PSPP défend sa taxe aux pétrolières... et son court passage à Sept-Îles
Il compte récupérer un milliard $ par année

Nicolas Lachance
Lors d’un très bref passage à Sept-Îles, sans y croiser un seul militant, le chef du Parti Québécois a détaillé sa taxe sur les «surprofits» des pétrolières. Il compte ainsi récupérer un milliard $ par année afin de boucler son cadre financier.
• À lire aussi: Le PQ menace la CAQ, croit le chef du Bloc
• À lire aussi: «Insensible», Legault «manque de compassion», dit Nadeau-Dubois
Le chef du Parti Québécois multiplie les kilomètres de route avec sa caravane sur la Côte-Nord.

Arrivé très tard à Sept-Îles dimanche soir, Paul St-Pierre Plamondon a réitéré très tôt lundi matin son engagement de taxer les surprofits des pétrolières.
Sur les lieux, il n’y avait aucun militant. Seule la candidate dans Duplessis Marie-Lou Vanier y était pour ce court «pit stop», comme elle l’a défini en marge de l’annonce.

Il a réitéré que sa formation est en «croissance» et que tous les indicateurs sont en hausse. Appelé à révéler quels étaient ces indicateurs, PSPP a affirmé que ça se sentait sur le terrain.
«On ne peut pas avoir autant de rétroaction, de “lâchez pas”, de “j’aime ce que vous faites”, de “c’est important ce que vous faites, on est avec vous”, de “j’ai voté CAQ en 2018, mais je reviens au Parti Québécois”. On ne peut pas avoir autant de commentaires comme ceux-là... et que ça veuille absolument rien dire», a-t-il déclaré, signalant qu’il reviendra dans la région avant le scrutin.

Le pouls sur le terrain semble toutefois différent. Vendredi soir, le chef s’est retrouvé dans une station de métro dans la circonscription de Camille-Laurin afin de distribuer symboliquement la PasseClimat du parti. Camille-Laurin est la circonscription où il se porte candidat, mais très peu de passants semblaient le reconnaître. On le sentait bien seul.
Outre deux courts et petits rassemblements réunissant une cinquantaine de militants à Jonquière et à Baie-Comeau, où s’y retrouvaient aussi peu de jeunes, il ne fait pas courir les foules.
Dans les restaurants et les hôtels, les photos et les poignées de main se font rares.
- Ne ratez pas La rencontre de l'heure Abdelfadel-Leclerc durant l'émission de Philippe-Vincent Foisy, tous les jours à 6 h, en direct ou en balado, sur les ondes de QUB radio:
Les pétrolières «volent»
St-Pierre Plamondon a expliqué qu’il a choisi Sept-Îles et le décor de l’Imperial Oil pour faire cette annonce, parce que les pétrolières sont «particulièrement gourmandes en région». Il affirme que les pétrolières sont «des multinationales» qui «volent les Québécois», qui les tiennent «en otage» et qui engrangent des profits «dans des paradis fiscaux».
Le PQ se base sur les statistiques du CAA afin de définir cette marge de profit des pétrolières. Selon l’organisme, elle devrait être de neuf cennes le litre.
«Or, en moyenne depuis un an, c’est 15,8 cennes le litre en Gaspésie et 14,1 cennes sur la Côte-Nord», plaide le chef du PQ. «C’est particulièrement dans les régions qu’on a vu les pétrolières voler les gens à la pompe», a-t-il dit.
Ainsi, il veut taxer 25% des surprofits des pétrolières, ce qui donnerait environ 1G$ en revenus supplémentaires à l’État québécois, selon PSPP.
Cette somme permettra au PQ de boucler son budget et de bonifier le crédit de solidarité.
Des fiscalistes seront mis à profit afin de travailler sur ce projet de loi, afin d’expliquer son calcul de surprofits.
«Il s’agit du meilleur six mois sur 10 ans et on va le comparer au deuxième meilleur six mois sur 10 ans. Et c’est cette marge-là qui dégage le 22G$», a tenté d’expliquer PSPP.
Il assure qu’il s’agit d’un «calcul prudent et conservateur».
Défendre sa taxe
Lors du Face-à-Face à TVA, le chef du Parti Québécois a d’ailleurs été attaqué par François Legault sur cette question: ce dernier l’a accusé de vouloir ainsi taxer les consommateurs, et en définitive de leur refiler la facture.
PSPP s’est défendu de vouloir préciser son engagement avant de croiser le fer à nouveau jeudi avec le premier ministre sortant. Un moment «très étrange», a pesté PSPP.
«Je ne sais pas pourquoi il a dit ça. Il parlait d’une taxe sur l’essence. On n’ajoute pas de taxe sur l’essence, il n’en a jamais été question», a-t-il soutenu.
Paul St-Pierre Plamondon s’engage aussi à créer un Bureau national de la concurrence pour «briser les cartels» de l’essence.
Le porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, juge qu’il vaudrait mieux «serrer la vis» à l’ensemble des grands pollueurs, plutôt que de cibler spécifiquement les pétrolières.
«En ce moment, il faut s'assurer que les gens embarquent dans la transition écologique, puis faire augmenter rapidement le prix à la pompe; je pense que ce serait pas une bonne manière d'y arriver», a indiqué M. Nadeau-Dubois, lorsque questionné sur la proposition du Parti Québécois.
Interrogé sur le même sujet, le chef conservateur a écarté cette possibilité.
«On ne pense pas que la solution pour soulager les automobilistes québécois, c’est de mettre des surtaxes aux pétrolières. On pense que c’est d’enlever les taxes du gouvernement du Québec», a-t-il répondu, lundi matin, en point de presse.
Selon Éric Duhaime, «les Québécois paient beaucoup trop cher à la pompe présentement. Ça a un effet domino sur l’ensemble des produits qu’on consomme. Le Parti conservateur du Québec n’est pas là pour ajouter des taxes. Il est là pour enlever des taxes».
– Avec la collaboration de Marc-André Gagnon, Bureau parlementaire et de Taïeb Moalla