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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Que faut-il savoir à l’approche des élections de mi-mandat aux États-Unis? Deux experts répondent à nos questions

AFP
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Julien Corona

2022-10-21T20:00:00Z
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Les élections de mi-mandat aux États-Unis ont lieu prochainement, le 8 novembre. L'issue de plusieurs courses demeure incertaine, et le suspense plane quant au contrôle du Congrès.

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Comme d'habitude, les élections de mi-mandat aux États-Unis vont renouveler l’entièreté de la Chambre des représentants et le tiers du Sénat américain. 

Si, au courant de l’été, plusieurs réussites de l’administration Biden ont permis une inversion des dynamiques de sondage habituelles à ce scrutin, ces dernières semaines ont remis les démocrates sur la défensive face à une possible vague républicaine. 

Pour vous aider à mieux comprendre ce scrutin qui aura nécessairement un effet sur la vie d’ici, le chroniqueur du Journal Luc Laliberté et le chercheur en résidence à l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand Julien Toureille ont répondu à nos questions.

Voici donc ce que vous devez savoir avant le 8 novembre.

Quels sont les sujets de prédilection des électeurs... et quelles sont les réponses proposées par les partis?

Luc Laliberté (L. L.): Du côté démocrate, on souhaitait miser sur les questions de l’avortement, l’aide aux étudiants lourdement endettés, la menace qui pèse sur la démocratie américaine, ou encore sur les victoires législatives du président. Mais le sommet de cette dynamique a été atteint trop tôt.

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JEAN-FRANCOIS DESGAGNES/JOURNAL
JEAN-FRANCOIS DESGAGNES/JOURNAL

Julien Toureille (J. T.): Les récents sondages indiquent que ce qui préoccupe l’électorat est désormais très classique. Ça tourne autour des questions économiques, avec l’inflation et les perspectives incertaines de croissance à moyen terme. Face à de telles préoccupations, ce sont paradoxalement les républicains qui semblent favorisés.

Capture d'écran Chaire Raoul-Dandurand
Capture d'écran Chaire Raoul-Dandurand

L. L.: Sur ces points, un président dispose de peu de moyens pour intervenir. On a vu Joe Biden jouer récemment avec les réserves de pétrole, mais il peut difficilement faire plus.

J. T.: Et c’est là où le bât blesse, car le camp démocrate pourrait faire valoir l’entièreté de ses récents succès. Or, il n’y arrive pas. Le camp démocrate a un problème avec le narratif. Il n’arrive pas à le contrôler.

Quelles sont les grandes courses de ces élections de mi-mandat?

L. L.: Pour le Sénat – que les démocrates devraient continuer à contrôler –, il y a six ou sept courses particulièrement intéressantes. J’aurai les yeux rivés sur l’Arizona, la Pennsylvanie, la Géorgie, l’Ohio, le Michigan, la Floride et le Wisconsin.

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J. T.: La course principale pour ces élections de mi-mandat est évidemment celle qui consiste à renouveler l’intégralité des 435 élus de la Chambre des représentants. Elle est essentielle, car traditionnellement le parti du président y est perdant. La perte de la majorité à la Chambre signifie que le président ne sera plus en mesure de faire avancer son agenda législatif jusqu’à la fin de son mandat.

L. L.: Concernant la Chambre, on relève plus d’une trentaine de courses plus serrées, mais elles sont récemment presque toutes dominées par les républicains. Le taux de participation sera à surveiller de près. Si les démocrates, les femmes en particulier, se mobilisent, des surprises sont toujours possibles, mais probablement pas assez pour sauver la majorité démocrate.

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Est-ce une élection pour ou contre Biden/Trump, pour la démocratie?

J. T.: Joe Biden aurait bien aimé faire de ces midterms un référendum sur Trump ainsi que sur la vision de ce que doivent être les États-Unis (avec un accent particulier sur la protection de la démocratie et de l’avortement). Malheureusement, ça ne prend pas. 

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L. L.: En 2020, huit millions d’électeurs de plus ont voté pour Biden plutôt que pour Trump. On ne se trompe sans doute pas beaucoup en affirmant qu’une majorité d’entre eux l’ont fait pour se débarrasser de Trump. Que reste-t-il de cette mobilisation? La commission de la Chambre qui enquête sur le 6 janvier a produit des résultats choquants, mais il n’est pas certain qu’on se déplace encore autant pour inscrire un vote contre Trump.

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J. T.: Au-delà d’une paralysie de l’action gouvernementale, une victoire républicaine pourrait leur permettre de mener une attaque tous azimuts contre Biden et l’administration. Cela passera par l’ouverture d’une procédure en impeachment, et par la multiplication de commissions d’enquête sur la prétendue politisation de la bureaucratie fédérale, en particulier le FBI, soupçonné par les républicains de mener une chasse aux sorcières contre Trump.

Comment vont s’intégrer ces élections dans la perspective des présidentielles de 2024?

J. T.: Cette situation serait encore plus inquiétante dans la perspective de 2024. Selon certains scénarios, ces républicains pourraient en effet être en mesure de nier le résultat des urnes s’il devait ne pas leur être favorable. Nous assisterions alors à un déni de démocratie, voire à un coup d’État mené par la manipulation de règles.

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L. L.: Du côté des démocrates, ils ont eu leur leçon et, en cas de victoire, ils pourraient envisager de frapper plus fort, avec par exemple l’abolition du filibuster au Sénat. Côté républicain, un mot: chaos... On mènerait une guerre totale qui pourrait, comme le rappelle à juste titre Julien Toureille, mener à des perspectives bien sombres.

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