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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

«Quand j’ouvre les rideaux le matin, je pleure»: des pylônes de la colère à Dunham

Des tracés de nouvelles lignes électriques d’Hydro sèment l’angoisse dans la région.

Photo Francis Halin
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Photo portrait de Francis Halin

Francis Halin

2025-05-03T04:00:00Z
2025-05-03T13:18:27Z
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Une petite communauté de 3500 âmes de l’Estrie ne dort plus depuis qu’Hydro-Québec veut venir planter ses pylônes dans leur coin de pays.

«Quand j’ouvre les rideaux le matin, je pleure. Tout d’un coup, tout s’effondre», confie, les yeux mouillés, la retraitée Francine Laliberté, qui habite Dunham.

À deux pas d’elle, son mari, Jean-Luc Paré, a aussi les yeux humides.

Francine Laliberté et Jean-Luc Paré vivent un cauchemar. Leur situation financière à la retraite risque d'être fragilisée.
Francine Laliberté et Jean-Luc Paré vivent un cauchemar. Leur situation financière à la retraite risque d'être fragilisée. Photo Francis Halin

«Hydro-Québec se fiche de ce que les gens ressentent. Le pylône sera à maximum 75 ou 100 mètres. C’est très près», soutient-il.

À la mi-avril, Le Journal racontait l’histoire d’un producteur de sirop d’érable de Saint-Alban irrité de voir de nouveaux pylônes qui risquent de lui enlever des entailles.

À 235 kilomètres de là, des résidents de Dunham digèrent mal, eux aussi, la nouvelle ligne à haute tension que veut venir planter la société d’État.

Dans le coin, l’ambition du PDG d’Hydro, Michael Sabia, d’injecter 110 milliards $ ces dix prochaines années pour bâtir 5000 kilomètres de transport se fait sentir.

C’est que le réseau électrique qui alimente l’Estrie a 150 ans. Il est vieillissant.

La construction du poste de Brome et d’une nouvelle ligne ira de l’avant dans trois ans.

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Fourni par Hydro-Québec
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Tracés
Tracés Fourni par Hydro-Québec
Près des maisons

Le maire de l’endroit, Pierre Janecek, ne veut cependant rien savoir de ces monstres de métal, qui viendraient sur 80% de son territoire.

«Va falloir qu’Hydro change son fusil d’épaule. Va falloir qu’ils écoutent un peu les citoyens et les maires dans Brome-Missisquoi», laisse tomber le premier magistrat.

Parlez-en à Éric Jacques, le professeur qui craint que l’un des tracés proposés passe à une cinquantaine de pieds de chez lui. «C’est une invasion», lâche-t-il.

«Est-ce que la nappe phréatique sera touchée?» se demande-t-il.

Plus haut, George Lalonde nous montre la vue plongeante depuis sa véranda. «Les seuls gagnants sont Hydro-Québec», peste-t-il.

Éric Jacques saisit mal pourquoi des pylônes risquent de passer si près de sa maison, alors qu’il y a quantité d’espaces autour.
Éric Jacques saisit mal pourquoi des pylônes risquent de passer si près de sa maison, alors qu’il y a quantité d’espaces autour. Photo Francis Halin

Des pancartes longent plusieurs routes du coin.
Des pancartes longent plusieurs routes du coin. Photo Francis Halin

George Lalonde a quitté Montréal il y a une quarantaine d’années pour plus de quiétude.
George Lalonde a quitté Montréal il y a une quarantaine d’années pour plus de quiétude. Photo Francis Halin

À quelques rues de là, Nathalie Brault est également dévastée de voir ces armatures apparaître un jour dans sa cour, non loin de sa piscine.

«On se bat contre Goliath. Je me réveille la nuit, et j’y pense», dit-elle.

«En voudriez-vous, M. Sabia (PDG d’Hydro-Québec), d’un pylône collé sur votre maison?» se demande Nathalie Brault.
«En voudriez-vous, M. Sabia (PDG d’Hydro-Québec), d’un pylône collé sur votre maison?» se demande Nathalie Brault. Photo Francis Halin

C’est le rêve de trois générations qui se perd pour Sarah Persons-Hodge.
C’est le rêve de trois générations qui se perd pour Sarah Persons-Hodge. Photo Francis Halin

Plus loin, Sarah Persons-Hodge et son conjoint, William Robinson, se demandent s’ils vont rénover comme prévu la maison dans le giron familial depuis 1880.

«On a peur de la dépréciation de notre propriété», résume-t-elle.

«En fin de vie utile»

Chez Hydro-Québec, on précise que la construction du poste de Brome et des lignes est nécessaire parce que le réseau de l’Estrie «est au maximum de sa capacité».

Pannes majeures, délestage de charge, bris d’équipement... d’importantes pannes ont déjà eu lieu en décembre 2022 et 2023.

«Les deux tracés à l’étude qui traversent la municipalité de Dunham contournent les quartiers résidentiels», assure le porte-parole d’Hydro, Pascal Poinlane.

La société d’État prévoit optimiser les tracés au besoin pour minimiser l’impact et offrir des compensations aux propriétaires qui hébergeront les futures lignes.

Projet du poste de Brome et de sa ligne

  • La construction à 120 kV d’un nouveau poste:
  • La construction d’une ligne de transport à 120 kV, entre le nouveau poste et les lignes à 120 kV existantes;
  • Le démantèlement des postes de Sutton, Knowlton, Eastman et de certaines lignes à 49 kV.

(Source: Hydro-Québec)

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