Un présumé proxénète dit que c’est lui la «victime»

Kathleen Frenette
L’homme soupçonné d’avoir agi à titre de proxénète à l’égard d’une jeune femme sur une période de quatre ans estime que c’est plutôt lui qui a été floué dans la relation. Il s’est positionné en victime, hier, lors de son témoignage.
• À lire aussi: Proxénétisme: l'accusé aurait installé un tracker sur le cellulaire de la présumée victime
• À lire aussi: Proxénétisme: la présumée victime longuement contre-interrogée
Selon ce qu’Erickson Angibeau a raconté à la Cour, Chantale (prénom fictif) était pour lui « comme un guide » et il la respectait beaucoup. Il est pourtant accusé de traite de personne, de proxénétisme, de voies de fait et de menace à son endroit pour des gestes qui se seraient produits entre 2012 et 2016.
De façon souvent décousue, le Montréalais a tenté d’expliquer comment il avait réussi à amasser plusieurs milliers de dollars à la suite d’un héritage alors que, selon le témoignage de la plaignante, il était sans travail.
« J’avais reçu un héritage et vendu un bloc. En plus, je possédais un camion pour faire des déménagements et madame opérait vraiment bien la compagnie, et elle avait une bonne approche avec la clientèle », a-t-il témoigné.
Du bon pot
Selon ce qu’il a raconté, il fournissait également « à moindre prix » de la marijuana « de bonne qualité » à Chantale, qui venait la chercher à Montréal, et qu’elle revendait, par la suite, dans la région de Québec.
« Cet argent faisait aussi partie de mon roulement... mais je travaillais fort », a-t-il dit, ajoutant qu’il lui était arrivé à plusieurs reprises de « transférer » de l’argent à la plaignante, parce qu’elle l’aidait beaucoup. « Mais c’était OK pour moi », a-t-il dit.
La relation s’est finalement terminée en 2016 lorsqu’Angibeau a compris que la présumée victime le trompait avec un homme de son entourage et qu’elle a « attrapé l’herpès ».
« Ça m’a tellement dégoûté que je lui ai dit : "Là, moi pis toi, on n'est plus un couple." Elle avait mis ma santé en jeu », a-t-il ajouté.
Prostitution
La poursuivante, Me Valérie Lahaie, a cherché à savoir quand il a « appris » que Chantale se prostituait. Il dit l’avoir su le jour où il l’avait « accompagnée » dans un hôtel où elle devait négocier des stupéfiants.
« Elle avait peur, donc, je suis monté avec elle... Pis là, y’avait la police, pis je me suis fait coucher par terre... On me fouille et on me dit que je suis proxénète... Je ne comprends rien, et c’est là que j’ai pris conscience de ce qu’elle faisait », a-t-il dit sous serment.
Bien qu’il dise l’avoir souvent questionnée, il serait resté « un peu » sans réponse. « C’était une relation à distance... alors elle me disait bien ce qu’elle voulait me dire », a-t-il ajouté.
« Je ne connais rien au monde de l’escorte et je suis dédaigneux, alors si j’avais su qu’elle faisait ça, c’est certain que je ne serais pas resté avec elle, et elle le savait », a-t-il dit en terminant.