Psycho: pourquoi il est important de rire


Dr François Richer
Rire est une thérapie naturelle et un liant social sous-utilisé. On peut le rendre plus fréquent en changeant nos habitudes et nos perceptions.
Rire est une réaction instinctive déclenchée dans les états de joie, d’euphorie ou de soulagement. Il apparaît plus fréquemment dans les situations incongrues, les situations sociales anxiogènes (rencontres, embarras, jugements, moquerie) ou les jeux. Les déclencheurs changent selon la culture, l’âge et la personnalité.
Les rires sont modulables volontairement. Ils peuvent être amplifiés pour favoriser la complicité, mais ils sont souvent inhibés par nos apprentissages sociaux (normes, coutumes) qui favorisent le décorum sérieux, la rigueur, l’attention focalisée et la productivité.
Un analgésique et un antidépresseur naturel
Que ce soit ricaner devant une vidéo ou s’esclaffer sans pouvoir s’arrêter, rire soulage notre stress. Il calme notre système nerveux autonome qui nous crispe à chaque préoccupation. Il augmente l’activité des endorphines dans notre cerveau, ces opioïdes naturels qui nous apportent du réconfort. En plus, il détend notre système respiratoire et améliore notre système immunitaire.
L’alcool et le cannabis favorisent le rire par une combinaison d’effets relaxants et euphorisants. Le gaz hilarant (protoxyde d’azote ou N2O) produit aussi une relaxation et une euphorie en amplifiant les effets de nos molécules de plaisir, la dopamine, les endorphines et le cannabis naturel de notre cerveau.
En amplifiant brièvement nos émotions positives, le rire peut même changer nos évaluations des situations, nous faire voir nos irritants et nos déceptions de manière moins dramatique. C’est un antidépresseur naturel.
Un liant social
Rire est aussi un signal social important. Il rassure les autres sur notre état émotionnel.
Rire apaise les tensions sociales. Il peut désamorcer les conflits en nous distrayant de nos boucles de rumination et de nos perceptions d’affront. Il rapproche les gens en augmentant la confiance, ce qui permet de se laisser aller sans trop se surveiller. Il nous rend moins compétitifs et plus coopératifs.
Rire détend aussi notre entourage et est souvent contagieux. Rire et faire rire sont de bons moyens d’avoir du succès social ou de séduire. Par exemple, on utilise spontanément le rire pour entrer en contact avec les enfants, pour réduire leur méfiance et leurs inquiétudes.
Rire à l’excès
Certaines personnes rient à des moments plus ou moins appropriés. Souvent, ces rires soulagent leur stress social dans différentes situations (ex : nouveau groupe, examen médical, funérailles).
Les troubles neurologiques peuvent aussi provoquer des rires incontrôlables déclenchés par la moindre stimulation surprenante (phrases, bruits) sans qu’ils soient accompagnés d’une émotion positive. Ces rires pathologiques (syndrome pseudo--bulbaire) peuvent survenir après une commotion cérébrale ou d’autres troubles (sclérose en plaques, épilepsie) qui perturbent le contrôle des centres cérébraux du rire.
Rire trop peu
Certaines personnes rient peu parce qu’elles se laissent aller difficilement. Elles sont trop absorbées, trop analytiques ou elles ont un niveau élevé d’inhibition sociale.
Un développement cérébral atypique peut aussi affecter la sensibilité à l’humour ou aux autres déclencheurs du rire.
Les circonstances difficiles, la détresse et l’anxiété peuvent aussi réduire les occasions de rire chez un grand nombre de personnes.
Développer notre envie de rire
Même dans les pires conditions, il est possible de favoriser le rire et ses bienfaits. On peut s’exposer à différents types d’humour (physique, social, verbal) pour explorer nos sensibilités. On peut aussi s’entraîner à remarquer les aspects cocasses ou absurdes de notre quotidien et partager ces observations avec nos proches.
Se faire rire entre nous peut devenir un cadeau ou un jeu ponctuant nos conversations. Comme le sport, rire est un loisir qui améliore l’humeur et la santé de tous ceux qui participent.