Quand les Expos aident à faire le deuil...


Benoît Rioux
À la retraite depuis à peine quelques mois, Dave Van Horne profitera d’un agenda moins chargé et fera partie des nombreux invités de Perry Giannias, le dimanche 27 mars à Laval, dans le cadre de l’Expos Fest. Il sera aux côtés des Tim Raines, Steve Rogers, Vladimir Guerrero et Bartolo Colon, entre autres.
Celui qui fut la voix anglophone des Expos pendant plus de 30 ans a complété sa prolifique carrière de descripteur chez les Marlins de Miami, de 2001 à 2021.
«Montréal a toujours conservé une place spéciale dans mon coeur, dit l’homme de 82 ans, établi en Floride avec son épouse Josée Coursol, qui a d’ailleurs grandi dans la métropole québécoise. Cette fois, j’y reviens avec plaisir pour appuyer une magnifique cause.»
Si l’Expos Fest vient aider à la recherche sur les tumeurs cérébrales chez les enfants, Van Horne garde à l’esprit une terrible épreuve qu’il a dû traverser dans les hôpitaux pendant son long séjour à Montréal. L’Américain n’avait que 36 ans, comme sa première femme Nancy, quand celle-ci est décédée d’un anévrisme, le 17 février 1976. Le couple avait alors quatre fils.
«Ç’a été une période terrible pour moi et les quatre garçons, confie Van Horne, dans une touchante entrevue. À ce moment-là, le baseball m’a réellement sauvé. J’avais un endroit où m’échapper pendant quelques heures sans penser à autre chose. C’était une thérapie. Mais dans une telle épreuve, tu réalises que la vie n’est pas toujours juste.»
Elle n’avait que 5 ans
La tragédie vécue par la famille Van Horne vient rappeler l’essence de l’Expos Fest, qui va bien au-delà des autographes distribués. Atteinte d’une tumeur cérébrale inopérable, Catherine «Kat» Demes est décédée, le 22 juillet 2015. Elle n’avait que 5 ans. La vie n’est pas toujours juste, disait-on.
Depuis sa mort, il y a eu la création de la Fondation Kat D DIPG par ses parents Peter Demes et Dina Bourdakos. Puis, Perry Giannias, un membre de la famille, a eu l’idée de créer l’Expos Fest pour appuyer la cause. En quelques années, on approche maintenant le million de dollars amassés pour la recherche sur ce monstre qu’est le «gliome pontique intrinsèque diffus».
«Si on n’aide pas les enfants à survivre, où s’en va le monde?», demande Dina Bordakos, citée sur le site web de l’événement.
Voilà pourquoi Dave Van Horne sera à l’Embassy Plaza de Laval, le 27 mars, tout comme une quinzaine d’anciens des Expos au total. Parmi, les autres invités de marque : l’ex-lanceur québécois Éric Gagné et l’ancien joueur du Canadien de Montréal Steve Shutt. Si toutes les places pour la soirée caritative sont déjà vendues, il est encore possible de participer à la collecte via un encan en ligne ayant commencé ce jeudi 17 mars au exposfest.encanpro.ca.
Kat, Katy et Derek
Les pensées pour la petite Kat sont omniprésentes dans une telle activité de financement. L’édition 2022 aura aussi permis à l’organisateur Perry Giannias de se changer un peu les idées alors qu’il a vu plusieurs proches partir dans les derniers mois, dont sa mère prénommée... Katy.
Triste coïncidence: le 27 mars prochain, jour de l’Expos Fest, l’ancien lanceur Derek Aucoin aurait célébré son 52e anniversaire de naissance. Décédé en décembre 2020 des suites d’un cancer du cerveau, il était un habitué de l’événement.
La vie n’est pas toujours juste... Durant la soirée, on trouvera un moyen de le saluer.
Jacques Doucet à Cooperstown : une question de temps
Ayant fait son entrée au Temple de la renommée du baseball à Cooperstown en 2011, le légendaire descripteur Dave Van Horne est convaincu que le Québécois Jacques Doucet le rejoindra un jour. Peut-être plus tard cette année?
«Pour tout commentateur sportif du baseball majeur, c’est la consécration ultime de gagner le trophée Ford C. Frick et se retrouver à Cooperstown, indique fièrement Van Horne. Dans le cas de Jacques, ça va arriver... Sa carrière parle d’elle-même.»
Âgés tous deux de 82 ans, ces bons amis ont chacun travaillé pendant plus de trois décennies pour les Expos de Montréal. Van Horne, du côté anglophone, à la télévision et à la radio. Doucet en a fait de même en berçant de sa voix les amateurs francophones.
«J’ai toujours eu une excellente relation avec Dave, confie Jacques Doucet. Souvent, quand nous étions sur la route, nous allions souper ensemble. C’était un véritable professionnel au niveau de sa préparation. J’ai beaucoup de respect pour lui.»
Si Van Horne a quitté les Expos pour les Marlins au terme de la saison 2000, la carrière de Doucet s’est poursuivie au-delà du départ du club montréalais, en 2004, avec notamment la description des matchs des Blue Jays de Toronto sur les ondes de TVA Sports.
Au Panthéon canadien
En juin prochain, non sans quelques reports en raison de la pandémie de COVID-19, Jacques Doucet devrait finalement être intronisé au Temple de la renommée du baseball canadien, à St. Marys, en Ontario. Van Horne y avait été élu en 2014.
Les deux hommes avaient toutefois déjà leur nom à l’intérieur des murs de ce Panthéon à titre de récipiendaires du trophée Jack Graney [NDLR : en 1996 pour Van Horne et en 2004 pour Doucet], soulignant leur travail dans le monde des médias.
Pour Cooperstown, rappelons que Doucet s’était à nouveau retrouvé en 2019 parmi les huit finalistes pour l’obtention du prix Ford C. Frick, remis annuellement par le Temple de la renommée du baseball à un commentateur sportif pour sa contribution exceptionnelle. Or, l’Américain Ken Harrelson, associé aux White Sox de Chicago pendant 33 saisons, lui avait été préféré. En raison des règles en vigueur, le Québécois devait ensuite attendre trois autres années avant d’être encore admissible. Nous en sommes là... Les prochains finalistes devraient être dévoilés en novembre prochain.