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L'article provient de Le Journal de Montréal
Santé

Psycho: voici pourquoi nos attentes nous jouent des tours

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Photo portrait de Dr François Richer

Dr François Richer

2023-08-17T01:20:00Z
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Nos attentes nous permettent d’anticiper des satisfactions, mais elles sont parfois une source de déceptions ou de regrets quand on les laisse nous contrôler. 

«Je pensais qu’il allait m’en parler.» «Je ne pensais pas que ça se passerait comme ça.» «Je voulais tellement que ça arrive!» Nos cerveaux anticipent continuellement ce qui va arriver à partir de notre expérience, de nos connaissances et de nos désirs. 

Nos désirs déclenchent des anticipations plus émotives, des attentes. Nous espérons que nos actions vont porter des fruits, que nos demandes seront bien reçues, que les gens seront gentils.

Certaines attentes sont plus délibérées comme celles d’un patron, d’un client ou d’un parent. D’autres sont plus automatiques comme lorsque nous anticipons des satisfactions (par exemple, manger un bon repas, revoir un proche, prendre un congé).

Nos attentes nous aident à prévoir, elles augmentent notre attention et nos efforts. Elles nous permettent d’apprendre, de planifier nos actions et de les ajuster en fonction de leurs conséquences.

Encaisser les déceptions

Lorsqu’un résultat est moins positif qu’attendu, on vit une déception, une mini-tristesse déclenchée par une perte de plaisir. 

Un enfant à qui on refuse une faveur peut bouder, pleurer ou protester. Être déçu nous permet d’apprendre ce qui ne fonctionne pas pour changer de stratégie ou ajuster nos attentes. 

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Plusieurs facteurs peuvent rendre nos déceptions plus ou moins fortes ou fréquentes. 

Nos attentes sont parfois moins réalistes. Les personnes perfectionnistes, idéalistes ou ambitieuses ont souvent de grandes attentes. Les attentes irréalistes favorisent les déceptions, mais les attentes trop réduites favorisent les chutes de motivation.

Certains sont moins affectés par les déceptions grâce à des avantages sociaux (finances, talents recherchés, réseau de soutien, popularité) ou psychologiques (succès préalables, estime de soi, capacités). D’autres ont développé des habitudes d’interprétation des évènements, comme relativiser ou rationaliser, qui réduisent les déceptions.

Regretter nos choix

Les regrets sont des déceptions à propos de nos choix antérieurs. Ce que l’on aurait dû dire ou faire différemment. Nos occasions ratées, nos erreurs de jeunesse. Notre cerveau se met en mode bilan et nous envoie des pensées automatiques qui nous évaluent après coup, quand les conséquences ou les autres voies sont devenues plus claires, ce qui augmente notre sentiment de culpabilité.

Revisiter notre passé est naturel, surtout quand les évènements nous rappellent ce qui aurait pu arriver si nos choix petits (achats, conversations...) et grands (expériences, études, emplois, relations...) avaient été différents. 

Cependant, nos bilans sont loin d’être objectifs. Nous nous rappelons nos échecs et nos occasions ratées plus facilement que nos succès et nos bons choix. 

De plus, nous nous jugeons avec des yeux différents de l’ancien « soi » qui a pris les décisions. 

Autant certaines personnes se remettent en question constamment, autant d’autres ont très peu de regrets ou de doutes, leurs intuitions leur fournissant fréquemment une réinterprétation favorable de leurs choix.

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Quand nos déceptions prennent le contrôle

Lorsque nos déceptions sont grandes ou fréquentes, elles peuvent affecter notre humeur, nous rendre tristes ou irrités. Certains peuvent vivre de l’amertume ou ruminer obsessivement sur leurs insatisfactions. D’autres se critiquent de plus en plus, ils se mettent à douter de leurs intuitions et à perdre leur estime d’eux-mêmes. 

Pour compenser, certaines personnes évitent les déceptions en réduisant radicalement leurs attentes et leurs désirs, mais cette stratégie peut conduire à des pertes de motivation (apathie) et de plaisir (anhédonie) qui amplifient l’humeur dépressive.

Contrôler nos attentes et nos déceptions 

Nos attentes sont influençables. Nous pouvons amplifier l’enthousiasme et les attentes trop pessimistes de nos proches et donner une chance aux occasions de plaisir qui s’offrent à nous.

Nous pouvons prévenir les déceptions majeures en nous entraînant à prévoir plusieurs scénarios possibles, y compris les moins plaisants. Les mauvaises nouvelles sont moins graves quand elles sont attendues. En plus, il faut se rappeler qu’on ne contrôle pas tout. Parfois, les circonstances ne sont pas favorables, ce n’était pas le bon moment, nous n’avions pas toutes les informations, ce n’était pas fait pour nous, etc. Nos erreurs et nos revers sont des occasions d’apprendre. 

Nous pouvons aussi prendre du recul face à nos attentes et à nos déceptions, les accepter comme des pensées automatiques qui ne nous définissent pas. On vaut beaucoup plus que nos performances.

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