Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Santé

L’heure (parfois difficile) des choix

Illustration Adobe Stock
Partager
Photo portrait de Dre Christine Grou

Dre Christine Grou

2024-06-20T01:17:29Z
Partager

Plusieurs personnes viennent me consulter pour toutes sortes de raisons, souvent liées à des souffrances, des blessures ou des deuils. Mais d’autres se retrouvent face à plusieurs choix, incapables de trancher, croyant que parmi eux se cache la solution parfaite... Et il s’agit là d’un véritable problème.

Pourtant, des choix, nous en faisons tous, tous les jours, et par dizaines parfois ! L’organisation de son travail, de ses études, de sa vie de couple ou de famille, tout devient une question de choix. Or, il y a un réel écart entre les vêtements que l’on va porter au bureau, la série que l’on s’apprête à regarder... et la décision de quitter son conjoint. Si certaines n’ont aucune répercussion ou presque, d’autres peuvent au contraire bousculer notre quotidien, ou alors avoir d’importantes retombées sur notre futur.

Faire des choix n’est pas toujours une posture confortable, et ressemble parfois à un acte de courage lorsque ces choix sont particulièrement importants. Cela peut provoquer de l’anxiété, de la crainte.

Dans la vie, l’imprévu et le manque de contrôle impliquent aussi de renoncer à une rassurante stabilité. Or, il ne faut pas perdre de vue que nos choix peuvent également nous mener vers une existence plus en harmonie avec nos valeurs, et nos besoins.

Publicité

un sentiment de contrôle

À une époque pas si lointaine, la société québécoise offrait beaucoup de stabilité, des choix prédéterminés... et souvent très peu nombreux. Travailler dans la même usine que son père, reprendre la ferme familiale ou entrer dans une congrégation religieuse étaient souvent les seules perspectives dans certains milieux. L’Église catholique, de pair avec l’État, proposait un modèle où tout était réglé au quart de tour, de la naissance à la mort en passant par le mariage.

Depuis les années 1960, les choses ont changé, bien souvent pour le mieux, laissant place au libre arbitre.

Disparu également cet échange de bons procédés, où une vie en accord avec les valeurs dominantes signifiait l’approbation sociale... voire une place au paradis ! Cela dit, pour certaines personnes encore aujourd’hui, le regard des autres apparaît plus important que notre propre vision face aux choix à faire, comme je l’expliquais dans une récente chronique sur la dépendance affective.

Règle générale, nos choix nous appartiennent, mais ils viennent avec une part d’insécurité, sans mode d’emploi ou impératifs externes (de la manière de s’habiller à celle de se comporter dans différentes circonstances). C’est à nous que revient la responsabilité de les décider, de les assumer, pour ainsi avoir un sentiment véritable de contrôle sur sa vie.

Lorsque vient l’heure de vendre sa maison, prendre sa retraite, ou modifier sa trajectoire professionnelle, une période de réflexion s’avère nécessaire, question d’analyser tous les scénarios possibles. La meilleure décision sera souvent celle pleinement mûrie, même s’il y aura toujours une part d’instinct, et de surprises, dans nos choix.

Publicité

Rarement en vase clos

À moins d’être un ermite, rares sont les décisions qui n’influencent ou ne bousculent pas notre entourage. Notre conjoint, nos enfants, nos collègues, ou nos voisins, tous peuvent ressentir l’effet du changement découlant des choix que vous faites. On vous offre un nouveau poste ? Si vous acceptez, vous devrez déménager, ainsi que votre famille, à l’étranger. Une école répond mieux aux attentes et aux besoins de votre enfant ? Or, cette nouvelle école implique de plus longs déplacements, et une rupture avec son groupe d’amis tissé serré.

Tous ces choix engendrent des bouleversements, même si plusieurs d’entre eux ne sont pas définitifs : on peut toujours revenir au pays ou changer d’école si celle-ci ne convient pas. Dans le processus décisionnel, laissons de l’espace à la possibilité... de se tromper. Qui peut prétendre connaître l’avenir quand tant de choses peuvent changer rapidement ? Et connaissez--vous quelqu’un qui n’a pris aucune mauvaise décision pendant sa vie ?

Gageons qu’il devient plus facile de trancher lorsqu’un choix n’engendrant pas le résultat souhaité est considéré comme une opportunité d’apprentissage, et non comme un échec irréversible et définitif.

Il importe donc de se laisser du temps et de réfléchir à nos besoins, à nos valeurs, à nos priorités, surtout à l’heure de prendre de grands choix.

Mais ce n’est pas en ayant une posture obsessionnelle que surgiront les meilleures idées : ruminer notre désir de quitter un emploi ou de mettre un terme à une relation ne nous aidera pas à prendre les bonnes décisions.

Mieux vaut alors demander de l’aide, un avis éclairé, par quelqu’un qui est à la fois bienveillant et qui dispose d’une plus grande distance face à la situation.

Ce qui ne vous empêche pas de solliciter des conseils auprès d’une variété de personnes, tout en étant bien conscient qu’au final, c’est à vous que revient le dernier mot.

En somme, faire des choix en s’écoutant, et surtout les assumer, c’est aller vers une formidable direction : celle de la confiance en soi.

Publicité
Publicité