Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Éducation

Que nous réserve 2024 en éducation: les effets de la grève se feront sentir

Certains élèves auront accumulé plus de retard que d’autres

PHOTO D'ARCHIVES Jean-François Desgagnés / Journal de Québec
Partager
Photo portrait de Dominique  Scali

Dominique Scali

2024-01-02T05:00:00Z
Partager

Le Québec sort d’une grève historique dont les retombées positives comme négatives pourraient se faire sentir longtemps. Quels moyens seront mis en œuvre pour pallier les retards accumulés par les élèves les plus affectés par la fermeture des écoles? La réponse à cette question risque de faire couler plus d’encre que les nouveautés comme le projet d’aide à la classe ou la création d’un Institut d’excellence en éducation.

1) Des examens du ministère ajustés en raison de la grève?

Certains élèves ont été plus affectés par la grève du personnel scolaire que d’autres. Ceux qui fréquentent un établissement dont les professeurs font partie de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) ont manqué (plus de 16 jours) d’école, contre 7 à 8 jours pour ceux du Front commun. Pendant ce temps, la plupart des élèves du privé n’ont pas été touchés du tout.  

Les examens du ministère seront-ils ajustés pour faire face à cette inégalité? Des cours d’été seront-ils offerts à ceux qui doivent rattraper le retard accumulé? Les enseignants recevront-ils comme consigne de se concentrer sur les «savoirs essentiels», comme ce fut le cas pendant la pandémie? À suivre.  

2) Revivra-t-on la panique du manque de profs en août?

Y aura-t-il un enseignant dans la classe de mon enfant? Beaucoup de parents se sont posé la question lors de la rentrée. Le 23 août dernier, plus de 8500 enseignants manquaient toujours à l’appel dans l’ensemble du Québec.   

Publicité

Au-delà de la pénurie de personnel, une des raisons derrière cette panique est le fait que beaucoup d’attributions de postes et de contrats se font à la dernière minute, quelques semaines voire quelques jours avant la rentrée.  

Le ministre de l’Éducation Bernard Drainville a dit vouloir revoir cette façon de faire, mais l’issue de cet enjeu dépendra des négociations en cours avec les syndicats.  

Le ministre de l'Éducation Bernard Drainville, en avril 2023
Le ministre de l'Éducation Bernard Drainville, en avril 2023 Photo d'archives Stevens LeBlanc

3) Fini, les profs agresseurs qui se promènent d’une école à l’autre

Le ministre Drainville a déposé en décembre un projet de loi visant à mieux protéger les élèves contre les inconduites sexuelles du personnel scolaire.  

Jusqu’à maintenant, des clauses d’amnistie permettaient aux employés de voir les taches à leur dossier disparaître après un certain temps, même quand il s’agissait de fautes graves. Ils pouvaient donc changer d’école ou d’employeur sans que personne ne connaisse leurs antécédents, selon un rapport d’enquête accablant diffusé cet automne. 

Le projet de loi prévoit la fin de ces clauses d’amnistie et un meilleur partage des informations entre les centres de services scolaires.    

4) Le nouveau cours d’ECR enseigné à tous

Le nouveau cours de Culture et citoyenneté québécoise, qui remplacera celui d’Éthique et culture religieuse, sera donné à tous les élèves à partir de l’automne 2024.  

Le programme abordera notamment des sujets comme la cyberintimidation et l’éducation à la sexualité, tandis que le contenu consacré à la culture religieuse a été réduit.  

L’implantation dans toutes les écoles, d’abord prévue pour 2023, a été reportée d’un an. Des enseignants avaient en effet critiqué le manque de formation et de manuels disponibles.  

Publicité
5) Création controversée d’un institut d’excellence en éducation

Le ministre Drainville a déposé au printemps le projet de loi 23 qui prévoit la création d’un Institut d’excellence en éducation, qui devrait être sur pied à temps pour la rentrée de l’automne 2024. 

Ce nouvel organisme aura pour mandat de recueillir des données probantes et de guider les pratiques des enseignants. En revanche, le Conseil supérieur de l’éducation, qui fait des recommandations aux ministres depuis 1964, ne se consacrera plus qu’à l’enseignement supérieur.  

Des enseignants et plus de 240 professeurs ont toutefois dénoncé ce projet, craignant que certaines recherches scientifiques soient écartées au bénéfice d’une approche privilégiée par une minorité d’experts. Des intervenants ont aussi dénoncé la centralisation des pouvoirs entre les mains du ministre que permet le projet de loi 23.  

6) Plus d’aides-enseignants en classe

Le projet d’aide à la classe pourrait être étendu à 15 000 classes du primaire, mais son implantation dépendra des négociations en cours avec les syndicats.  

Très apprécié sur le terrain, ce projet a d’abord été implanté dans une centaine d’écoles à l’automne 2022. Il permet à des éducatrices de passer du temps en classe pour soutenir les enseignants, qui doivent composer avec un nombre toujours plus grand d’élèves à besoins particuliers. En même temps, ce projet permet aux éducatrices d’obtenir plus d’heures de travail dans une semaine, la plupart ayant un horaire brisé ou à temps partiel.   

7) Moins de paperasse pour que les élèves en difficulté aient des services

Un chantier est en cours pour repenser la façon d’offrir des services aux élèves qui ont des besoins particuliers. 

Actuellement, les services offerts par les orthophonistes, psychoéducateurs, psychologues et autres professionnels sont financés en fonction du nombre de jeunes ayant un code de difficulté. Beaucoup d’élèves doivent donc attendre d’obtenir un diagnostic avant qu’un professionnel puisse les aider à l’école.  

Un allègement bureaucratique avait été annoncé en 2020, mais le projet est toujours en développement. Il est actuellement discuté aux tables de négociations syndicales. 

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité