Propositions du comité de relance: le nationalisme fait débat au PLQ

Patrick Bellerose
Le virage nationaliste proposé par le comité de relance a rencontré de la résistance au conseil général du Parti libéral du Québec, samedi. Si certains y sont ouverts, d’autres ont voulu en minimiser la portée.
Cette volonté de se réapproprier l’étiquette nationaliste, associée à la CAQ depuis plusieurs années, a fait l’objet de plusieurs interventions sur le plancher de l’événement, qui réunit quelque 400 militants à Drummondville.
Certains, comme l’ex-ministre libéral Luc Fortin, y voient simplement un «retour aux sources», comme l’incarnait le «Maîtres chez nous» de Jean Lesage.
Son ex-collègue David Birnbaum a même été jusqu’à confier aux journalistes que les anglophones pourraient «avoir à faire des ajustements» afin de promouvoir le français au Québec. Une constitution québécoise, telle que proposée par le comité de relance, par exemple, pourrait être une avenue intéressante, dit l’ex-député.
Mais d’autres militants ont semblé outrés qu’un tel virage soit même envisagé. «Est-ce que c'est nécessaire d'aller jusqu'au point de se dire nationaliste? On est surtout fier d'être ‘‘non-nationaliste’’», a déclaré François Villeneuve au micro lors d’une plénière pour commenter le rapport dirigé par André Pratte et la députée Madwa-Nika Cadet.
Fédéraliste «here to stay»
Une militante de la circonscription de Jacques-Cartier, dans l’ouest de Montréal, a été encore plus intransigeante. «Le Québec est une nation, mais si le Québec a l'intention qu'on exige de moi que je sois nationaliste pour être libérale, c'est NON. [...] Je demeure fédéraliste and I'm here to stay», a-t-elle lancé au micro.
De son côté, une militante de Lévis a souligné que le parti devrait surtout se présenter comme «nationaliste fédéraliste» afin d’éviter de confondre les nouveaux arrivants.
- Écoutez l'entrevue avec le président du PLQ, Rafael Ferraro, à l’émission de Yasmine Abdelfadel via QUB radio :
Le président de la commission politique des Laurentides, André Leclerc, a également fait part de sa surprise initiale devant la proposition, même s'il s'y rallie maintenant. La CAQ, a-t-il expliqué, a défini le nationalisme comme une approche «qui divise, qui sépare».
Le PLQ doit donc proposer un «nationalisme libéral», plus rassembleur, affirme-t-il. «Aujourd’hui, vous avez ressuscité mon sentiment de fierté d’être libéral. Dans les deux dernières années, j’étais, comme plusieurs d’entre vous, un peu mêlé», souligne André Leclerc.
Croisé dans les couloirs de l’événement, un ex-conseiller de Robert Bourassa et de Jean Charest a reconnu que le nationalisme rencontrait une certaine opposition. «Peut-être pas une résistance de telle sorte que ça va faire une brisure, mais il va y avoir des gens qui ne seront pas d'accord, mais qui vont se rallier. Sinon, ils ne seront pas libéral...», souligne Ronald Poupart.
Attaque envers les universités anglos
La différence entre les approches libérale et caquiste a été mise en évidence par les critiques véhémentes à l'endroit du gouvernement Legault pour sa décision de doubler les frais de scolarité des étudiants canadiens venant de l’extérieur du Québec.
Le chef intérimaire du PLQ estime qu’il s’agit d’une décision «clairement inacceptable» qui risque de nuire à l’économie québécoise en décourageant des étudiants canadiens de fréquenter les universités québécoises. «François Legault, c'est un péquiste dans le placard, puis là, des fois, de temps en temps, on le voit sortir. C'est un péquiste qui aime ça diviser, qui a basé sa carrière politique, son élection en divisant les Québécois», a déclaré M. Tanguay.
- Dans les trolleries, Jean-Denis Scott revient avec humour sur l'actualité via QUB radio :
Également présent au conseil général, Antoine Dionne Charest a lui aussi vivement dénoncé la décision du gouvernement Legault. «C'est une attaque frontale, pas juste contre les institutions anglophones au Québec, mais contre la communauté anglophone», a lancé le fils de l’ex-premier ministre Jean Charest.
«On est en train de faire un dommage irréparable aux institutions québécoises», estime celui qui a participé au comité de relance du PLQ.