire encore plus grande. Nous n’avons plus la force de courir, de fuir, ou même de crier. Le monde doit agir avant que nous soyons effacés. Quand ce cauchemar prendra-t-il fin?».

L’attaque du 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles. Les représailles israéliennes ont fait au moins 61 258 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.

Mardi, au cours d’une session du Conseil de sécurité de l’ONU, un haut responsable onusien a mis en garde contre «les conséquences catastrophiques» d’un élargissement des opérations militaires israéliennes à Gaza.

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