Le Journal à New York: quand Patrick Roy est l’entraîneur, mais aussi l’homme le plus bruyant dans l’aréna

Kevin Dubé
Elmont, New York | Patrick Roy n’a laissé personne indifférent, depuis son arrivée à Long Island. C’est le moins qu’on puisse dire.
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Dimanche, après son premier entraînement avec l’équipe, puis lors de son premier match face aux Stars de Dallas, tout le monde n’en avait que pour l’intensité dégagée par Roy.

Tous ceux qui n’ont pas suivi l’homme de hockey depuis cinq ans ont été impressionnés par l’intensité de l’entraînement matinal de 15 minutes qu’il a tenu avant son premier match. Il a frappé sur la glace avec son bâton, crié ses directives et ses encouragements à ses joueurs, été impliqué et investi physiquement dans chacune de ses explications.
Ç’a marqué l’imaginaire, et on peut le comprendre: ce n’est pas la norme, dans la LNH. En fait, ce ne l’est pas non plus dans la LHJMQ!
Mais c’est la norme pour Patrick Roy.
Ce que les gens ont vu de lui, dimanche matin, avec les Islanders n’avait rien de différent de ce qu’il faisait avec les Remparts, un mardi matin quelconque de janvier en plein milieu de la saison régulière. Que ce soit en 2018 à son arrivée avec une équipe jeune et en reconstruction, ou en 2023 alors que l’équipe se préparait pour la conquête d’un championnat. Et je peux vous le confirmer, puisque j’y étais presque tous les jours.

«Ça te réveille!»
Entraîneur adjoint avec les Remparts l’an dernier, Simon Gagné peut aussi en témoigner et, lui, l’a vécu de l’intérieur.
«Je vais toujours me rappeler le camp d’entraînement l’an dernier. Le premier entraînement, c’était les joueurs recrues et c’était Ben [Desrosiers] et moi qui menions la pratique. Ensuite, c’était les vétérans et Pat est embarqué sur la glace avec toute son intensité et ça m’a marqué. Il parle fort, il est engagé, il siffle avec sa bouche. Ça te réveille, ça te pogne! Les gars n’ont pas le choix d’être réveillés et prêts chaque matin.»
Gagné a aussi souri quand il a vu les images de l’entraînement ainsi que les exercices proposés par Roy.
«Le premier exercice qu’ils ont fait, c’était un exercice de sorties de zone qu’on faisait à peu près à toutes les pratiques. Et quand il disait aux joueurs: “il faut qu’on soit bons dans cet aspect”, il a raison parce qu’il le répétait aussi l’an dernier. On cognait sur le clou sans arrêt et on sortait la rondelle pas à peu près de notre zone, la saison passée», rappelle-t-il.

Sa grande complice de plusieurs années, Nicole Bouchard, a elle aussi reconnu l’homme intense et animé d’une flamme qui ne s’est jamais éteinte, même s’il a aujourd’hui 58 ans.
«Je regardais les images et, à part que je trouvais ça bizarre de le voir en bleu et orange, je ne voyais pas de changement: c’était le même gars qu’on a vu au cours des cinq dernières années avec les Remparts et même avant.»
Un peu fou
Tranche de vie: sur le plan personnel, les dernières 48 heures ont été un peu folles.
À 15h46, samedi, les Islanders annoncent qu’ils ont congédié leur entraîneur-chef, Lane Lambert, et qu’ils l’ont remplacé par Patrick Roy. Je dois reconnaître que j’ai eu besoin de relire deux et trois fois, et de m’assurer qu’il ne s’agissait pas d’une fausse nouvelle comme il y en a tant qui circulent ce nos jours.
Le reste a été un feu roulant: le point de presse officiel à 17h30 avec Roy et Lou Lamoriello et le branle-bas de combat pour trouver un vol pour le lendemain matin afin de ne pas rater le premier match de Roy, derrière le banc de l’équipe, en soirée.
De quoi faire augmenter le taux d’adrénaline et de cortisol!
Finalement, tout s’est bien passé.
Je n’ose donc même pas m’imaginer comment ç’a pu être fou pour Roy, lui-même. Bien installé dans sa demeure secondaire en Floride, il profitait de la vie sur les terrains de golf. Puis, Lou Lamoriello l’a appelé, il voulait le rencontrer et il allait se déplacer pour le faire. S’en sont suivis une rencontre en personne, puis un appel quelques jours plus tard pour lui offrir de façon officielle le poste d’entraîneur-chef des Islanders. Roy ne l’a pas caché: les dernières heures ont été stressantes et éreintantes pour lui.
«Je vais bien dormir ce soir!» a-t-il lancé, tout sourire, après la victoire de 3-2 en prolongation des Islanders, dimanche soir.

De son téléviseur, Nicole Bouchard l’a vue, la nervosité chez Patrick Roy.
«Il avait l’air calme mais, comme je le connais, il était nerveux. Au début du match, je le trouvais rouge pas mal! Il avait beaucoup de pression sur les épaules, mais dès que la rondelle est tombée sur la glace, on a revu le même gars qui était avec nous depuis cinq ans et même avant.»

L’espoir renaît
Il ne faut pas s’emporter trop vite, mais on n’a pas le choix de reconnaître que Roy a réussi sa première impression. Il n’est pas rare de voir un nouvel entraîneur débarquer dans une équipe et que cette nouvelle voix ait un effet galvanisant sur l’ensemble d’un vestiaire.
On l’a ressenti, dimanche soir, en écoutant les commentaires d’après-match des joueurs.
Combien de temps cette lune de miel durera-t-elle? Personne ne peut répondre à cette question.
Mais Gagné sait une chose: Roy n’abandonnera pas tant qu’il n’aura pas réussi à faire de cette équipe ce qu’il pense qu’elle peut devenir. Exactement comme il l’a fait, l’an dernier, avec les Remparts.
«Pat va taper sur le clou, mais il va donner de la corde aux gars qui sont bons offensivement et ils vont le respecter pour ça. Ce n’est pas parce qu’il est dans la LNH que ça va changer. L’an dernier, il n’a pas arrêté de répéter aux joueurs qu’il était important d’avoir confiance en lui et envers le processus. À la fin, on a battu la meilleure équipe au Canada en finale de la Coupe Memorial», rappelle-t-il.