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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Que cache l'invitation de Legault aux oppositions?

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Photo portrait de Josée Legault

Josée Legault

2023-01-13T10:00:00Z
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Ce n’est pas tous les jours que des chefs de l’opposition se font inviter à rencontrer le premier ministre pour autre chose qu’une jasette de politesse. Mercredi, c’est pourtant ce qui est arrivé.

En point de presse – lequel, de manière prévisible, serait éclipsé par la démission de Sophie Brochu, PDG d’Hydro-Québec –, François Legault s’est dit en grande forme et pressé d’« électrifier le Québec ».

Puis, il a ajouté ceci : « Je vous annonce que, dès la semaine prochaine, les dates commencent à être fixées, je vais rencontrer les quatre chefs d’opposition, incluant [celui du] du Parti conservateur du Québec. »

Pourquoi ? « Pour écouter leurs suggestions, a-t-il dit, d’abord sur ce dossier-là, mais aussi sur les autres priorités. » Sa liste ? Inflation. Réorganisation du réseau de la santé. Éducation. Pénurie de main-d’œuvre. Déclin du français. Immigration. Vaste programme, comme dirait l’autre.

Il est vrai qu’en toute fin de campagne, M. Legault s’était engagé à travailler avec les partis d’opposition : « C’est ça que les Québécois souhaitent, qu’on travaille ensemble. » Vrai.

Le fameux diable se cachant toujours dans les détails, il restera toutefois à voir si son intention d’être « plus à l’écoute » des partis d’opposition se matérialisera concrètement ou non.

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Sentiment d’injustice

En termes stratégiques, l’invitation du premier ministre s’explique. Ayant abandonné sa promesse de réformer le mode de scrutin, il sait néanmoins qu’un sondage Léger/Le Journal publié en octobre montrait que 53 % des Québécois souhaitent un nouveau mode de scrutin plus représentatif de la division réelle des votes entre les partis.

Du moment où la CAQ, avec 41 % des voix, récoltait 90 sièges sur 125, l’iniquité démocratique d’un tel résultat, aussi légitime soit-il, a sauté aux yeux de beaucoup de Québécois.

Même si son gouvernement est fortement majoritaire, François Legault sait donc qu’il doit tenter d’atténuer tout au moins ce sentiment d’injustice.

D’où sa main tendue aux autres chefs : le libéral Marc Tanguay, le solidaire Gabriel Nadeau-Dubois, le péquiste Paul St-Pierre Plamondon et le conservateur Éric Duhaime, même s’il n’a aucun élu.

Pour que cette intention soit crédible, l’écoute de M. Legault devra cependant se traduire, de temps à autre, par l’adoption de propositions qui lui seront faites par ses adversaires. Le fera-t-il ?

La démission de Sophie Brochu lui en donne une première occasion. Paul St-Pierre Plamondon lui demande d’assurer que la ou le prochain PDG d’Hydro-Québec soit nommé de manière « apolitique » par l’appui d’au moins deux des partis d’opposition et après une « audience accordée à chaque parti avec le candidat ou la candidate ». À suivre...

Pluie de crises

Comme je l’ai déjà écrit, ce second mandat de la CAQ s’annonce comme celui de toutes les crises. Le système de santé s’écroule. Les écoles publiques sont vampirisées par le privé subventionné.

L’inflation et la crise du logement grugent la qualité de vie et la santé mentale de nombreux Québécois. Le déclin du français s’accélère. La pénurie de main-d’œuvre menace la pérennité de secteurs vitaux de l’économie. La transition énergétique s’annonce ardue. Etc.

Le premier ministre a beau jouir d’un immense capital de confiance, la réalité est que d’ici les élections de 2026, une longue pluie de crises l’attend. Si elles perdurent trop, particulièrement en santé, même la patience légendaire des Québécois pourrait s’effriter.

D’où le besoin stratégique, mais aussi très terre-à-terre, d’écouter ce que les oppositions auront à proposer. Reste à voir si cette écoute sera véritablement active ou si elle sera plus passive...

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