Quatre solutions pour contrer la pénurie de profs

Simon Landry, Enseignant au secondaire dans la région métropolitaine
Le printemps est à nos portes et l’année scolaire 2021-2022 tire à sa fin. Les deux dernières années ont été très éprouvantes pour notre système d’éducation. Une des plus grandes problématiques ayant été mise en lumière fut la pénurie de personnel scolaire, notamment le personnel enseignant. Les écoles ont dû être très flexibles et créatives afin d’éviter les bris de service éducatif. Il faut dorénavant réfléchir à l’année scolaire à venir.
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La pénurie de personnel scolaire est un enjeu qui perdure depuis plusieurs années et qui ne se règlera pas à court terme. Par contre, des solutions simples et rapidement applicables peuvent être envisagées dès maintenant afin de minimiser son impact:
1. Permettre aux écoles de faire appel aux conseillers pédagogiques qui œuvrent dans les centres de services scolaire et au ministère, surtout lorsqu’il s’agit de remplacements à plus long terme. Les conseillers pédagogiques sont généralement d'anciens enseignants légalement qualifiés avec plusieurs années d’expérience. Ils seraient donc en mesure de prendre la relève rapidement dans une classe sans une longue période d’adaptation. Compte tenu de la situation actuelle, les besoins en main d'œuvre devraient avoir priorité sur les besoins de formation.
2. Revoir les horaires de cours des étudiants des facultés d’éducation. Les étudiants en enseignement devraient avoir l’option de faire leurs cours le soir, la fin de semaine ou à distance, afin de libérer leurs journées de semaine, ajoutant ainsi une masse importante de suppléants qui ne cherchent qu’à acquérir de l’expérience en milieu scolaire.
3. Implanter des programmes de stages en milieu de travail pour les finissants en éducation, leur permettant d’intégrer le marché du travail immédiatement à plein salaire, sous supervision d’un collègue, plutôt que de faire un stage très peu rémunéré de deux mois.
4. Créer un programme de formation rapide et condensé, similaire au programme Teach For America 1, où des gens possédant un diplôme universitaire pourraient suivre un programme intensif de 5 à 6 semaines durant l’été. Alors que la maîtrise qualifiante mène à l'obtention d'un brevet d'enseignement, ce programme intensif mènerait à une certification temporaire valide pour 2 ou 3 ans. Cette formation intensive permettrait d’acquérir des bases rudimentaires en pédagogie, en gestion de classe ainsi que de mieux comprendre les rouages du monde scolaire. Une évaluation des aptitudes, notamment de la qualité du français, serait incluse en fin de parcours. Cela viendrait pallier à l'intégration "sauvage" du personnel non qualifié, qui est généralement parachuté dans une classe sans aucune préparation. Le réseau universitaire québécois doit être mis à contribution afin d’implanter rapidement ce type de formation.
Les programmes de formation intensive ainsi que ceux d’insertion des étudiants en éducation doivent être implantés en même temps qu’un programme de mentorat, où ces nouveaux enseignants seraient accompagnés tout au long de l’année par des collègues qualifiés et expérimentés. Ce programme doit permettre aux enseignants mentors d’alléger leur tâche, notamment les tâches connexes à l’enseignement (surveillance, administration, etc.), leur permettant de consacrer du temps à l’encadrement et l’accompagnement des nouveaux enseignants. Le tout se doit maintenant d’être négocié urgemment et de bonne foi entre le gouvernement et les fédérations syndicales si on aspire à une mise en place pour la rentrée 2022.
Ça prend un plan à long terme
L'actuel plan de contingence n'est en réalité qu'une légitimation et légalisation de mesures qui existaient déjà dans plusieurs écoles (disponibilités obligatoires, suppléance par du personnel non-enseignant, etc.). N'oublions pas que le temps supplémentaire obligatoire, le fameux TSO, devait être au départ une mesure très temporaire dans le réseau de santé mais est devenu non seulement une pratique courante, mais également la norme dans certains établissements de santé. Il faut à tout prix éviter de tomber dans le même piège avec nos écoles.
La pénurie d’enseignants n’est pas près de se résorber complètement. Il faudra plusieurs années pour former et intégrer la relève qui passe par le baccalauréat en enseignement. Il faudra assurer la rétention de cette relève en revalorisant la profession enseignante et le milieu scolaire en son entièreté, sans quoi nous serons éternellement dans ce même cercle vicieux. Un véritable plan à long terme, échelonné sur plusieurs années et surtout sans visées électoralistes doit être établi en mettant les gens de terrain à contribution. Plusieurs solutions à long terme existent, il suffit de faire preuve d'écoute et d'ouverture.
Nous pouvons mettre en place ces mesures afin de minimiser le manque de personnel à court terme et ainsi assurer un meilleur service éducatif dans nos écoles.
Si tout le monde met l’épaule à la roue et fait preuve de bonne volonté, nous pouvons y arriver. Nos enfants le méritent bien. Maintenant, qu'attendons-nous pour agir?

Simon Landry, Enseignant au secondaire dans la région métropolitaine