Quand La Poune et Louis Cyr font équipe pour résoudre un assassinat sordide
Voici un jeu de meurtre et mystère réel créé par Alexia Bhéreur-Lagounaris, fondatrice de la compagnie Ablblalab


Louis-Philippe Messier
À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Une chasse au trésor de type meurtre et mystère dans le quartier Hochelaga des années 1910 suscite tellement l’engouement que les organisateurs prévoient déjà des supplémentaires. Notre chroniqueur a participé à cette activité qui fait beaucoup marcher et beaucoup parler.
Aux abords du marché de Maisonneuve, notre groupe est facile à repérer: nous sommes coiffés de chapeaux à la mode d’il y a cent ans.
Je découvre que je suis le curé Évariste Lafleur, mêlé à une sordide affaire de meurtre.

Dans le jeu, un commerçant local (assez peu aimable merci) vient de mourir dans l’incendie de sa maison, peut-être en même temps que sa femme et ses enfants.
Parmi mes compagnons, il y a l’homme fort Louis Cyr, la syndicaliste Christine Cadet, le poète Émile Nelligan et nul autre que le fondateur du Devoir, Henri Bourassa.
Certains joueurs ont des rôles d’enquêteurs et prennent des notes dans des calepins.

«Je m’amuse à inclure seulement des personnages qui ont vraiment existé, certains très connus, comme Louis Cyr, et d’autres plus obscurs mais liés au quartier», m’explique la créatrice du jeu, Alexia Bhéreur-Lagounaris, fondatrice de la compagnie au nom imprononçable de Ablblalab.
Un historien de formation travaille avec la créatrice.
«L’idée, c’est de plonger nos participants dans une autre époque, mais toujours dans le même quartier, avec les mêmes rues, les mêmes bâtiments qui ont souvent changé de rôle», ajoute Mme Bhéreur-Lagounaris.
Heureusement, le quartier de l’ancienne ville de Maisonneuve regorge de magnifiques bâtiments.
Pas de téléphone ou d’écran: tout se joue avec des cartes et des crayons.
Voici La Poune!
Deux animateurs, vêtus en détectives, encadrent notre groupe... et s’assurent que nous ne nous fourvoyions pas trop en partant à marcher dans la mauvaise direction.
Pendant plusieurs minutes, on est surchargé d’informations. Petit à petit, les scénarios possibles (pour expliquer le meurtre) émergent.

Un moment clé de l’expérience survient lorsque notre groupe de 12 joueurs rencontre un autre groupe qui a commencé le jeu ailleurs dans le quartier.
Nous voilà maintenant 24 personnages.
Une jeune participante dont le personnage s’appelle Rose ou le petit diable s’avère être Rose Ouellette enfant, la future Poune.
Je ne pensais jamais participer à un meurtre et mystère en compagnie de La Poune!

Il n’y a pas forcément de rapport entre le joueur et son rôle. Une jeune Mexicaine joue Louis Cyr. Un barbu à voix de stentor incarne la travailleuse sociale Marie Gérin-Lajoie. Un gaillard souriant est Robertine Barry, une journaliste de la fin du 19e siècle.
Et le coupable est...
Il y a un rabais pour les habitants du quartier, mais le jeu est ouvert à tous.
«Nous sommes de Charlebourg près de Québec, nous adorons les meurtre et mystère... alors nous nous sommes inscrits même si nous ne connaissons pas du tout la ville», me raconte Martin Gagnon, qui a joué en compagnie de sa conjointe, Élyse Pelchat.
«Ça vient de nous faire découvrir le quartier, j’ai adoré ça!» s’enthousiasme celle-ci.
La scène finale du jeu se déroule dans un resto-bar dont je vais taire le nom.
Après deux heures de marche dans Maisonneuve, on n’est pas fâché de s’asseoir!
Chacun y va de sa théorie au sujet du meurtre. Une juge à perruque blanche vient enfin trancher l’affaire.

Attention: comme dans le jeu Clue, il est tout à fait possible que l’assassin, ce soit vous!
Renseignements : AblBlaLab.com