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L'article provient de TVA Nouvelles

Projet de loi sur la rémunération des médecins: une manœuvre de diversion de la part d’un gouvernement usé

Photo FOTOLIA
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Julien Rhéaume-Lanoie

2025-05-14T04:00:00Z
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L’encre du PL 106 sur les médecins, déposé cette semaine, n’a pas encore séché qu’il fait déjà beaucoup jaser. Commentateurs politiques, fédérations médicales, CMQ, il n’y a que le nouveau pape qui ne se soit pas encore prononcé.

Ce projet de loi, sorti de nulle part, ressemble davantage à une grande manœuvre de diversion de la part d’un gouvernement mal-aimé en fin de régime qu’à un remède miracle pour notre système de santé.

Décote du Québec, scandale SAAQclic, Northvolt, HMR en ruine, etc. Si ce gouvernement était rémunéré à la «performance», il aurait à lui seul comblé le déficit, tellement ses erreurs grossières s’accumulent.

Pour faire oublier tout cela à la veille des vacances d’été, il a trouvé un bouc émissaire bien commode: les docteurs... ou plus précisément les docteures.

Temps partiel

Quelques citations percutantes, en affirmant au passage que les médecins travaillent à temps partiel, ne veulent pas travailler après 16h le vendredi, et le tour est joué. Tant pis si on y va de quelques demi-vérités, en incluant dans ce calcul du «temps partiel» les femmes en congé de maternité, l’enseignement, la recherche, puis les tâches administratives.

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Pas grave non plus, si on fait fi des recommandations du comité d’experts chargé d’améliorer l’accès à la première ligne, mandaté par le gouvernement lui-même. Mais bon, ce gouvernement a des antécédents en la matière dans d’autres dossiers (troisième lien, ça vous dit quelque chose?).

Je ne peux m’empêcher de mentionner que le moment choisi pour déposer ce projet de loi est encore plus particulier, à la veille de la fête des Mères.

Depuis la première femme médecin au Québec, Dre Irma LeVasseur, en 1903, cela aura pris des générations pour que les femmes accèdent, enfin, en grand nombre à la profession médicale. Elles y apportent une inestimable richesse, pratiquent la médecine avec passion, compassion, empathie et dévouement, à leur manière. Ce sont des soins de qualité, dont les Québécois bénéficient.

Gouvernement d’hommes d’affaires

Mais pour ce gouvernement d’hommes d’affaires, cette qualité de la pratique médicale importe peu. On veut de la rapidité, de l’efficacité, de l’efficience. Ça fait de bien plus beaux chiffres à la veille d’élections.

Tant pis si elles sont mères et doivent trouver le moyen de concilier travail et famille. Ou si elles ont retardé leur projet de fonder une famille pendant leurs longues études, au péril de leur fertilité.

Au bout du compte, donc, cela aura pris plus de 120 ans pour que les femmes s’imposent enfin majoritairement en médecine...

Et six ans pour que MM. Dubé et Legault réussissent à calomnier leurs «performances».

Quel gâchis.

En cette semaine de la fête des Mères, je souhaite bonne fête à toutes les mères et j’ai une pensée spéciale pour les mamans médecins du Québec.

Julien Rhéaume-Lanoie

MD FRCPC

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