Projet de loi pour limiter le droit de grève: «Il faut encore sortir les gros bras», déplore la présidente de la FTQ


Marc-André Gagnon
La présidente de la FTQ, Magali Picard, prévient que François Legault et Jean Boulet trouveront les syndicats sur leur chemin si le projet de loi limitant le droit de grève est adopté. «Il faut encore sortir les gros bras», a-t-elle déploré devant les députés.
Des manifestations, «il y en a dans les prochains jours, prochaines semaines», a signalé Mme Picard en réponse aux questions des journalistes mercredi.
«On devra suivre le ministre [du Travail], le premier ministre [François Legault], a-t-elle continué. On mettra de la pression. Ils ne seront pas des victimes, on ne va pas les suivre dans leur cour et à leur épicerie du coin, a-t-elle précisé. Mais par contre, ils vont avoir à répondre à la population, aux travailleurs qui sont en colère.»
Un «affront total»
«Coup bas», «attaque épouvantable», projet de loi «complètement inutile», «affront total» et «brutal» et envers les droits des travailleurs: Mme Picard n’a pas mâché ses mots pour condamner le projet de loi 89 lors de son passage en commission parlementaire.
La présidente de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec en a profité pour vilipender le ministre du Travail, lui reprochant d’avoir déclaré la «guerre» aux syndicats avec son projet «visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock-out».
Contestation judiciaire
Pour l’essentiel, sa pièce législative propose de donner au ministre du Travail le pouvoir de limiter la durée des conflits de travail qui affectent «la sécurité sociale, économique ou environnementale de la population» à l’aide de nouveaux mécanismes.
«C’est tout simplement de la diversion pour tout le travail qui n’a pas été fait par ce gouvernement-là pour la population», considère Mme Picard qui, comme l’ensemble des syndicats, est convaincue qu’une telle loi ne passerait pas le test des tribunaux.
«Il y aura des recours juridiques: ça, ça va de soi, au jour un, a averti Mme Picard, lors d’une mêlée de presse. Mais au-delà de ça, il faut que le gouvernement change d’idée. Il faut absolument que le gouvernement mette ce projet de loi aux poubelles.»
Boulet condamne l’intimidation
De son côté, Jean Boulet reproche aux syndicats de ne rien proposer, outre le retrait pur et simple de son projet de loi.
«Quand on veut dialoguer, il faut s’exprimer. Il faut faire des recommandations», croit le ministre du Travail. Son projet de loi a notamment reçu l’appui de représentants du patronat, de gens d’affaires et de municipalités.
Devant les journalistes, M. Boulet a une fois de plus demandé aux dirigeants de se dissocier de «la violence» et «l’intimidation», dont il estime avoir été cible vendredi dernier, lors d’une manifestation de syndiqués qui l’a empêché de prononcer une allocution devant des gens d’affaires à Montréal.
«Je n’encouragerai jamais le grabuge», a indiqué Mme Picard lorsque questionnée à ce sujet par la presse.
«Manifester, il faut le faire de façon intelligente, et c’est ce que nos gens font», a-t-elle défendu.
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