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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Quand le maire de Québec détruit l’histoire du Québec

Photo Stevens LeBlanc
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Photo portrait de Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté

2025-06-18T15:30:00Z
2025-06-19T04:00:00Z
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Denys Arcand a le génie pour prédire l’avenir. Je crois deviner sa méthode: il s’intéresse à la dynamique idéologique de fond de nos sociétés, et cherche à voir jusqu’où elle ira dans son délire. 

On se souvient de son dernier film, Testament, où une maison de personnes âgées était obligée de faire recouvrir une fresque heurtant une bande d’étudiants d’extrême gauche croyant parler au nom des Amérindiens, qui y verraient une représentation humiliante de leur histoire.

Il s’agissait évidemment, comme c’est toujours le cas chez Arcand, d’une réflexion subtile et grinçante sur la disparition du peuple québécois, qui voit son histoire effacée, et qui consent à cela lâchement.

Arcand

Et comme de fait, ce que Denys Arcand annonçait vient de se passer à Québec, plus exactement à l’hôtel de ville de Québec.

Le maire, Bruno Marchand, a décidé d’en retirer une mosaïque apparemment insultante pour les Autochtones, et plus exactement pour les Hurons-Wendat.

Elle sera d’abord recouverte d’une toile, comme dans certaines religions on voile les femmes car elles seraient sans cela indécentes.

Ensuite, on la retirera. On a assurément abusé ces dernières années du mot «wokisme», mais je n’en connais pas de plus adéquat pour parler de cette censure aberrante relevant de la culture du bannissement.

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Notre histoire telle que nous l’avons vécue doit donc être chassée de l’espace public.

Les monuments et tableaux qui ne sont pas parfaitement accordés aux valeurs de la société actuelles n’ont plus droit de cité.

Car la machine ne s’arrêtera pas ici. Quelle sera la nouvelle cible des censeurs?

Le maire Marchand devrait prendre les commandes: quelles sont les autres communautés vexées par telle statue, par tel tableau?

L’inclusion, ici, devient un mot orwellien, qui cache en fait l’exclusion symbolique des Québécois de leur propre pays.

Et la réconciliation bascule dans la fraude idéologique.

Il s’agit essentiellement d’expliquer aux Québécois qu’ils sont de trop dans le pays qu’ils ont fondé.

Qu’on se comprenne bien: s’il fallait faire une nouvelle toile, aujourd’hui, pour raconter la fondation de la Nouvelle-France et ses suites, elle serait différente, évidemment.

Mais on se demandera: est-ce que chaque génération doit effacer les traces de la précédente?

Je me souviens qu’il y a quelques années, revenait à l’occasion une discussion sur le drapeau. Ne faudrait-il pas le modifier, car il porterait deux marques discriminatoires, la croix, et la fleur de lys?

Exclusion

Même chez certains souverainistes, obsédés à l’idée d’être ouverts, au point de n’être plus rien, de ne plus avoir la moindre densité, cette idée trouvait des défenseurs.

Quelle sottise. Les nationalistes doivent réagir. De même, ils doivent envoyer le signal à ceux qui voudraient que les funérailles nationales ne se tiennent plus dans les églises qu’ils nuisent à leur cause et à leur peuple.

On me dira que ce sont deux sujets différents.

À tort. Ils sont liés. La haine de soi n’est jamais payante.

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