Négociations dans le secteur public: le Front commun maintient sa menace de grève, la FAE rejette aussi la dernière offre

Patrick Bellerose
Le Front commun maintient sa menace d’une grève générale illimitée au retour des Fêtes. De son côté, la Fédération autonome de l’enseignement a également rejetté la dernière offre de Québec déposée hier, repoussant à nouveau la perspective d'un retour en classe malgré une 5e semaine de débrayage.
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Les chefs syndicaux du Front commun (FTQ, CSN, CSQ, APTS) ont fait part de la décision de leurs instances, réunies la veille afin d’établir le plan de match après les sept jours de grève qui ont pris fin la semaine dernière.
Les délégués ont appuyé le déclenchement d’une grève générale illimitée au début de l’année 2024, si aucune entente n’est conclue avec Québec d’ici là, a annoncé François Enault, premier vice-président de la CSN. Avec 420 000 travailleurs du secteur public dans la rue, un débrayage paralyserait les écoles du Québec, en plus d’affecter le réseau de la santé et les autres services aux citoyens.
«Il est encore possible d’avoir un règlement d’ici la fin de l’année, mais il faut mettre des efforts et descendre les mandats nécessaires», affirme-t-il.
Accélérer la cadence
Le Front commun réclame donc une accélération des pourparlers, tant aux tables sectorielles qu’à la table centrale.
M. Enault dénonce des négociations en yoyo. «Ça prend des dépôts sérieux pour qu’on puisse régler», a-t-il déclaré.
«On n’acceptera pas des conditions d’emploi qui ne vont pas améliorer nos réseaux», a résumé la présidente de la FTQ, Magali Picard, à ses côtés.
Pas question, toutefois, d’annoncer pour le moment la date du déclenchement d’une éventuelle grève générale illimitée. «On ne veut pas mettre de date, premièrement parce qu’il y a un effet de surprise. On veut analyser les choses. Mais ce n’est pas du bluff», a assuré François Enault.
Les syndiqués, dit-il, sont prêts à sortir dans la rue «demain matin».
Sur une échelle de 1 à 10, le premier vice-président de la CSN estime l’avancée des travaux à 6,5 à la table centrale et à 5 aux tables sectorielles.
«Mais c’est le genre de chose qui peut se régler, comme on l’a dit tantôt, aux tables en 48 heures, en 72 heures», a souligné le président de la CSQ, Éric Gingras.
Offre refusée
Ce dernier estime que la nouvelle proposition, déposée la veille par Québec afin de régler la situation avec les enseignants, «n’était pas à la hauteur».
«Pour ce qui est de la composition de la classe, il y a des demandes du côté de la fédération, on n’a aucune ouverture. Et on dit que, par exemple, l’aide à la classe va tout régler. On est encore sur les mêmes bases qu’il y a plusieurs semaines qu’on a dénoncées», explique M. Gingras.
La FSE et l’APEQ, qui représentent les enseignants au sein de la CSQ, déposeront d’ailleurs une nouvelle offre à la table sectorielle aujourd’hui afin de tenter d’avancer sur les priorités syndicales, soit la composition de la classe et l’allègement de la tâche.
L’autre grande organisation qui représente les enseignants, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), a finalement réagi en fin d'après-midi. Elle rejette aussi la dernière offre du gouvernement.
«On est encore loin d’une entente, même si la partie patronale semblait penser qu’on pourrait accepter ça facilement», a déploré la présidente de la FAE, Mélanie Hubert, dans une vidéo adressée aux quelque 66 500 professeurs en grève.
«Il y a des éléments positifs, on ne le niera pas, mais ça n’a pas pour effet de mener à une entente de principe», a-t-elle ajouté en soulignant que l’offre de mardi ne tient pas compte de plusieurs demandes syndicales, notamment en matière de composition des classes.
Mme Hubert est aussi revenue sur les déclarations enthousiastes du gouvernement laissant entendre que les négociations vont bon train et que les deux camps s’approchent d’une entente.
«Ce n’est pas, malheureusement, le cas pour la FAE. Croyez-le ou pas, nous ne sommes toujours pas dans un blitz [de négociations], malgré 20 jours de grève générale illimitée», a-t-elle dénoncé en précisant que l’analyse de chaque offre déposée gruge du temps qui pourrait être utilisé pour négocier.
«Le premier ministre et ses représentantes et représentants ont opté pour une stratégie d’épuisement des profs, en laissant perdurer ce conflit, ce qui est complètement inacceptable et irresponsable quand on considère la souffrance enseignante et les impacts du manque de services de qualité aux élèves», a-t-elle ajouté par voie de communiqué.
Opinion publique
Chose certaine, le Front commun estime avoir l’opinion publique de son côté.
C’est plutôt le gouvernement Legault qui fait les frais de ce conflit qui traîne depuis le début de l’automne, affirment les leaders syndicaux. «Vous avez vu, comme nous, les sondages. Il est en chute libre», affirme Magali Picard.
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