Quand la partisanerie et l’individualisme prennent le dessus

Les frasques du député Haroun Bouazzi ont atteint un nouveau niveau d’invraisemblance alors que trois partis ont décidé de consacrer des motions à la dénonciation des propos tenus par le député de Québec solidaire.

Tout d’abord, sachez que je ne cautionne pas ces propos qui sont exagérés. On a clairement un cas ici de personnalités souhaitant attirer l’attention avec des propos sensationnalistes amplifiant un phénomène qui est cependant présent dans certains discours à l’Assemblée nationale, soit la construction de l’autre comme source de divers problèmes.

Le refus de celui-ci de s’excuser démontre également à quel point le collectif ne semble pas présent dans sa réflexion alors que ses frasques ont fait ombrage à un congrès qui s’annonçait positif et signe de changement. Une réflexion devrait être amorcée par le député de Maurice-Richard, qui est maintenant un poids pour son parti.

Racisme

On doit cependant reconnaître qu’il y a une forme de racisme dans certains discours que nous entendons à l’Assemblée nationale. La facilité à mettre sur le dos de l’immigration les nombreux torts et enjeux affligeant la société, et par le fait même sur les immigrants, illustre une tendance de plus en plus présente tant au nord qu’au sud de la frontière.

Alors que nous aurions pu saisir l’occasion de dénoncer les propos et d’avoir une discussion sérieuse sur un enjeu d’actualité, nous pouvons observer la classe politique se ruer sur l’os afin d’en bénéficier le plus possible. La décision de ne présenter pas une, pas deux, mais bien trois motions revient à se poser en victime alors que trop souvent, ce sont plutôt les personnes immigrantes qui le sont.

Plutôt que de consacrer des motions à des enjeux d’importance comme les coupes en francisation, le réchauffement climatique ou l’austérité au sein des services publics, les partis tentent d’obtenir le dernier mot dans la saga Bouazzi. Le tout pour obtenir quelques clics et quelques articles.

Perte

La forme l’emporte sur le fond et c’est notre société qui en ressort perdante. Ce genre de comportement ne peut contribuer à amener des gens à s’intéresser à la joute parlementaire et doit plutôt renforcer les perceptions de déconnexion entre les élus et la population, élément présent derrière l’élection de Donald Trump aux États-Unis.

Il n’est pas trop tard pour corriger le tir, mais la démocratie et les discussions de fonds en ont pris pour leur rhume cette semaine.

Vincent Boulay
Avocat et militant du PQ