QS est déjà «pragmatique», dit Amir Khadir
Il prévient les élus solidaires des dangers de la recherche du pouvoir


Nicolas Lachance
L’ex-porte-parole Amir Khadir affirme que Québec solidaire est déjà une formation politique pragmatique et prévient les élus des dangers qui les guettent à l’Assemblée nationale: l’électoralisme, les jeux de pouvoir et le carriérisme.
Réunis en conseil national à Jonquière, les solidaires sont au cœur d’une crise en raison de la démission de la co-porte-parole féminine, Émilise Lessard-Terrien, et le virage pragmatique que souhaite entreprendre Gabriel Nadeau-Dubois (GND).
Le chef parlementaire souhaite que Québec solidaire devienne un parti de gouvernement, alors que plusieurs membres tentent de lui rappeler que QS est un parti de la rue.
Ainsi, Québec solidaire semble faire face à son destin ce week-end.
L’ex-co-porte-parole, Amir Khadir, était attendu vendredi soir au Saguenay.
Depuis quelques jours, il alimente le débat en signant des lettres ouvertes qui semblent en porte-à-faux avec les idées lancées par son successeur.
«C’est sûr qu’il y a des tensions», a indiqué M. Khadir, ajoutant «qu’il y a des débats» et que QS y est habitué.
«Nous, on est des pragmatiques. Si on n’était pas des pragmatiques, on ne serait pas en train d’organiser tout ça depuis 20 ans», a-t-il convenu. «On a mis beaucoup de temps, de manière pragmatique, à rentrer notre coin dans le système. On est là pour rester.»
Le danger du ronronnement
Cependant, M. Khadir estime que la politique est dangereuse. Sans jamais nommer Gabriel Nadeau-Dubois et des élus du caucus, il a mis en garde les élus des risques du parlementarisme et des désirs de vouloir absolument accéder au pouvoir.
«Il faut qu’on trouve les moyens de contourner ce piège du parlementarisme», a lancé l’ex-député de Mercier lors d’une mêlée de presse.
Il affirme que QS n’est pas à l’Assemblée nationale pour «participer au ronronnement de ce système-là».
«Lorsque tu vas au parlement comme député, tout est programmé. Il y a un calendrier, il y a des projets de loi qui viennent, il y a des ressources, il y a des bureaux et c’est facile de se laisser happer là-dedans. C’est long et c’est laborieux», a-t-il dit, assurant que «le danger ne vient pas» de GND. «Le danger vient... que c’est difficile la politique [...] Surtout pour un parti d’idéaux qui se confronte à un électoralisme et à un carriérisme et aux jeux de pouvoir habituels.»
Il dit toutefois faire «confiance en la sagesse» de Québec solidaire.
«Gabriel dit qu’il y a tellement d’urgences dans la société sur le plan social, sur le plan climatique, sur le plan environnemental. Tous ces écarts de richesses qui sont en train de se creuser et les défis qui sont devant nous qu’il y a une urgence d’y accéder [au pouvoir]. Et, il pense, et je suis d’accord avec ça, que notre programme qu’on a bâti de chaudes luttes depuis 10 ans, qu’il a besoin d’une mise à jour. Et tout le monde est d’accord.»