Prouver sa «bonne moralité», nouvelle condition pour devenir citoyen américain
Agence QMI
Les candidats à la citoyenneté aux États-Unis devront désormais prouver qu’ils possèdent une «bonne moralité». L’administration Trump a introduit ce nouveau critère, qui suscite de vives inquiétudes parmi les avocats spécialisés en immigration.
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Les Services de citoyenneté et d’immigration des États-Unis (USCIS), une agence du Département de la Sécurité intérieure, ont demandé à leurs agents de prendre en compte «les attributs ou contributions positifs et négatifs» des personnes qui sollicitent la naturalisation, rapporte CNN.
«L’adoption d’une approche plus globale pour évaluer un étranger demandant la naturalisation a démontré de manière affirmative que ce changement renforce les critères et responsabilités liés à la citoyenneté américaine», a expliqué Matthew J. Trageser, porte-parole de l’USCIS.

Plusieurs avocats estiment toutefois que cette nouvelle exigence introduit une incertitude dangereuse.
«Cela crée une nouvelle norme subjective sans savoir sur quelle base l’USCIS jugera», critique Susan Ramos, avocate en immigration en Arizona.
«Qui décide de cette formule et sur la base de quelle analyse? Que considérera l’USCIS comme une preuve suffisante pour une personne qui ne travaille pas?» questionne-t-elle.
Selon Kathryn Mautino, avocate spécialisée en immigration en Californie, cette nouvelle mesure «donnera aux agents davantage de pouvoir pour poser des questions sur la vie privée».
Le texte adopté impose également des contraintes supplémentaires: désormais, les immigrants devront prouver le paiement intégral de leurs arriérés d'impôts ou de toute pension alimentaire due.
Jusqu'à présent, la simple participation à un plan de paiement était considérée comme suffisante.
Politique de contrôle renforcée et critiques persistantes
Cette mesure fait partie d'une série d'actions visant à intensifier le contrôle des immigrants et des candidats à la citoyenneté.

Fin mai, le Département d'État avait demandé aux ambassades américaines d'interrompre les entretiens de visa pour les étudiants étrangers afin d'analyser plus minutieusement leurs activités sur les réseaux sociaux.
Mardi, l'USCIS a fait savoir que ces vérifications seraient étendues pour identifier les attitudes «anti-américaines» chez les personnes souhaitant résider, travailler ou obtenir la citoyenneté aux États-Unis.
Selon les détracteurs, ce renforcement ne vise pas à préserver l'intégrité du processus mais plutôt à créer des barrières additionnelles.
«L’USCIS impose de manière déguisée des contraintes supplémentaires aux personnes engagées dans cette procédure», estime Susan Ramos. Elle y voit «un changement de politique qui se traduit par des obstacles supplémentaires et qui semble motiver efficacement les personnes par la peur plutôt que par le respect des procédures».
Alors que le gouvernement justifie cette mesure par la nécessité de garantir que «les immigrants ayant commis des actes répréhensibles soient correctement réhabilités et réformés», les avocats dénoncent un critère flou qui laisse une trop grande marge de manœuvre aux agents.
Selon plusieurs experts, cette réforme pourrait renforcer l'arbitraire dans un système déjà jugé complexe et lent. Ce qui est certain, c'est que l'obtention de la citoyenneté américaine devient désormais plus imprévisible que jamais.