Que pense vraiment Trudeau de la Chine au fond de lui?

Mario Dumont
Nous venons de vivre une autre semaine entière à voir Justin Trudeau recourir à tous les trucs défensifs pour repousser les allégations d’ingérence chinoise dans nos élections. Au-delà de la stratégie, nous sommes curieux de savoir ce qu’il pense vraiment de la Chine au fond de lui-même.
Croyez-moi, les décisions d’un leader politique ne sont pas seulement le résultat de calculs. Elles sont généralement teintées de sa pensée profonde et de ses convictions.
Moment inoubliable
Reportons-nous au jeudi 7 novembre 2013. Dans une salle de réception de Toronto, Justin Trudeau participe à une soirée-conférence avec des femmes d’affaires.
Celles-ci ont payé pour entendre un Justin Trudeau détendu leur présenter sa vision du Canada.
Justin Trudeau venait de prendre les rênes du Parti libéral et commençait à rebâtir le parti en vue des élections. Les chefs politiques participent à des dizaines de ces activités, à la fois pour recueillir des fonds essentiels, mais aussi pour se faire connaître et diffuser leur message.
Après avoir fait son laïus d’usage, Justin Trudeau arrive à l’étape sympathique de répondre aux questions des femmes présentes. Rien de trop sorcier.
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Monsieur Trudeau est à son meilleur dans le genre de proximité qu’il crée dans ce genre d’exercice.
Arrive alors cette dame avec une question originale. « Après le Canada, quel est l’autre pays que vous admirez le plus ? »
Quelle réponse !
La réponse de Justin Trudeau allait passer à l’Histoire. « J’ai une certaine admiration pour la Chine parce que leur régime dictatorial... permet de transformer leur économie en un clin d’œil... »
De tous les pays du monde, il choisit la Chine ! Réponse étonnante pour quelqu’un qui aspire à gouverner une démocratie. Réponse qui lui a valu une pluie de critiques.
Néanmoins, tout nous indique qu’il s’agissait d’une réponse honnête, qui traduisait une impression bien ancrée dans sa pensée.
Sa réponse tient du réflexe. En un instant, il révèle ce qui lui vient spontanément à l’esprit. Nous comprenons tous que s’il avait soupesé le pour et le contre avec une équipe de conseillers, il n’aurait jamais répondu cela.
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Zone de vulnérabilité
Comment ne pas repenser à cette déclaration dix ans plus tard alors qu’il est devenu premier ministre et que l’ingérence chinoise est à l’ordre du jour.
L’auteur de la réponse de 2013 a-t-il eu les bons réflexes à toutes les étapes ? A-t-il toujours eu une lecture lucide de la réalité des relations avec la Chine de Xi Jinping ?
Chose certaine, le sujet de la Chine est un terrain de vulnérabilité pour Justin Trudeau. Pour cette raison, les faux-fuyants et l’hésitation deviennent encore plus dommageables.
Les malaises s’accumulent. Un ex-président de la Fondation Trudeau est celui que le premier ministre a désigné pour faire rapport sur l’ingérence dans nos élections.
La Fondation Trudeau rembourse la donation douteuse d’un milliardaire chinois sept ans plus tard.
Ne fût-ce qu’au niveau des apparences, rien cette semaine n’a pu rassurer les Canadiens.