Projet d’hôtel de ville à Richelieu: un dossier qui divise à l’approche des élections
Kevin Crane-Desmarais
Alors que les élections municipales approchent, le maire de Richelieu, Claude Gauthier, relance un projet ambitieux visant à doter la Ville d’un nouvel hôtel de ville et d’une bibliothèque. Mais l’initiative ne fait pas l’unanimité, notamment auprès de son prédécesseur, Jacques Ladouceur, qui annonce son retour en politique.
À Richelieu, municipalité de près de 6000 habitants, un débat s’intensifie autour de l’avenir de l’hôtel de ville. Le maire actuel, Claude Gauthier, souhaite déménager l’hôtel de ville et la bibliothèque dans un immeuble de 5000 pieds carrés, situé de l’autre côté de la rue, actuellement occupé par la Caisse Desjardins.
«L’accès pour les gens en mobilité réduite n’est pas là. C’est inacceptable et il faut trouver des solutions. [...] Les gens qui veulent aller à la toilette doivent passer par en arrière», déplore Claude Gauthier en défendant la nécessité d’un changement.

Un projet controversé
L’acquisition du bâtiment est évaluée à 3,3 millions $. Toutefois, les coûts totaux du projet demeurent flous. «Les rénovations [...], c’est difficile à dire. Je n’ai aucune idée», admet le maire.
En juillet dernier, l’annonce d’un règlement d’emprunt de 7,5 millions $ pour financer l’ensemble du projet a provoqué une vive réaction. Plus de 600 citoyens ont signé un registre pour bloquer le processus, forçant la Ville à reculer.

Malgré ce revers, l’administration municipale va de l’avant avec l’achat de l’immeuble, cette fois en puisant dans son surplus budgétaire. «Faut pas oublier qu’une partie est subventionnée à 60 %», explique le maire.
TVA Nouvelles lui a demandé s’il a obtenu une confirmation du ministère des Affaires municipales. Sa réponse: «Bien, on travaille fort». Il reconnaît que l’aide financière provinciale n’est pas encore garantie. Il n’est pas en mesure de chiffrer cette aide.

Le maire refuse pour l’instant de rendre public le cadre financier du projet, invoquant une entente de confidentialité avec Desjardins.
Or, la Caisse Desjardins de Rouville a précisé vendredi qu’«il n’y a pas d’entente finale entre la Caisse Desjardins de Rouville et la Ville de Richelieu pour la vente du bâtiment. Les discussions et les analyses se poursuivent. Afin de ne pas nuire aux discussions, nous laissons le soin à la Ville d’expliquer et présenter son projet aux citoyens, incluant le cadre financier, qui n’appartient pas à la Caisse.»
Le ministère des Affaires municipales, pour sa part, n’a pas encore réagi.
Un retour en politique pour Jacques Ladouceur
Ce manque de transparence et l’incertitude entourant les coûts du projet incitent Jacques Ladouceur, ancien maire de Richelieu, à sortir de sa retraite politique. Il briguera à nouveau la mairie, préoccupé par ce qu’il qualifie de gestion imprudente.
«On pense avoir une subvention, mais il n’y a aucune garantie. Il y a des aménagements à faire, des travaux. Combien ça va coûter? Comment ça va être payé? On ne le dit pas», critique-t-il. «Après ça, on nous dit qu’il n’y aura pas de hausse majeure sur notre compte de taxes. Avec mes 16 ans d’expérience, je peux vous dire que j’en doute fortement.»
M. Ladouceur plaide pour une approche plus ouverte et inclusive. «La meilleure chose, c’est d’avoir une consultation publique avec toute la population de Richelieu pour poser des questions et donner les vraies réponses.»
Une question au cœur de la campagne
À quelques semaines du scrutin municipal, le dossier de l’hôtel de ville devient un enjeu électoral central. D’un côté, le maire sortant défend un projet de modernisation qu’il estime nécessaire. De l’autre, son prédécesseur appelle à la prudence et au dialogue citoyen.
Au moment d’écrire ces lignes, le ministère des Affaires municipales et Desjardins n’ont toujours pas réagi.
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